#nouvelles | CMT

02 Librairie, c’est un mot du langage de ceux qui peuvent acheter. Les autres passent devant sans jeter un regard – rien à manger là-dedans, les sous qu’on compte c’est une histoire de faim – d’autres s’arrêtent et lisent les titres qu’on propose en vitrine – peut-être que ceux-là se disent Tiens, ça doit être bien !  mais ce n’est pas Continuer la lecture#nouvelles | CMT

#doublevoyage #11 | en forme de fin

           Une maison qui se vend, un déménagement, et puis l’on se dit Tiens, serai-je donc infidèle à ce que j’ai vécu, aurais-je oublié qui je fus, n’y a-t-il pas dans l’air bleu quelque chose ou quelqu’un qui appelle et qui me pousse ailleurs ? Moi qui me pensais maître de mes allées-venues, serai-je, sans le savoir, en quête ? Continuer la lecture#doublevoyage #11 | en forme de fin

#doublevoyage #10 | Cap au Sud, trois personnages en quête

Toulouse, première ville qui fut mienne. A force de se fréquenter, on s’était épousées. Seize années de belles noces. Le passé — un sournois — s’invita au mariage comme une fée carabosse. Attendit en silence. Quand il surgit, j’habitais, sans l’avoir désiré, rue Riquet – vieux quartier de la Colombette, à l’écart de mes rues préférées (la soif d’amour oblige, Continuer la lecture#doublevoyage #10 | Cap au Sud, trois personnages en quête

#doublevoyage #09 | Des récits enchâssés

récits qu’Emilie — elle se voulait une habituée de l’endroit — nous  racontait volontiers  — à notre mère, Céline et moi — lors du déjeuner quand notre père était absent. Un jour, elle attendit que le silence se fit pour prendre la parole et presque à voix basse affirmer qu’on venait de lui dire Je crois que c’est vrai car Continuer la lecture#doublevoyage #09 | Des récits enchâssés

#doublevoyage #08 | Lo sé

— Lo sé porque te has ido. Yo también me fui. — Elle a neuf ans quand ils frappent à la porte. Vienen por ti, crie sa mère. Le baluchon est prêt, elle les suit. Quitter sa mère, quand on est si petite — — Porque me fui. — J’avais neuf ans aussi sur le tarmac, expatriée comme toi et Continuer la lecture#doublevoyage #08 | Lo sé

#doublevoyage #07 | il faisait encore nuit

7h10. Il faisait encore nuit, c’était l’instant où le bus quittait le terminus — nous logions dans une de ces banlieues où les immeubles avaient grandi si vite qu’ils sentaient le neuf encore longtemps après, comme si les matériaux s’empêchaient de sécher, comme si le bâtiment lui-même nous maintenait dans une installation sans fin, en transit, tout proches de l’exil Continuer la lecture#doublevoyage #07 | il faisait encore nuit

#doublevoyage #06 | la foule…

                      La foule nous avait portées, l’enfant et moi, devant le Capitole. A peine arrivée là, mon regard chercha la rue Saint-Rome, s’agrippa, entre les têtes qui l’empêchaient, à la trouée sombre, familière autrefois, qui s’enfonçait, de l’autre côté de la place. Le silence nous avait gagné tous. Je crus tenir encore la main de la jeune espagnole — Continuer la lecture#doublevoyage #06 | la foule…

#doublevoyage #05 | la suite

II Ce qui fut nous – ce groupe qui trimbalait sa hantise d’un passé commun, et ses larmes – s’était brutalement volatilisé. Insoupçonnable découverte, l’absence et le manque portaient en eux un antidote à ma nouvelle solitude, cadeau secret et merveilleux. Et ce furent ces rues, toutes ces vieilles rues, sinistres, noires de pluie, venteuses et glacées, fauteuses de patinage Continuer la lecture#doublevoyage #05 | la suite

#doublevoyage #05 |  la suite

La rentrée scolaire s’annonçait — les jeunes filles revenaient au couvent — et il fallut une fois encore laisser la place. Ce sentiment que nous devions nous pousser de côté, que nous étions de trop, longtemps nous accompagnerait, puisque même d’un chez soi, solennellement attesté par des papiers – ah ! les papiers qui donnent aux terres une virtuelle sécurité ! – Continuer la lecture#doublevoyage #05 |  la suite

#doublevoyage #00 | en forme de prologue

  Atterri la nuit à Blagnac, c’était l’hiver et cependant l’air était doux, je l’avais amplement respiré, je ne le reconnaissais guère, de retour d’un long voyage qui emplissait encore ma mémoire, alors que cette terre — j’y revenais pour la première fois — était ô combien familière à mes pas, terre de mon ancien refuge, elle portait en elle Continuer la lecture#doublevoyage #00 | en forme de prologue