A propos de Jean Poussin

Eternel espoir, prometteur dès le collège puis le lycée, j’approche aujourd’hui la cinquantaine sans avoir fait mes preuves. Ma professeure de français, au bord de la démence sénile, ne se souvient que d’un seul nom aujourd’hui : le mien. Je m’appelle Jean Poussin, et à vingt ans ce nom était promis aux plus belles gloires. Depuis, je n’ai cessé de décevoir les attentes placées en moi, avec une certaine constance dans l’échec et le refus de me confronter véritablement à l’écriture, qui est pourtant le centre de ma vie. Je travaille dans le milieu de la culture, plus précisément dans celui de l’art contemporain, où la fréquentation régulière des créateurs·trices me permet d’entretenir mes jalousies et mes frustrations. Cela m’a également amené à publier quelques textes sur des artistes, une douzaine en quinze ans. Depuis, j’ai abandonné ce genre, pour me consacrer au portrait : je suis devenu le biographe officiel de tous les membres de ma famille. On m’emploie aussi pour les discours d’enterrement. J’ai toujours travaillé en solitaire, mais aujourd’hui, j’ai décidé de partager un peu ce que j’écris, avec une certaine timidité, mais ce qui se passe dans cet atelier m’attire beaucoup.

Ouvrir l’œil

Je connais quelqu’un qui s’endort toujours les yeux ouverts, qui attend le sommeil les yeux ouverts il dit Pourquoi faire semblant de dormir avant de dormir. Même dans le noir il garde les yeux ouverts il ne voit rien mais il regarde le noir. Il y a sans doute un rai de lumière qui déborde des rideaux, la lumière jaune Continuer la lectureOuvrir l’œil

Quarante-huit notes depuis la cave

Claudius, je l’ai revu il y a quelques années, croisé par hasard dans la rue devant la cité d’Estienne d’Orves. Il mesurait plus de deux mètres, il était très beau, et m’a asséné quelques phrases solennelles par rapport aux gamins sortis du droit chemin. Je me serais cru dans un film de Spike Lee. S’agit-il là d’une déviance propre à Continuer la lectureQuarante-huit notes depuis la cave

CE POURRAIT ÊTRE

Hypothèse n° 1 : le travailSouvent je la regarde depuis mon bureau, et je médite. Cela pourrait être la reprise d’un vieux projet, cent fois abandonné et recommencé. Un roman sur le travail, un récit fantaisiste et pourtant grave, qui parlerait d’un employé aux écritures dans une administration territoriale. Cet employé, du nom de Raoul Lafosse, se serait retrouvé placardisé dans Continuer la lectureCE POURRAIT ÊTRE

CONDUITE INTÉRIEURE

Je suis né d’un père mi-Normand, mi-Breton. Longtemps, j’ai balancé entre beurre doux et beurre demi-sel. Longtemps, je n’ai pas choisi.Je suis né d’une mère du Sud-Ouest, j’ai un naturel chaleureux, bien tempéré par une retenue très nordique.J’ai grandi avec des chiens, avec des chats, je n’ai jamais choisi.J’ai grandi avec des sœurs, la compagnie des mâles ne m’a jamais Continuer la lectureCONDUITE INTÉRIEURE

ROTONDE SANS PERSONNAGES

Souvent je la regarde depuis mon bureau, et je médite. Il s’agit d’une terrasse en demi-cercle, une rotonde large à sa base d’environ quarante mètres. Trois portes-fenêtres y donnent accès de plain-pied, elles correspondent au bureau du président. Ce bureau est flanqué, de part et d’autre, de bureaux plus petits : à gauche les bureaux du cabinet, à droite ceux du Continuer la lectureROTONDE SANS PERSONNAGES

Proposition #03 : Dans la glycine à sept reprises

Glycine 1 : mardi 16 juillet Exubérance, puissance (soulève le mur, défonce la grille), sauvagerie – explosion de joieRésistance (sécheresse)Pachydermique dureté de la peau. Ressemble à de la rocaille (béton). Nature imite l’homme imitant la nature : tronc – abîme de la glycine.A la fois animal et construction humaine ?Écosystème : du tronc aux fleurs… Insectes – abri pour le chat (juste une queue Continuer la lectureProposition #03 : Dans la glycine à sept reprises