A propos de Solange Vissac

Entre campagne et ville, entre deux livres où se perdre, entre des textes qui s'écrivent et des photos qui se capturent... toujours un peu cachée... me dévoilant un peu sur mon blog jardin d'ombres.

#nouvelles | Solange Vissac

Table des matières1 de l’art de ranger ses livres2 histoire de mes librairies 3 inventaire de choses perdues4 le livre dans sa matérialité 1 de l’art de ranger ses livres Dormir toutes les nuits de son enfance, la tête calée contre un montant de la bibliothèque paternelle laisse des traces. L’espace enclos de la nuit noué à celui de la Continuer la lecture#nouvelles | Solange Vissac

#gestes&usages #01 | en dépit du bon sens

À cause de la couleur incertaine du lichen, cette substance chevelue d’un gris pâle, gris de cendres froides, qui s’échevelait sur les branches basses des pins dans cette forêt d’enfance, j’imaginais des histoires de fées, ou plus exactement de sorcières ou d’êtres maléfiques surgissant du fin fond des bois, ou s’élevant sans bruit — telle une vapeur entortillée s’extrayant de Continuer la lecture#gestes&usages #01 | en dépit du bon sens

#enfances #05 | Tesselles

Des tesselles du passé dénicher une collection de grains de vie sur une carte d’intensités, le tout recousu de fils dorés. Oscillation du petit tamis, en mouvements vifs et horizontaux, pour séparer les gros grains des petits, puis les doigts sur ce front de sable doux, et plus tard le nommer geste d’ange. Vers l’amont, vers l’aval de la rivière Continuer la lecture#enfances #05 | Tesselles

#enfances #04 | confiance

Tenir l’enfant dans les bras. Avec tout l’abandon que lui donne une forte fièvre venue dont ne sait où. Sa fragilité ainsi offerte. Ne pas pouvoir poser l’enfant nulle part. Respirer son souffle. Le guetter avec angoisse. Espérer un mieux.. Toucher le front à intervalles réguliers. Sursauter à chaque quinte de toux épuisante. Vouloir soulager. Être inefficace. Sentir l’enfant rechercher Continuer la lecture#enfances #04 | confiance

#enfances #02 | sur la pointe des pieds

Il faudrait une écriture verticale pour tenter de dire l’immobilité devant. Puis le balancement du corps. Les grimaces aussi, la pitance du miroir. La sollicitation venue dont ne sait où à ouvrir ses entrailles comme celles d’un poisson. Et le corps étiré reposant sur des pointes de pied, tendues comme la main à l’approche de la clé. Au bout des Continuer la lecture#enfances #02 | sur la pointe des pieds

#enfances #01 | les nommer

Il s’adressait à elle en disant Nini, elle lui répondait avec mon petit. C’était mon père, grand et fort comme un père, qu’on appelait mon petit. Elle, c’était une vieille femme acariâtre, on a le droit de le penser, qui avait mis toute la tendresse dont elle était capable, dans ces deux mots, et qui n’avait rien d’autre à offrir Continuer la lecture#enfances #01 | les nommer

# enfances #00 | quelque part

Égarée,  à côté . Absorbée par un au-delà sans contour. Ensevelie sous des couches d’ouate. Perdue entre les lignes des livres où se tenir. Traversant une géologie et une cartographie à moi seule destinées. Errant dans les strates d’un monde qui n’appartenaient qu’à moi, dont je ne parlais pas. Et je ne parlais presque pas. Je venais d’une famille de taiseux. Continuer la lecture# enfances #00 | quelque part

#été2023 #11 bis | respirer

C’est à ce moment-là qu’Antoinette comprit que les livres allaient être son seul soutien. Le livre offert par sa maîtresse d’école, d’Hector Malot, qu’elle avait vu sur les rayonnages de la bibliothèque de la classe, mais qu’elle n’avait jamais emprunté, peut-être par superstition ou simplement par peur, elle eut la sensation qu’il allait la préserver du reste du monde qui Continuer la lecture#été2023 #11 bis | respirer

#été2023 #11 | comme une sauvegarde

Avant que l’on puisse dire quelque chose de sa vie d’après, il faut réaliser ce qu’il se passe dans la tête de l’enfant. Dans les pensées de l’enfant de onze ans. Antoinette revient du cimetière où le corps de son père a été enfoui. Elle ne saurait même pas retrouver l’endroit exact. Elle a marché sans savoir qu’elle marchait. Sa Continuer la lecture#été2023 #11 | comme une sauvegarde