Correspondance Corbera

les habitants du 14 avenue de Corbera, 1er étage droite, Paris 12 ème

Le maroquin

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Cœur battant, mains fébriles tu déplies l’écritoire. Alors monte l’odeur de la peau. Le chagrin. D’un petit compartiment dépasse une carte en bristol, Ta vue se trouble, tu vois danser l’encre noire, l’écriture ample et vive de ton père

Hypothèse n°1 :

Ce serait une correspondance entre un homme et une femme, des billets quotidiens échangés sur la table de la salle à manger, sur le chevet, un dialogue amoureux auquel s’ajouteraient des détails de la vie autour, indices révélant petit à petit qui ils sont, les lieux où ils vivent, l’époque qu’ils traversent, cela constituerait un journal à quatre mains.

Hypothèse n°2 :

Ce serait une correspondance entre un père et sa fille, entre deux pays, deux continents, deux époques, il lui écrirait depuis les lieux où il a vécu, depuis un autre temps, elle lui répondrait aujourd’hui, depuis la ville où elle vit, où il a lui même vécu sa jeunesse.

Hypothèse n°3 :

Chaque matin avant de se rendre au travail il composerait un bref poème sur un petit carnet glissé dans la poche intérieure droite de sa veste, à la manière du Paterson de Jarmush. Les textes seraient inspirés de son quotidien, la poésie surgissant des rituels, de son environnement professionnel, tarmac, pistes, avions, des villes où il a vécu Montréal, Alger, des objets qu’il affectionne, sa collection de disques, ses voitures, de sa famille, de la femme qu’il aime, de ses enfants.

Berceaux

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Corbera c’est le berceau de la famille, c’est un morceau de village Corse ancré dans le douzième arrondissement. Corbera c’est comme un nom de pays… L’air de Corbera doit être lourd encore de quarante ans d’histoire familiale, traversée par la guerre et des drames souterrains. Ce sont les bruits de Corbera qui m’ont réveillée ce matin…

Hypothèse n°1 :

Ce serait un lieu qu’on visiterait en aveugle, seuls nous parviendraient les bruits de Corbera, les sons qui le traversent du dedans du dehors, le bruit des appareils ménagers, des meubles qui grincent, la musique qu’on y écoute, la musique qu’on y joue, des fragments de dialogues, des chuchotements, des monologues, le son de la rue, la circulation automobile, les camelots.

Hypothèse n°2 :

Ce serait l’inventaire de tous les habitants de Corbera, établir la liste d’abord, puis rédiger une courte biographie de chaque personne qui aurait vécu dans cet appartement, date et lieux de naissance et de mort, mariages, enfants, parcours, anecdotes, secrets, coup d’éclats, tentation de faire apparaître une photo, ou bien une description précise, la plus objective possible d’un portrait dont je disposerais pour chacun d’entre eux.

Hypothèse n°3 :

Ce serait l’histoire de la famille racontée à travers un parcours circulaire dans l’appartement, chaque pièce théâtre d’un événement qui fait avancer le récit, de l’arrivée de mes grands parents dans les années trente à la mort de ma grand mère en 1978. Un récit en cercle continu, où l’on traverserait les pièces à travers différentes époques, croisant tous les membres de la famille acteurs ou témoins, ça tournerait comme un manège.

A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

9 commentaires à propos de “Correspondance Corbera”

    • Merci Catherine. J’ai paniqué en découvrant la proposition, et puis une fois que les textes se sont imposés c’était plutôt excitant d’ouvrir ces pistes., j’ai vraiment pris ça comme une étape de travail, ça décomplexe.

  1. L’ entrée par vos textes entiers est une grande aide pour aborder cette difficile proposition,
    j’avais lu l’écritoire et le village corse, d’y voir s’y greffer les hypothèses rend exitante cette lecture, – je m’explique mal, comme si les hypothèses ajoutées, écartées du texte initial donnait – même sans réponses encore – une autre dimension à ce texte.
    Vous dire, que moi qui ai tant de mal avec les personnages, j’adorerai lire la bio de tous les habitants ! J’en imagine deux ou trois sans le faire exprès, alors merci !
    Catherine Serre

  2. J’aime beaucoup. Ce n’est pas du tout ce que j’ai fait (je suivais une idée, plus que de marcher dans les pas de l’auteur indiqué). Mais j’aime beaucoup.

    • Merci Sylvie, me suis sentie un peu scolaire, et petite frustration sur la forme, mais ça m’ouvre des pistes vraies, après trouver le temps d’écrire c’est une autre affaire.