#été2023 #12 | Coincé entre un call center et une ligne TGV qui ne s’arrête pas

Julie entre dans l’épicerie-bistrot du village. Elle dit bonjour à la cantonade. Elle ne connaît pratiquement personne dans cet établissement mais tous la connaissent. Il y a bien André Barrière accoudé au comptoir. Elle entend le nom de Sarkozy, moderniser la France, payer moins d’impôts, services publics. Des bribes de mots qui font surface alors qu’elle vient acheter du beurre Continuer la lecture#été2023 #12 | Coincé entre un call center et une ligne TGV qui ne s’arrête pas

#été2023 #02bis | En bas

Jamais de plants de vigne ne s’étaient aventurés aussi loin sur ce versant du coteau. Je découvre ces pousses protégées par un travail méticuleux, isolées d’une gaine de protection en tissu noir, un piquet de bois rigide. De la terre si peu, n’affleurent que des pierres blanches de différentes tailles, fossiles, calcaire fendu, tout un berceau rugueux. Les vignes d’ugni Continuer la lecture#été2023 #02bis | En bas

#photofictions #06 | Toilette publique

Dispositif : le mot aura semblé évident, mais il ne sera pas inutile (pour moi, du moins) d’en rappeler la définition de Giorgio Agamben, dans son petit livre Qu’est-ce qu’un dispositif ?, la troisième précisément, après avoir tâtonné durant cinq sections, où il se lance plus franchement et largement, et radicalement (même si la liste lui donne l’air de délirer) : « j’appelle dispositif Continuer la lecture#photofictions #06 | Toilette publique

#40jours #35 | ici on recompose

Ici on ne construit guère. Il vaut mieux. De la place il y en a pas, vallée étroite et terres escarpées. Pas de tours, pas d’ensembles collectifs, pas de lotissements, pas d’immeubles de bureaux.  La loi du développement concentrique n’est pas à l’œuvre et c’est heureux — d’ailleurs on ne voit pas bien comment, à moins d’abattre des pans entiers de Continuer la lecture#40jours #35 | ici on recompose

Le petit parking

(là commençait le muret, un bond et nous étions en hauteur, nous jouions les équilibristes, nous nous prenions pour des funambules, nous élimions nos vestes en les frottant aux arbustes – acacias, charmes, tuyas ? – c’était juste après la maison de la muette et il y avait un parking, de ceux qu’on appelle en épi, c’était un petit parking, il Continuer la lectureLe petit parking

parfois le dimanche

Parfois le dimanche nous montons au village, comme le font les Bastiais. Pour nous qui sommes arrivés à Bastia depuis seulement quelques mois, il serait inconcevable de ne pas se plier au rituel auquel Pierrot met un point d’honneur, peut-être parce que de la fratrie elle est la seule à être née sur le continent, désormais la fille du village c’est Continuer la lectureparfois le dimanche

personnages#9, Pierre Bergounioux Temps référentiel et temps du récit

La périphérie pour les vendeurs forains, leurs camionnettes avec ces immatriculations de loin. Les mêmes depuis longtemps. Celui dont on voit blanchir la moustache, vous vend de ces ceinturons de cuir pour rien, à côté sa femme et des tas de sous-vêtements. Plus loin, une fille, un neveu, un fils, un bric-à-brac de pacotilles et de joujoux plastiques sur leurs Continuer la lecturepersonnages#9, Pierre Bergounioux Temps référentiel et temps du récit

#01 – si(x) sol(s) – version 2

– une chambre – Deux genoux appuyés sur un parquet disjoint, une main fermement appuyée sur un parquet couleur chêne, l’autre main d’un enfant de moins de dix ans tenant fermement une épingle à tête, ou un trombone détromboné, ou une allumette, et la poussière jaillit entre les interstices des lames du plancher ; un sentiment de vainqueur, de détrousseur, de va-t-en-guerre : Continuer la lecture#01 – si(x) sol(s) – version 2