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nos habitudes

Ainsi sont nos habitudes pour un peu nous ne les verrions plus. Il faut vraiment qu’ils soient vaguement plus épais que les autres, qu’ils soient en plein travers de votre route manifestent que c’est à vous de vous écarter, pour qu’on se retourne et qu’on leur tire le portrait à belles oreilles décollées. C’est qu’il y avait danger : quelques dizaines de jeunes filles des écoles d’infirmières, en blouse de leur fonction, criaient leur misère, l’absence de poste quand les manques pourtant sont si criants. Il faut bien en ce cas les envoyer par camion – la République irait à sa perte. Et leurs gamines aux deux, elles feront quoi, après l’école ? Le chef, sur la gauche, talkie-walkie à la main, est l’homme qui prouve la respectabilité du monde, et les injonctions données aux exécutants. Armes à la ceinture, matraque en bois, flashball, et les gamines de dix-neuf ans avec leurs slogans de détresse devant Montparnasse. Et on en ferait notre tous les jours, la routine, le banal ? Pendant ce temps, sur le panneau lumineux, on annonce une autre manif : 400 recruteurs, mis ensemble place de la Concorde. Ah mais, vous imaginez que le chômage survivrait à traitement pareil. Ouvert à tous, se munir d’un CV. On ne précise pas si l’un des recruteurs embauche pour la gendarmerie : sait-on jamais, si vous avez les oreilles assez décollées ?


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 4 octobre 2011
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