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2012.04.15 | autoportrait en clown dormeur

Facebook acquiert Instagram et aussitôt on se sent trahi ou menacé, mais ce jeu de quilles est devenu une telle permanence, dans la voiture, les ordinateurs ou les livres. « Tant d’argent pour juste acheter un jeu de filtres », dit Karl. Marre de ces « recettes industrielles façon grand-mère » – très belle analyse de Jérémy Liron. Du coup, presque mauvaise conscience à m’en servir cette semaine. En fait, se servir de quoi ? Pour une photo qui tienne la rampe, je sors mon petit Canon G12, à condition de l’avoir mis dans mon sac ordi, que je veille à maintenir au plus léger depuis que je suis sur le MacAir (et pourtant, images numériques qui sont bien loin de ce que tirent de leurs Reflex Karl, PDJ, Jérémy, Darley ou tant d’autres). Sur l’iPhone, si j’ai à documenter un objet, photographier une page de livre, je me sers de Camera + (et jamais de l’appli native). Instagram est peu long à charger, ça c’est un reproche (attente chargement page réseau, puis clic sur nouvelle photo), mais on réalise instantanément ce carré simplifié et encadré, avec la possibilité de légender sans quitter l’appli (c’est ça l’important), puis de cliquer transmission facebook, twitter ou les deux et le filtrage fait que ça passe instantanément même en situation de connexion edge ou 3G précaire, soit précisément là où on l’utilise. Donc je ne photographie pas : j’écris sur ma page Facebook (qui revit depuis lors) et sur mon compte twitter, en utilisant l’appui image pour l’écriture. Avec Camera + je devais revenir à twitter (ou Facebook, ou les 2 successivement), puis légender, puis appeler la photo dans l’album de l’iPhone, rien de comparable. Donc, en fait, je m’en fiche un peu : que Facebook me procure un outil iPhone basique pour écrire sur ma page Facebook, c’est logique et simple, ils font ce qu’ils veulent des sous gagnés avec des publicités que je ne regarde jamais – et si ça coince on trouvera bien un autre outil pour faire pareil. Ce qui m’importe, par contre, c’est cette écriture instantanée qu’est le carnet twitter, et qu’il puisse être écrit avec ma perception documentaire du monde, ce qu’étaient autrefois le carnet et l’aquarelle, et qui fait que sur mon premier écran d’accueil iPhone j’ai appli photo, appli vidéo, appli magnétophone, pas seulement pour absorber, mais pour absorber renvoyer. Sans Instagram, je n’aurais pas fait cet autoportrait en clown dormeur, l’autre matin, dans le TGV où tout le monde ronflait (où j’allais, donc, pour m’être levé si tôt, je m’en rappelle même plus...).


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 15 avril 2012
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