C’était lors de la rencontre avec Valérie Godard, la litho-lamelleuse du labo sciences de la terre à Orsay, dans son atelier musée. Dans un coin, en plusieurs dépôt, des paquets assez considérables de ce qu’on nommait enveloppes par avion. C’était magique, et à recevoir, et à envoyer. À recevoir, parce que toujours lestées de timbres émis du pays lointain (l’expression aussi tend à s’évanouir). À envoyer, parce que le papier si léger et presque transparent incitait à la transparence intérieure, d’ailleurs on avait aussi un bloc de papier par avion beaucoup plus fin. En fait, la finesse même de l’avion et son décollage étaient déjà inscrits sur le papier et l’enveloppe. D’avoir vu ces enveloppes en pile réveillait une nostalgie proche de mon Autobiographie des objets. J’ai même pensé que peut-être, ici, elles servaient à protéger les lames minces, quand on les renvoyait au labo demandeur. Mais remarquez, en-dessous, la boîte métal qui sert à ranger les fiches bristol... La réponse est venue tout facile : Ils avaient jeté ça à la benne, j’ai tout repris. Je crois que moi aussi je n’aurais pas hésité à tout reprendre. Non pas pour les enveloppes inutiles, mais pour la part de rêve personnel qu’elles incarnèrent. On s’est si bien compris qu’elle m’en a offert une, à l’en-tête imprimé UNITÉ C.N.R.S. DE GÉOPHYSIQUE ET GÉODYNAMIQUE INTERNE, et bien sûr la mention encadrée bilingue un peu plus bas PAR AVION / BY AIR MAIL.