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écriture, géographie, tunnels

Pour des questions d’horaires d’été et de tâches administratives imprévues, au lieu du TGV je suis dans le TER Tours Amboise Blois Orléans Paris, il est 11h40. Sur ce même ordinateur, je rédige un épisode de mon feuilleton Rolling Stones. Qui me perturbe plus que prévu : au début, s’en servir de chauffe et d’atelier pour la version numérique de la bio, et puis découvrir une autre manière de raconter une histoire continue et non linéaire à la fois. J’ai depuis 3 ans un chantier Hendrix qui lambine, parce que je n’ai pas sa forme – j’avais passé des années avant de trouver le chemin pour la bio Stones. Peut-être que ce feuilleton va m’en donner l’outil, travailler par le tranchant, le discontinu. Quand j’avance sur les Stones, j’ai souvent l’impression que nous autres, leur tribu d’exégètes, livres ou sites, on en sait parfois plus qu’eux-mêmes sur tel point ou événement. Qu’on est responsables de la mise au point d’une histoire qu’ils ne raconteront pas. Alors je relève le nez et je vois la maison de Mick de l’autre côté du champ, je sais qu’il y est ces jours-ci. Il n’a rien violenté ici, n’embête personne pourvu qu’on ne l’embête pas, se contente d’une double haie végétale pour clôture, et dans le tuffeau derrière a fait creuser un studio. L’écriture que je tiens, est-elle liée à ce point mobile dans le train qu’il ne regarde pas, ou au point fixe qu’il représente, à cet instant qui dans sa journée archétype est l’heure de son réveil, alors que je le regarde mais qu’évidemment, trop loin, il n’y a rien à voir ? Ceci n’ayant que très très peu d’importance. Il y a ces champs, blé à droite, tournesol à gauche, et cette petite route de bitume. L’écriture est là, entre nous, pareillement indifférente aux deux. Je peux donc poursuivre, comme il le fait aussi.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 13 août 2012
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