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2007.10.07 | nuit blanche avec le 104

Bizarre de partir de chez soi à 16h26 un samedi, train moitié vide, comme à contresens. Métro jusqu’au pavillon de l’Arsenal, boulevard Morland. Dans le milieu de l’expo d’architecture, la boîte blanche sans plafond du scénographe Laurent Berger va servir aux lectures.

Essai micro : je ne comprends pas plus les écrivains sans leur micro personnel (notre instrument pour la voix haute) que ceux qui se dispensent de l’intervention Net. Mon veux Sennheiser MD 441(j’ai récemment découvert que le son particulier de Blood on the tracks de Dylan tenait à l’emploi de ce micro, que Zappa aussi utilisait de préférence, et j’avais trouvé sur eBay deux modèles de cette époque, d’ailleurs les neufs me seraient inaccessibles — dans le monde des musiciens, qu’un chanteur — Lennon et son Neumann U87 de 1954 — promène son micro personnel est moins inhabituel) me surprend toujours par ses caractéristiques si égales qu’on soit fort ou très doux, un son mat qui s’efface pour respecter la voix. Je suis venu avec seulement le micro pour accessoire. Mais sa forme parallélipipédique convient bien à l’abstraction du lieu.

Un peu de temps avant de commencer, découverte des lieux. Toujours étrange ces lieux architecturés quand on les considère à vide. Dans les visages qu’on reconnaît, ou les discussions qui s’élaborent à l’entrée, on reconnaît la galaxie Internet, en particulier Sébastien Rongier, qui prépare la performance remue.net de Lire en Fête.

La lecture est filmée par Katell Djian, qui a derrière elle quelques Godard
(For ever Mozart) ou Kramer, ou le documentaire de Nicolas Philibert Etre et avoir.

Cantarella et Fisbach présentent : le vrai 104 est en chantier, pendant un an, pour travailler ensemble, nous serons encore nomade. Avec ceux du 104, on n’est plus forcément d’une discipline, on se passe les outils, on les appelle. Philippe Minyana, qui me succédera dans les lectures, tenant bien à spécifier que lui, au contraire, résiste aux machines et au numérique.

Je m’embarque dans un texte difficile, que je réimprovise toujours en route, et qui ne me lâche pas depuis 2 ans. L’impression de tomber dans la première ligne et de n’arriver à ressortir que tout au bout, une demi-heure plus tard.

Changement de décor à 20h20, pour les Cahiers de Colette, rue Rambuteau. Embouteillages. Puis se frayer un chemin à pied.

Deux des libraires présentent un cut-up à partir de 458 titres de septembre, puis, là aussi, j’ouvre les lectures : j’ai imprimé mes essais de traduction de Bob Dylan, et pour 6 chansons je passe la musique avec le Mac à main droite, tout en tenant feuilles et micro à main gauche, et réimprovisant, sur sa voix à lui, ce qui me semble être le mot qu’il faut.

Passage de relais à Michèle Gazier et Pierre Lepape, Philippe Besson se prépare.

Retour gare d’Austerlitz, le 22h53 pour la 2ème fois cette semaine. Hallucinantes images partout des visages et des corps dans la lumière glauque tendus vers les écrans du rugby.

Dans le train, devant moi, de Paris à Blois, la mélopée d’un jeune type penché sur un Coran, et qui doit le déchiffrer à voix mi haute .

Merci à teXtes pour cet écho en retour (qui ne dit pas, pourtant, le trac et l’incertitude). Merci au présents.

François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 7 octobre 2007
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