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journal | travail du rêve

une autre date au hasard :
2020.08.24 | exercice du mur

C’est parti de l’injonction donnée par Philippe De Jonckheere : ans Contre : « Contre, c’est noter ses rêves tous les matins ». Je l’ai fait sur des périodes entières, j’ai appris à pratiquer les exercices du rêve. Certains me passionnent encore, même avec l’habitude il y a toujours un frisson, dans le plus simple des exercices, arrêter le rêve et se tourner lentement à la perpendiculaire vers la gauche, avancer voir le nouveau paysage que le rêve initial ne comportait pas, s’y risquer. Mais les temps sont précaires, encombrés, les e-mails s’empilent, il y a la compta à faire. Des gens qu’on n’apprécie pas glissent des sols empoisonnés tout près, où on ne voudrait que les amis. On veut garder une plage ouverte et dépouillée pour rouvrir chaque jour le chantier Proust, et puis même là on sait que le bruit est autour, juste environnant, tout proche, et parasite. J’ai lu aussi ce blog, Un rêve par jour. Alors cette nuit en rêvant je sélectionnais les 2 ou 3 images fortes qui émergeaient des rêves, ou du rêve, et consciencieusement ce matin je les ai notées, comme ça, sans s’attarder. Juste un fichier ouvert et une présentation simple. Du coup j’ai ajouté, en amont, une élément précis d’un rêve de la veille et puis tout un autre de la semaine dernière qui était là, en latence. Après, se dire que c’était peut-être à cause de celui-ci, que le reste s’est enclenché. Donc continuer, se forcer. L’autre question étant, alors : publier directement en ligne. Se dire que non, après tout même sur traitement de texte c’est toujours une base de données, pareillement circulante loin de l’ordi, pareillement à l’écart et accessible. Se dire qu’on garde une frange d’écriture hors ligne, uniquement pour qu’elle puisse se retourner sur soi. Que ne pas mettre en ligne aide à éviter qu’on s’en protège. Finalement, ça me renvoie encore à ces nappes souterraines de Proust que j’explore en ce moment, qui ne m’étaient pas ouvertes, et qui du coup ne sont pas dans le manuscrit initial. À part ça je réfléchis beaucoup, même trop, sans doute : ça peut me durer des heures, au lieu de faire. Et ça aussi, c’est l’explication : à un certain stade de la pensée sur soi, il n’y a que la mise en rêve, qui permette d’entrer et de franchir, d’assumer la peur. C’est pour ça aussi que je choisis cette photo-là, qui n’a rien à voir avec le rêve, mais avec l’interruption de la voie ferrée – le rêve c’est là que ça se passe : juste au milieu.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 8 avril 2013
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