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2007.10.14 | Tours, jamais assez de ponts

Depuis un an, je suis les travaux du pont : on dédouble le pont existant, pour boucler la rocade.

Les deux poutre-maîtres ont traversé la Loire, et maintenant on coule le tablier. La semaine dernière, une bombe de 500 kilos a été retrouvée dans le chantier : le quartier a été évacué. La ligne de sécurité passait par le milieu de la maison de retraite, mais laissait leur véranda hors limite : on y a porté les vieux, le matin, jusqu’à fin de l’opération. Un hélicoptère nous survolait lourdement, avec ses ordres d’évacuation au haut-parleur (à l’ordinateur, volets fermés, faire semblant de rien).

Le treillis de ferraille est prêt pour la coulée : à l’école, on apprenait ça, autrefois. C’est la seule discipline des Arts et Métiers qui m’ait un peu intéressé, le cours de béton armé, le calcul des poutres, la flexibilité des aciers.

Un couple s’est risqué à la traversée : quand ça s’est moitié écroulé sous le type, à 20 mètres de haut, sa femme a crié. Ils ont réussi à retourner sur la rive opposée, ils n’ont pas insisté.

C’était le soleil de fin de journée, pas eu besoin de retoucher les contrastes ni rien. Il y a un petit chemin cimenté le long de la Loire. Un dimanche comme ça, il y a beaucoup de monde, et surtout des familles avec des chiens, des familles avec des bébés. En Allemagne ou aux USA, on séparerait les trajets. Ici, pas encore.

J’ai salué le sheriff, au retour : il ne parle plus, et comme c’est dimanche, le trou tout rond en travers de sa gorge était ouvert. Je lui ai dit que ça y est, le pont traversait.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 14 octobre 2007
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