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journal | tu marchais dans le couloir

En ce moment, la photo et la musique m’attirent tellement plus que l’écriture. Mais j’y suis un pratiquant de base, sans armes et sans vision (j’entends le vrai voir qui vaut aussi bien pour la musique que pour le texte, et qui fait que ça ne me gêne pas de voir tout flou dans le viseur de mon appareil-photo, si je sais avant ce que je dois faire, prendre et comment). L’an dernier c’était venu très brutalement du 17 novembre au 11 février, et puis ensuite une vingtaine de jours en avril et encore une vingtaine de jours en juin pour tout récrire 2 fois en plongée totale et brutale (ça qui m’a laissé comme ça sur le sable depuis ?). Il existe ce bouquin sur Proust que je n’arrive même pas à ouvrir pour moi parce qu’il a ce défaut de table des matières absente. Je ne peux pas dire que j’aie travaillé depuis : le blog au moins est un exercice, une pratique de gammes, un mouvement de viser et tirer dans la façon des archers, mais ce n’est pas le happement qu’avait été ce bouquin sur Proust dans ses trois périodes. Pourtant j’ai du temps ouvert comme des champs désolés, je peux marcher le temps que je veux. Cet après-midi un moment j’ai repris à traduire un bout de Lovecraft, comme ça aussi, vérifier que la mécanique est là. Mais je préfère les musiciens, j’en découvre beaucoup depuis pas mal de semaines, des zones qui m’étaient totalement ignorées, alors qu’en littérature j’ai plus de mal. Je sais à cause de Claro qu’il faut que je retourne dans Malcolm Lowry, et je voudrais aussi me refaire une intégrale Dostoïevski, c’est de plus en plus urgent mais je voudrais que ce soit dans les trads Markowicz et elles ne sont toujours pas disponibles en Kindle sur Actes Sud qui s’en fout et moi je ne veux/peux plus lire autrement qu’en numérique, hier soir sur le Kindle Fire je lisais dans Consider the lobster beau texte que David Foster Wallace a écrit sur Dostoïevski. J’ai eu de mêmes périodes tout le temps, dans ma vie, ça ne me panique pas – autrefois c’était des enfoncements livres sans ouvrir les volets, là je peux rester des 10 heures à l’ordi et les choses urgentes n’ont pas bougé. Ça fait partie de l’autre déplacement, plus bizarre, le goût de l’intervention orale, qu’il faut être prêt mais qu’il y a ce préalable à l’intervention orale que, justement, il n’y a rien eu avant, pourtant je dois faire ce texte pour Berkeley parce qu’il doit être donné à traduire mais autour de moi ça dessine tout ça comme des couloirs.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 29 septembre 2013
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