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journal | la mort au sous-secrétariat d’état aux beaux-arts

En descendant à midi de la petite salle tout au bout du couloir à gauche (avec 2 angles droits et 2 escaliers) du Ministère au 3 rue de Valois, je photographie cette plaque, qui doit dater d’il y a bien longtemps, et a dû survivre à un nombre considérable de réfection des lieux, quoique à mesure qu’on s’éloigne de l’étage d’honneur les réfections ont dû être plus humbles aussi. C’est ce MORT en très gros qui m’a retenu, et la date : 1911. À LA MÉMOIRE DE TAURINES (ROLLIN ULYSSE) / GARDIEN DE BUREAU / AU SOUS-SECRÉTARIAT D’ÉTAT DES BEAUX-ARTS / MORT / VICTIME DE SON DÉVOUEMENT / 26 AVRIL 1911. Mais j’ai beau chercher ce qui s’est passé le 26 avril 1911, rien. Sur le site de la BNF, où sont archivés pourtant des kilotonnes de discours émanant de tous secrétariats d’État, rien. À tenter de remonter la piste du nom, des trois patronymes ou d’un tout seul, rien. Quelqu’un (merci ô amis bibliothécaires parmi mes visiteurs !) pourra aider à remonter la piste ? Il n’ y a plus aujourd’hui de gardien de bureau – même si, à longer les couloirs et considérer autant de personnes pensives devant leur Internet on se dit qu’ils restent bien gardés quand même (et qu’on a bien de la chance, nous les micro-producteurs Internet, d’avoir autant de lecteurs disponibles). Que s’est-il passé le 26 avril 1911, pour qu’un gardien de bureau se dévoue jusqu’à la mort, qu’on honore par une plaque dans la partie haute de l’escalier de service, et dont aucune archive n’a été portée dans le grand moteur web ? Est-ce que la vie, pour nous aujourd’hui qui continuons de se faire gardiens des Beaux-Arts avec dévouement, est plus ou moins dangereuse, et qu’écrira-t-on sur nos plaques ?

 

NOTA, 1 : et... moins de 6 minutes après publication, Rémi Mathis (eh, quand même conservateur, spécialiste de l’estampe, et légèrement grand wikipédien devant l’éternel) débusque l’histoire : mort noyé en voulant porter secours à une dame qui se noyait elle-même, et c’est encore une leçon, puisque je m’étais escrimé moi-même dans le site BNF, avais remonté des pages qui ressemblaient à celle-ci, mais n’avais pas réussi à aller jusqu’à l’objet de ma requête. Paradoxe du web : on retrouve toujours l’aiguille dans la botte de foin. Art et enjeu d’une culture numérique : que certains la retrouvent plus vite que d’autres... En l’occurrence, pour moi, le fait que la transcription numérique fautive mettait en échec ma recherche, quand Rémi Mathis a su anticiper et traverser. Du coup, je ne résiste pas à mettre en ligne les informations qui suivent immédiatement, dans le Figaro choisissait déjà nettement son camp entre les marquises en voiture et les ouvriers de la ligne de chemin de fer Paris-Brest. Et pendant ce temps-là, un nommé Marcel Proust écrivait, écrivait... En tout cas merci RM. 

LES OBSÈQUES D’ULYSSE ÏAU1UNE

Les obsèques d’Ulysse Taurine, le garçon de bureau des Beaux-Arts, mort victime de
son dévouement en essayant de sauver une femme qui se noyait, ont eu lieu hier matin
en l’église Saint-Germain-des-Prés, aux frais de la Ville da Paris.

M. Dujardin-Beaumetz, sous secrôtuîrp d’Etat aux beaux-arts, y assistait, ayant à
ses côtés MM. Maurice Quentin, vice-président du Conseil municipal Duval-Arnould,
conseiller municipal de Paris Laurent,- secrétaire général de la préfecture de police A. Bernard, secrétaire général de la préfecture de la Seine ; Gay, syndic du Conseil
municipal, etc.

Des discours ont été prononcés par M. Maurice Quentin, vice-président du Conseil
municipal, qui a rappelé les circonstances émouvantes dans lesquelles Taurine a trouvé
la mort M. Laurent, secrétaire général, de la. préfecture de police, remplaçant le préfet.
qui a rendu le même hommage à ceux qui se dévouent qu’aux serviteurs de l’ordre
tombés pour le devoir ; enfin, par M. Dujardin-BeaumetZj qui a retracé la vie de
l’humble employé et bon père de famille, de ce fils héroïque de la terre de Franc ».

 

UNE BRUTE

Mme la comtesse de Lubersac et son frère, le prince de Broglie, passaient hier en automobile aux Champs-Elysées, quand une légère collision se produisit entre leur voiture et un auto-taxi dans lequel se trouvait uil voyageur. Pendant que les deux chauffeurs, selon leur habitude, échangeaient des’injures, le voyageur de l’auto-taxi, sautant à terre, monta sur le marchepied de l’automobile et se mit a frapper la marquise à grands coups de poing.

Le prince, heureusement put l’arrêter et le maintint solidement jusqu’à l’arrivée des
agents. Ce brutal,un garçon boucher, nommo Louis Miron,a été mis à la disposition de M. Ghanot, commissaire de police.

 

LES DÉCORATIONS DE M0 VALENSI

Sur commission rogatoire de M. le juge d’instruction Tortat, M. Poucet, commissaire
aux délégations judiciaires, s’est rendu chez M. Grandjany, imprimeur-papetier, 18, rue
des Mathurins, et y a saisi la pierre lithographique qui a servi à l’impression des
faux brevets du Niehan vendus par Valensi. Il a saisi également des exemplaires de,
certificats de ces brevets, ainsi que des lettres ayant trait aux commandes d’imprimés.

 

L’AGITATION OUVRIÈRE

Depuis plusieurs jours, une certaine effervescence règne à La Loupe, où
quatre cents ouvriers d’une entreprise privée sont occupés à la réfection de la ligne du
chemin de fer Paris-Brest. Quelques rixes se sont, d’autre part, produites entre les ouvriers et les habitants.

Des détachements, de gendarmerie sont dirigés sjxv La Loupe pour assurer le service d’ordre.

 

NOTA, 2 : et merci à Arnaud Maïsetti pour avoir trouvé ces 2 coupures de pressse que je reprends en mode image ;


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 mai 2014
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