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du travail de nuit

Est-ce qu’on écrit pareil la nuit ? Je suppose qu’à Centrale, au Conservatoire de musique, à l’ENS, ils ont eu des cours dans la journée. On a commencé sur le tard, à 18h30. Maintenant, nuit dehors, école totalement vide, dispersés dans la salle avec les lumières, cliquetis des claviers. Ils sont du Japon, d’Allemagne, d’Israël, du Brésil, d’Angleterre. Et puis au milieu Artaud. Il m’arrive de travailler le soir, mais j’aime mieux les matins. Le soir c’est ces petites impros de journal (et même toujours le soir, et toujours impro). Mais pour ce que j’ai à écrire je le macère dans la tête et ce sera le lendemain matin au réveil. Je ne saurais plus faire autrement. Mais pour le travail collectif le temps se déplie et s’ouvre. Chacun appelle sa propre nuit avec lui. Je vais devoir interrompre, qu’on lise les textes. Ce qui me fiche en l’air, c’est l’incompréhension qu’on continue de traîner sur le fait que l’écriture ça se partage, ça s’exerce, je ne dis même pas ça s’apprend. Il y a juste que faire sa place à l’écriture et quelque chose s’amorce qui est plus loin que nous. Je comprend la résistance des momies, et finalement c’est peut-être ça aussi qui est bien, à occuper l’ENS quand plus personne (sauf Fabienne Dumontet et son équipe) ne sait qu’on est là et ce qu’on y fait.

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 mars 2015
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