Donc reprendre le journal depuis ce qui me manque. Le reprendre autrement, à partir de ce qui me manque. Ces derniers mois, beaucoup mis de temps dans les balbutiants apprentissages vidéo, par exemple pas pris une seule photo depuis la visite sur Cape Cod au phare où dormit Thoreau et que vint peindre Hopper. Le lendemain, à Nantucket, je n’ai fait que des mini prises vidéo, et je n’ai toujours pas fait la page blog qui devait aller avec le phare de North Truro. Les fonctions sociales de YouTube permettent à un journal vidéo quotidien (le VLOG, et merci de vos abonnements, ça aide à se faire respecter dans ce grand bazar qu’est YouTube) d’intégrer bien plus largement que ce qu’il montre, et j’apprends à m’en servir. Mais comment faire le lien avec les ressources lentes du site, les travaux qu’on y continue dans une temporalité plus sourde ? De plus en plus déterminé à l’aventure web : mutation qui s’accélère, qui vaut pour toute la société, mais n’est pas seulement une réaction aux ombres et dangers. S’approprier d’autres outils, être dans le grand écart permanent de ce qui s’invente ici et se désagrège ou se rigidifie ailleurs. La vidéo est un outil magique parce qu’elle permet aussi ce qui m’est indispensable, un suspens méditatif qui est notre indépendance et notre respiration même. Mais il lui faut aussi un espace de mots, de libre impro, ces dérives que je mène ici, sur un temps ultra-bref mais hors contrôle. Je le ré-inaugure après 2 mois d’interruption, la forme en sera différente, mais là je ne sais pas encore comment. Je voudrais être plus près du carnet, son hétérogénéité. Pouvoir inclure (comme ci-dessus), la vidéo juste propulsée, tout aussi bien que retrouver le rapport à l’image fixe, mais autrement puisque – carnet – la petite caméra à main levée l’est aussi... Plutôt ça : qu’un site est une maison, qu’on l’habite en le transformant, ou par le fait même de s’y être installé. Faire que je journal, en revenant, soit aussi l’actualité du site, un petit récap, les nouvelles au jour le jour [1] Remercier aussi : par exemple, hier dimanche, une belle vague d’achats sur la librairie numérique et que ce n’est pas à côté du site, que c’est ce qui me permet de le faire exister et que la question de l’intendance il n’y a pas à mettre un mouchoir par dessus. En tout cas voilà, reprise, reprise ! Photo ci-dessus : phare de North Truro, 8 août 2015, pour reprendre où j’en étais. Faut bien dire une chose, en fait : à ne plus tenir ce journal, il y avait un sacré manque à bord – reste juste à le nommer.