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2016.08.19 | de quoi un crapaud est-il l’allégorie

Dans le rêve de cette nuit, j’accompagnais [...] qui souhaitait acheter de gros poissons chez un marchand de plein air, ces poissons me semblaient trop gros et je n’avais pas du tout envie de poisson. On devait être à Cergy puisqu’on remontait, avec un genre de diable trop gros aussi, une galerie commerciale et que soudain je croisais A.I., comme si lui-même avait une raison d’être ici à Cergy en plein mois d’août. Plus tard avec [...] on était sur une plage (je n’aime pas être sur une plage) et l’eau tout d’un coup avait recouvert nos livres. Je souhaitais faire des photos d’une démonstratrice d’un bizarre appareil à vol vertical mais c’était allé trop vite et j’avais loupé les photos. Ajouter que je ne connais pas [...], sinon par Facebook, qu’un moment plus tôt on était dans son appartement et le type avec lequel elle vivait essayait de punaiser au mur un papier genre toile cirée, moi je lui disais qu’il lui fallait une lampe à souder, j’essayais de taper l’expression lampe à souder sur leur ordinateur mais je m’emmêlais dans les lettres et n’arrivais jamais au bout.

C’est ce qui se passe quand on a trop marché en montagne (elle était belle, ça oui), qu’on a mal à toutes les articulations alors qu’on s’endort dès 23h et que donc on est réveillé bien avant 5h, plus qu’à descendre dans la fin de nuit et rallumer l’ordi. Je n’aime pas ces rêves trop directement narratifs et qui s’enferment dans leurs méandres.

Ces 3 semaines ont passé sans que je m’en aperçoive : est-ce que ça aurait été différent si, comme les années précédentes, il n’y avait pas eu la wifi au gîte ? Pas possible de le savoir, puisque précisément on est resté connecté. Disons une connexion plaisir, échange famille amis, et quand même la possibilité de continuer le travail site comme notre loueur, chaque soir, descend dans son jardin pour enlever l’herbe, cueillir ce qu’il y a à cueillir, biner et tout ce qui fait l’incessant travail d’un jardin, mais la métaphore s’arrête là.

Une traduction longue (celle-ci), qui m’a beaucoup plus troublé que prévu, à cause de cette maison justement – et peut-être parce que le dernier Lovecraft, à 3 ans de sa mort, se charge de tant d’harmoniques invisibles. Le travail sur Baudelaire à peine entrouvert, pour avoir compris que ça m’emmènerait probablement aussi loin et sur le long terme que le travail sur Proust. Et puis la mise au point de ce Tiers Livre Éditeur, travail de patience, de lissage, de protocoles, beaucoup de petits machins techniques, mais l’impression que c’est une étape importante que je franchis, et qui va valoir pour le long terme – enfin, le long terme qui vous reste à 63 balais.

C’est aussi parce qu’ici il y avait la wifi que j’ai continué mes vidéos. Montées direct sur le petit écran du MacBook mais chaque fois eu l’impression d’apprendre un petit quelque chose en plus de mon Final Cut, puis mises en téléchargement pendant la nuit pour ne pas bloquer la bande passante. Continué aussi la rubrique Ouvert aux amis de la chaîne, il se passe vraiment quelque chose à cette appropriation collective d’un outil tout à fait apte à la création ou à une intervention parlée qui n’a rien de l’air du temps : mais on n’a pas encore conquis, de celles et ceux qui nous regardent, le réflexe de cliquer sur s’abonner, pourtant rien d’autre qu’une commodité (côté visiteur) qui lui permet de savoir ce qu’il y a de neuf dans le petit bouquet qu’il s’est constitué, mais pour nous c’est décisif pour la propulsion, pensez-y, c’est une aide vitale que de contribuer à pousser le nombre d’abonnés de chacun de celles et ceux que vous suivez ou appréciez...

Dans les rêves, le fait de filmer ou de photographier a de plus en plus pris la place de l’obsession à écrire, même si le réflexe d’ancrer l’écriture sur ces traversées du rêve est bien solidifié. Il faudrait écrire au quotidien, chaque matin, les choses photographiées ou filmées en rêve.

L’avantage d’une usine comme – même aussi modeste que – cette plateforme de livres imprimés, c’est la masse de chantier que ça vous ouvre. Là, se recoller aux versions numériques, ajouter sur Immatériel les versions num des nouveaux titres, et encore plusieurs titres papier à finaliser et joindre, mais c’est bien de faire ça dans la paix de la tête : ces longues marches quotidiennes, dans la nature d’ici, y contribuent. Du coup, pris des décisions que je n’aurais pas accepté avec la seule raison, ou les contraintes de réel habituel : et on se sent mieux, à assumer les décisions prises sur le seul fond de la cohérence et de la nécessité intérieure.

Et pas trop osé penser à ce qui va s’accumuler à partir de mi-septembre jusque mi-décembre et comment on pagaiera là-dedans.

Hier soir, vu un gros, très gros, énorme crapaud se traîner avec lenteur et maladresse sur les cailloux à pleine lune. Dans l’enfance on en croisait beaucoup, de ces bestiaux. Là, très longtemps que je n’en avais pas vu un de près comme ça. Je ne sais pas si ça a contribué à ces rêves insanes du matin, avec le corps plein encore de ses courbatures de bas en haut.

Est-ce qu’un crapaud est une allégorie ? Et de quoi ?

Photo haut de page : livre, musée de Providence, il y a juste un an (l’avant-veille du départ) – pas de rapport direct encore que (Lovecraft a forcément vu ce tableau). Mais c’est depuis qu’à cause de ces fichues vidéoe je ne prends plus de photo, je n’arrive pas à faire les deux à la fois et n’en ai plus en réserve dans mon Lightroom, j’en souffre.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 19 août 2016
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