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2017.01.24 | Orange sexisme pourri d’État

 soit le parvis de la Défense et partout où sont ces panneaux publicitaires consommant chacun en un jour autant qu’une famille en un mois (j’exagère un peu mais vraiment pas) ;

 soit le feu mitraillant chaque 3 secondes de 5 annonces plein écran d’Orange, opérateur national de la téléphonie ;

 c’est connu, la publicité ça marche mieux par l’humour, tout le monde est prêt à en rire n’est-ce pas, ça ne fait pas de mal et les grincheux ils doivent avoir un ulcère à l’estomac ;

 et si ça fait sourire c’est qu’on pense tous comme ça, on a ce petit recoin en soi, c’est appel à la connivence, à connivence d’en bas ;

 ainsi, c’est connu que la lecture c’est respectable et profitable, mais la messe est dite, qui mettrait encore 3 sous dans l’intelligence ou la poésie, alors on y va, je vous laisse découvrir l’humour d’État, l’humour avec vos sous, l’humour que vous prendrez plein pot 3 secondes par 3 secondes en attendant votre métro ou RER du boulot, la preuve c’est que si mon RER A pour Cergy n’avait pas eu 20 minutes de retard ce matin, je n’aurais pas eu Orange pleine face en soufflant sur mon gobelet de café souterrain...

 tant qu’on y est, n’oublions pas cette merveille : ô réseaux sociaux, ô notre fraternité belle des réseaux, informations passées de la main à la main virtuelles, liens rares, réflexions et discussions en partage – alors faisons veau de toutes eaux, la révolution c’est quoi : un attrape-client à tous les miroirs veules des publicitaires d’État, en janvier c’est les bonnes résolutions donc voyez l’audace du jeu de mots ça fera réseaulutions mais comme on a vraiment peur, bouché comme vous êtes le matin à 8 heures, on vous coupe le mot d’un tiret, le jeu de mots ça y est vous l’avez ? applaudissez, citoyens, voici la réseau-lution...

 et donc la lecture oui, mais de la presse qu’ils disent people parce que si on s’accapare révolution le mot peuple ça ne marcherait pas, et de toute façon ce serait erreur de traduction, lisez oui, mais lisez la presse caca, la presse scandale, la presse potins, est-ce que d’avance vous n’êtes pas bon qu’à ça ? (c’est une citation littéraire, ajoutai-je, pour si un Orange qui passe...)

 la preuve qu’on est dans l’humour bon enfant, la belle spécialité franchouillarde bien crasse, c’est que l’humour Orange il vous avoue de suite qu’il ne compte pas aller plus loin que le bout de votre porte-monnaie, voilà ce que ça donne pour le sport et le consumérisme, bien sûr valeur commune comme tout le reste – bien sûr le foot ça intéresse tout le monde, est-ce que ce n’est pas à cause de ça qu’on avait prolongé leur état d’urgence jusqu’à leurs coupes de je sais pas quoi l’été dernier...

 mais si pour la lecture je grince, et pour le sexisme premier degré je coince, j’ai un pincement triste à les voir se fader l’écologie comme si c’était une vieille tarte à la crème – le jour même où Saint Trump protégé de Dieu (il l’a dit) ré-impose par décret fractionnement des gaz de schistes, oléoducs et forages arctiques, voilà comment Orange a conscience et responsabilité d’un développement durable, et s’essuie les pieds sur la commune planète... c’est de l’humour on vous dit, c’est juste pour rire on vous dit...

 alors espérons qu’il se trouvera une Suédoise de passage pour leur demander la raison de l’attaque, et à quoi il ressemble, dans la tête d’un Orange (un vrai, un beau cadre à petite barbe bien taillée juste poussante et cravate sur col bronzé fitness), le conard qui voudra pratiquer la recette pour apprendre la langue... la quoi ? la langue... la même que... oui oui chez Baudelaire et Bossuet aussi, ou chez eux Strinberg et Bergman...

 alors que ce soit comme ça chez eux dans leur tête, capables d’exporter aussi leur ex-directrice à la tête de toute la télévision d’État, à la limite c’est pas grave, je paye ma fibre tous les mois et basta – mais je ne pardonne pas, dans la déchéance SNCF qui me bloque 2 semaines consécutives en rade sur le quai de métro, d’être obligé de me le fader aussi : si je ne mets pas un pavé dans leur écran, je suis donc complice ?

 et puis quand même un autre truc : on serait dans un monde qu’irait bien pourquoi pas, que les cons rient de trucs de con peu m’en chaut – seulement, c’est ce vautrer par le bas qui devient religion d’État, culture à la place de la culture, et la principale ponction de fric, elle n’est pas pour les livres, mais pour nos abonnements asservissement – vous êtes prévenus : Internet (la 4G, bizarre mot fait d’un chiffre une consonne et pourtant on comprend) c’est juste ça le terminal – le chat suédoises, les potins de couloir à lire, la planète à se torcher avec – et c’est ce bien ce monde-là qui est en train d’avaler le nôtre : il y a encore quelque temps, on pouvait croire que tout ça était souterrain, subreptice, couvant, mais dans nos souterrains de maintenant c’est dit : l’aveulement, c’est déjà l’avènement.

J’emmerde Orange et ses pubs à s’abaisser devant.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 24 janvier 2017
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