< Tiers Livre, le journal images : 2019.10.29 | voir le livre en peinture (20 fois)

2019.10.29 | voir le livre en peinture (20 fois)

Il y a bien des années que j’ai pris l’habitude, dans les musées, de faire des relevés photographiques de comment la peinture traite le livre. Selon chaque époque, selon chaque système de code, on reparcourt non pas la forme matérielle du livre (encore que bien curieuse ci-dessous cette figure XVe avec iPad), mais le registre de ses formes symboliques — et, mieux encore, la projection époque par époque des formes symboliques du livre antérieures à elle-même. Ou la façon dont s’assemblent le langage et la science, ou la façon dont se rejoignent le lire et les représentations de l’écrire. Ou comment le livre, en peinture, est pris précisément quand on ne le lit pas, et que dérive ou rêve le regard. Ou l’autorité dont il est censé rester dépositaire. Ou qu’il ne dispose pas des mêmes attributs selon qu’il est lu par un homme ou par une femme, selon les époques (deux images ci-dessous sont peintes par des femmes). Ou comment nos amis artisans les peintres peinent à représenter les lettres, comme si pour nous une page pouvait être grisaille. À force, et quoique un peu dispersées dans les 30 000 ou 40 000 jpg de ce disque dur dont il serait bon qu’une fois je fasse une copie de sécurité, j’ai une belle collection. J’en ai une autre de mains, et d’autres dont ce n’est pas le lieu de parler ici. Cela donne crûment la limite et la relativité de quoi, de l’art, ou de ce qu’en gardent les musées ? En voilà 20, faites ce dernier dimanche (il pleuvait), au très masculin musée des Beaux-Arts de Nantes, même si son « Cube » accueille quelques noms amis : ce sera notre héritage de plumitifs, avoir été l’ami de quelques artistes que les musées collectionnent. Le texte ci-dessus n’est pas obscur, mais précis (en tout cas, pour mon usage). Et ce billet, accompagné de 20 images, une façon probablement de dire merde au monde : qu’il traite le livre et nous-mêmes avec toute sa vulgarité marchande, on s’est enraciné bien autre part, où ils n’atteignent pas.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 30 octobre 2019
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