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malheur du bouton de manchette

Première fois depuis 3 semaines que je reprends le train. Quel malheur pour cet homme, mon voisin, bien plus jeune que moi, cheveux en arrière avec gel, fines lunettes, et bloc « Idea » dans lequel il a inséré une liasse d’e-mails imprimés pour sa journée de travail, et les plans d’accès des bureaux de ses clients : il n’arrive pas à boutonner le bouton de manchette droit de sa chemise. Du moins, le premier, mais pas le deuxième (pause, je baisse l’éclairage écran, pas qu’il lise à distance, mais non, il a fermé les yeux), donc voilà plus de dix-sept minutes qu’il lui a fallu s’agiter pour venir à bout de ce bouton, on a dû lui offrir la chemise à Noël, ça l’énervait, même, à force. Et qu’il tourne et se retourne, allez vous concentrer sur votre texte et Schumann (Fantasiestücke pour évacuer les conversations des dames de Vendôme devant, au fait l’aller-retour est passé à 53,40 euros, ça doit être en proportion des habituels retard en raison d’un incident de gestion du trafic je ne l’avais pas entendue celle-là). À son poignet gauche une montre tout à fait sérieuse, comme si on n’avait pas tout le temps l’heure sous les yeux n’importe où, et poignet droit un tout petit bracelet de cuir, il y a toujours ces tous ces types (cravate rayée à tonalité rose, alliance) le petit détail qui veut dire quand même qu’ils ne sont pas complètement bouffés par le système qu’ils entretiennent, et qu’il faut bien le montrer au même endroit des signes qu’on vous force à avaler : fichu bouton de manchette.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 9 janvier 2009
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