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respecter les araignées

J’ai toujours vu mon grand-père (paternel, né en 1899, comme Ponge, Sarraute, Michaux, drôle d’année) devant un établi, le long du mur de son garage sous les panneaux Michelin ou bougies Marshall jusqu’en 1965, et l’établi avec étau dans une petite pièce à lucarne en entresol ensuite. C’est sans doute ça qui m’a décidé, en arrivant dans cette maison : ce grand établi de menuisier (avec étau), avec lucarnon au ras de la rue. La possibilité de déployer les bouquins, et tous ces bricolages qu’on traîne, disques, matériel son. Entre la fenêtre et moi, une belle toile d’araignée. Mais cela aussi évoque souvenir de grand-père, l’autre, enfin son propre établi, pendant toutes les années d’après sa mort, livré aux araignées. Alors je n’ai pas touché celle-là, pour l’instant. Ponge et Michaux l’encadrent. A l’ordi, ces mois-ci, du mal à travailler assis, genre bureau. Pour les heures de concentration du matin, pas besoin de paysage. Je préfère un tabouret et même, sur le grand écran, debout devant. Et quoi de mieux qu’un établi pour ce travail de volume qu’on a à faire – c’est l’idée du travail, de l’artisanat, qui convient à ces plans de bois massifs, usés par ceux qui vous y ont précédé.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 23 août 2009
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