< Tiers Livre, le journal images : drapeaux

drapeaux

une autre date au hasard :
2007.09.18 | Baudelaire après l’été
François Dumont ayant répondu à précédent billet sur mon porte-clés avec feuille d’érable, il me semble important de ne pas laisser cette discussion en commentaires, mais à égalité de niveau. Avec ma réponse, et tout simplement merci, François.

 

message de François Dumont


À propos du porte-clés : « mal vu », ce n’est pas tout à fait ça... Le Québec, comme l’Acadie, comme l’Ontario français, et d’une autre façon, plus dramatique, les nations amérindiennes, sont des sociétés dominées, et le drapeau canadien représente cette domination. Ce n’est pas le cas pour toi, évidemment, et je sais bien que pour plusieurs Français, qui ne connaissent pas ce sentiment d’être représenté par une majorité étrangère, l’identité québécoise apparaît comme un repli qui conduit à la manie de tout diviser. Le sentiment d’être soumis à un pouvoir étranger ne m’empêche pas d’aimer Vancouver ou des écrivains canadiens-anglais, mais m’identifier au Canada, ce serait considérer que la situation me va telle qu’elle est. Par ailleurs, je serais curieux de savoir quel sens ça aurait pour toi d’avoir un porte-clés bleu-blanc-rouge... C’est bien différent, certainement, mais ça me semble difficile de considérer qu’un drapeau est innocent — ou pur signal d’ouverture d’esprit...

À la prochaine,

F. D.

 

et ma réponse


ah là tu me coinces, François, effectivement je ne me vois pas trimbaler mes clés de voiture à un insigne en bleu blanc rouge

je crois que je comprends parfaitement cette question de domination étrangère, je citais textes de Gaston Miron, mais c’est évidemment présent dans bien d’autres livres de votre littérature

et je peux l’interpréter, ne serait-ce que familialement, et très profond, via récents équivalent, 39-45, mais je pense aussi beaucoup à l’indépendance algérienne

dont acte, donc - même si c’est vrai que ce pauvre porte-clés en feuille d’érable signifiait surtout pour moi (jusqu’à ce que tu m’en parles !) la joie d’être parmi vous, voyage qui me rend bien plus citoyen du monde, probablement, que Québécois provisoire

d’un autre côté, mais tu le cernes avec précision, du mal à séparer ce qui tient du Québec de la situation des autres communautés francophones – ma petite incursion en Acadie en mars dernier, et découverte de l’échelle de la brutalité qui leur a été infligée - et surprise permanente, y compris à Montréal où c’est si souvent en anglais qu’on s’adresse à vous dans les magasins, de comment les communautés ici se croisent sans vraiment se connaître

un auteur new yorkais comme Nicholson Baker dans le Maine est-il pour moi plus étranger que, par exemple, Nicolas Dickner, par rapport à ce qui nous rapproche, ou bien eux deux nettement plus proches malgré la langue, si un continent me sépare d’eux ? pour moi la question de langue tellement secondaire désormais par rapport à nos enjeux de culture – et de lutte contre "domination", ton mot...

fraternellement en tout cas et MERCI


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 29 janvier 2010
merci aux 454 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page