< Tiers Livre, le journal images : 2010.04.08 | François Place inuit

2010.04.08 | François Place inuit

Voir est un travail. Voir s’apprend avec des médiations concrètes. Dans le travail avec les étudiants, souvent on s’embarque dans ces zones : utiliser la périphérie rétinienne, savoir analyser son propre chemin de perception de l’image. Il y aussi, sans doute, méditer en tant qu’activité de l’extrême, et on est si humble dans ce qui très lentement y mène (tiens, Jean de la Croix ?) Pour cela que nous avons besoin, comme de la lecture, du musée, où qu’il soit - et là aussi le chemin qui y mène fait partie du regard (comment accepter, de Londres et Paris, la non restitution de ce qui a été pillé en Égypte et en Grèce, puisque c’est d’actualité ?). Québec est une petite ville de (belle) province, le contraire de l’exubérante et violente Montréal. Un des lieux qui servent d’antidote, c’est cette salle toujours quasi déserte du musée des Beaux-Arts, consacrée aux artistes du Nunavuk. Il faut y attendre, à revenir on perçoit encore différemment. La dernière fois, j’avais relevé les noms dans mon carnet (oui, j’ai un carnet dans la poche, dans les musées, toujours) : nécessaire pour retrouver ensuite sur le web Barnabus et les autres. Mais celui qui, dans le musée, au lieu de placer des mots dans son carnet, redessine : que se joue-t-il de mémoire dans la main elle-même, en quoi cela déplace-t-il son regard par rapport au mien ? Dans ces salles où l’appareil-photo est interdit, qu’emporte-t-il de ce que déplace, en soi-même, ce qu’on regarde -– et qu’on nomme art ? Pas eu la réponse de François Place, on est parti en le laissant seul, dans la pénombre, dessiner encore.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 8 avril 2010
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