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adieu la ligne

une autre date au hasard :
2020.06.20 | triste comme un métro vide

Encore un voyage Montréal jeudi prochain (à Olivieri avec Martin Winckler) mais c’est trop cher pour que je m’offre ça ensuite. Donc hier c’était l’avant-dernière, avec embarquement aube, le bus de 5h30 arrivée 8h45. Curiosité que la terre et les arbres qu’on a vus rouges, puis gris, puis blancs, puis ces semaines de début d’année tristement noirs, soit dans l’éclatement des verts. Cette ligne, toute saison, je ne la connais que lumière rasante plein est. Ces aller-retours étaient lestés du double rendez-vous étudiant qui m’attendait, livres dans le sac, séance à conduire. Mais je suis sans doute physiquement éduqué à ces rythmes vécus en Europe par le train régulier. Temps de closure. Il y a l’ordinateur, le casque pour enlever les conversations alentour, et la prise de courant dans le siège devant. J’ai quasiment chaque fois la même place, et reconnais ce qui défile à ma droite. Avais même en janvier ébauché un projet de docu vidéo comme on avait fait Paysage Fer, tout filmer comme ça, depuis le bus, mais ensuite se rendre pour de vrai dans tous les endroits aperçus, savoir les visages, les vies. Des kilomètres séparent parfois deux signes distincts. Mais les temps ont changé : on ne vous donne plus comme ça le feu vert télé pour une heure d’Arte un samedi à minuit. Dans un long fichier, construit de voyage à voyage, j’ai la liste de toutes ces choses aperçues selon la minute où elles surgissent : le bus est infiniment régulier. Alors je regarde comme un au-revoir.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 15 mai 2010
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