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2010.05.27 | à Québec en pechakucha

une autre date au hasard :
2009.08.05 | souvenir du port de Gênes

Pechakucha, j’ai raconté, le mot vient du Japon, et ça s’est fait déjà dans plus de 300 endroits. Une forme stricte : 20 images qui défilent automatiquement, une toutes les 20" (étonnant comme finalement on peut raconter, en 20 images), et vous ça vous fait 6’40 au micro. C’était à Québec, au Cercle – voir leur page pechakucha Québec.

J’avais évidemment préparé : une séquence de 20 images de la même usine, l’usine à papier Birch, en pleine basse ville de Québec, telle qu’elle apparaît depuis différents points de la ville, avec chronologie sur 4 saisons. Et je lisais en impro des notes prises dans le bus 801 qui traverse Québec dans sa longueur, visages, silhouettes, mots. Au début sur un fond de batterie de John Bonham, puis relais par texte off perso avec delays et traitement, puis un son de basse aussi enregistré préalablement (Amérique 17 – première fois que j’utilisais en public mes propres pérégrinations à la guitare basse, ai dit à personne qu’avais fait la bande-son !).

Impressionnant à 20h de voir surgir tous ces gens, impression d’être de loin le plus vieux de la salle, coordonner avec les écrans, la console son, trouver un tabouret pour poser l’ordi, lire le PDF à même l’écran sans trop pencher la tête.

A l’intervalle, j’ai le luxe de 15’ pour lire extraits de mon travail en cours sur Buffalo, première fois que je teste –- image liée au texte en grand écran juste derrière moi, et 2 autres images de cette série en aléatoire sur les 2 autres écrans muraux.

Conclusion, 1. Génial, qu’on nous propose une contrainte pour littéralement écrire le temps d’intervention. Partition numérique avec images, sons et corps. Avec les moyens de le faire : 3 techniciens (merci spécial à Louis-Robert Bouchard), ordis dans tous les coins, vidéos-projo, densité et politesse : ceux qui écoutent savent quel est le contrat temps.

Conclusion, 2. Un, je découvre les autres intervenants : les urbainculteurs qui reconfigurent les toits de la ville, l’architecte qui parle du rapport des couleurs dans le paysage naturel et du plaisir à dessiner y compris les concessions automobiles sur rocade, le peintre qui refait sur l’eau du fleuve les catastrophes et fantasmes du monde, l’urbaniste qui s’intéresse aux espaces troués de la ville et propose un projet de reconversion des parkings en espaces végétaux avec circulation piétonne croisant les flux commerciaux et automobiles... Deux, les autres intervenants me découvrent aussi : accessoirement, que la littérature, c’est pas un truc ringard qui se passe à côté d’eux – mais aucun pour préalablement connaître ce site. Une intervention littéraire appelle la communauté littéraire, et même nos sites nous restreignent à notre communauté. Hier soir, le Cercle (merci à Jean-François Jasmin et Matthieu Dugal) cassait les cloisons des communautés.

Exemple : la grosse partie de ma trouille, c’est la façon dont j’étais perdu avec mon propre objet. Je ne reviens pas de mon année Québec avec un livre, mais avec une carte ouvrant en étoile sur des textes de fiction, eux-mêmes liés par des mots-clés pour navigation transversale, et ouvrant de l’intérieur via liens hyper-textes sur des éléments réels associés. Qu’est-ce que c’est objet, hors le fait qu’il n’est pas assimilable par le livre ? Et je découvrais que chacun des intervenants avait aussi utilisé une image Google Earth : ce que je vivais comme un écart dialoguait naturellement avec réflexions sur la ville de ceux qui m’accompagnaient hier soir.

Rare. Rare tout cela. Gratitude. Ce matin, grande forme (et tout le matériel revenu vivant. Ah, la réaction du technicien son : -– Quoi, un MD-441, il est à qui ce micro ?!).

Matthieu Dugal, Jean-François Jasmin

François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 27 mai 2010
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