(pour @otacheau) On s’était revus avant le départ Québec, donc je savais qu’il prenait sa retraite. Et même qu’il faisait démonter le pont-élévateur pour le réinstaller dans une grange, près de là où il partait : pour bricoler ces vieilles voitures de rallye, R8 Gordini, Floride, la petite Matra jaune etc qui étaient son dada. J’y venais pour l’entretien courant, comme pas mal du quartier, des fois il fallait se battre pour qu’il quitte l’atelier, s’assoie à son bureau et fasse enfin la facture. Et le matin en allant chercher le pain, il levait son portail, on se serrait la main, on parlait au moins de la météo et du chien (il avait un chien, puis devenu aveugle, puis parti sans être remplacé, le chien). Si j’y venais, c’était pour ces perceptions d’enfance qui remontaient, à l’odeur des pneus, du cambouis, au bruit de la soufflette à air comprimé, et d’autres objets – la planche métallique aux 4 roulettes pour se glisser sous les moteurs. La maison était attenante à l’atelier, type années 60, la cuisine qui donne dans le bureau du garage (c’était pareil à St-Michel en l’Herm), couloir et salon en bas, 2 chambres au-dessus : pendant 40 ans ? Sur la vitre du petit bureau, l’avis de démolition de la mairie. Ils ont racheté la maison du Shérif aussi, derrière – c’est lui qui aimait bien qu’on l’appelle comme ça, il surveillait tout dans le quartier, mais moins les derniers temps, avec le trou et la petite gaze dans la gorge et le petit bloc pour les notes devant lui, fin de fumeur. Il y aura un immeuble, des parkings. J’ai toujours pensé que j’aimerais bien m’installer dans un garage, l’ordi, des enceintes pour la musique, une grande salle pour marcher et bouger (les livres non, ça n’irait pas ici). Je pense que je le reverrai, le garagiste, on se revoit tout le temps, dans nos provinces : au supermarché, probablement.