Sméraldine | Pour grandir

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Au départ famille nombreuse. 2 sur 5. Ça donnait droit à réductions. Puis l’aube commence, l’affirme, l’ancre, la pousse quelque part aux antipodes. Branche détachée d’un arbre sec – va, vit, devient, est — un arbre complet —. Prof en supérieur, « Commerce », aux antipodes encore. Un peu saoule au départ et contractée, de plus en plus dans ce métier, difficile. Aime : les jeunes, les chats s’en allant seuls au crépuscule, les chants d’oiseaux, forêts, bords de mer, tomber en toute petite quantité, se relever, - danser quoi !! - , percevoir , morceaux de littérature et leurs auteurs , Mozart, Rossini , Bach, les peintres , pas les coloristes, les peintres , les vieux, les fêlés, - l’autre et les autres — , — écrire , lire , devenir —, apprendre encore, les fleurs . Et plus que tout, les flamands roses.
proposition n° 1

Elle a 21 ans bientôt 22 — Elle est venue, simplement venue – avec sa sœur — jamais venues en ce lieu – Première fois .Elle, se tient là, statufiée — ne parvient pas, à distinguer – A-t-elle froid ? – Est-elle en froid, délicatesse ? Quelque chose glace — une porte ouverte, une fenêtre, de ce château, un courant d’air ? Ses os, sa peau, son cœur même – choqués. La vieille, belle, encore, mais grabataire — assise à demi inconsciente – ça sent, — la pisse, les larmes, les restes de repas moisis, le vieux château angevin, l’Histoire lourde à porter – la guerre – les guerres, les dissensions, le manque d’hommes, de père, les gosses . Aux épaules, elle a, -– mal, haut du dos, gorge et plexus bloqués. Se tient là devant elles, trop jeunes filles, — D, « La Vieille », leur grand- mère. « La Vielle » bave et se dissout dans ses larmes : « Mes petites » dit- elle.

« Ne verras …, ne verras JA … », il y a 23 ans, le fils a dit... le fils a dû -– (car toujours, il faut, — pour grandir, continuer, — se séparer) , le fils a dit « Tu ne verras… regarde-moi bien…, — JAMAIS ! …tu ne verras…,— …mes enfants ».

proposition n° 1, bis

Thignonville, Intville , Rouvres St jean , Audeville , Méréville … entre 2. 3 et 4.76, les distances sont courtes les distances sont calculées — en vol d’oiseaux – Vols d’oiseaux allant à l’aise et ailes au cul des tracteurs, dansant déjà dans la lumière , dans la poussière des grains déjà — tourterelles pigeons — , bientôt déroutés des cerisiers — derrière le mur s’apprêtent . Les bennes déversent parties de la récolte en cours — Blés, blés, blés durs et tendres —appellent moineaux pinsons, fauvettes ivres de blé, se jettent sur les semences, dans l’air déjà collant, sucré, piaillent, se cognent la tête, pattes et ailes, — au corps des autres — . Sermaises , petite commune en cœur de Beauce , mi-chemin entre — Pithiviers Etampes —, Avenue de la gare , de part et d’autre — de la très petite gare : hangars , silos, magasins de stockage et autres pèse tracteurs . Des hommes conversent petit matin en short et casquette, — au roues des Massey Ferguson, des Fords ou des John-Deere — dorées déjà les peaux, tannées. 7h45 à peine, Il tire les rideaux, dégage les volets, c’est plein été , des hommes bennent et conversent dans la lumière dans poussière des grains au pied des silos en tôle galva.

proposition n° 8

Ici comme ailleurs, personne ne veut ne souhaite — bourgade cimetière — n’en pluie finir et ce qui en découle : Obscurité, tristesse, étouffement. Beaucerons, beauceronnes suicidées, il se souvient de quelques-uns, de ce sujet à table. Ici plus qu’ailleurs, personne ne veut ne souhaite ni ne désire – « Oh Beauce morne plaine à engloutir ! » — Dans cette eau, dans le flux de cette eau sur les toits les vitres les bords de route — dans le flux de cette eau sur les plateaux calcaires — hectares de terre arable et fertile , délavée de Roundup et autres fongicides — C’est dans cette eau polluée, cette eau de rinçage , qu’il a dû — apprendre — malgré tout – qu’il a pu et très correctement — apprendre — à nager .

proposition n° 9

Pas le moindre signe sonore, si ce n’est celui du vide, de l’ennui ; bourdonnements d’abeilles et de guêpes autour de nos fruitiers, sécateurs. Les allers venues de voiture étaient rares, Avenue de la gare. Dès la fin juin pourtant, turbines en continu des moteurs de moissonneuses-batteuses, des tracteurs à l’approche avec leurs bennes, leurs vieilles remorques sursautant sur les nids de poule, trous et autres irrégularités de la route, de l’Avenue de la gare. Turbines encore : des ventilateurs ventilent de jour comme de nuit, les hangars et silos — Hitch Hatch et scratch scritch — le sang de maman picote — se gratte au sang à ras bord les veines — notre Maman allergique à presque tout et plus que tout à la poussière des grains. Trille des moineaux et battements d’ailes d’oiseaux gros gras repus, pigeons pinsons et roucoulantes tourterelles, petits coqs de basse-cour au matin, clocher. Radio en continu le soir à partir de 18 :30 «  jingle du journal de 19h et du téléphone sonne ». Comme une berceuse, quelques chiens hurlant certains soirs et la Nationale 20 au loin, sifflant à nos oreilles les jours de vent d’est, les soirs où on faisait sa traversée pour « aller au lait ». Dans la tête comme une coulée d’agaves en sirop, toujours premier au hit-parade de François Diwo dans le vieil autocar SETRA 100 qui les ramène du lycée : «  Le cœur grenadine ».

proposition n° 11

Le matin, seuls sont admis sur le parking les camions SODEXHO, les camions réfrigérants.

Ouvert 5 jours sur 7, 11h30— 13h00.

Contourner par la droite le bâtiment A ; se faufiler par la partie droite de la file chamailleuse des gamins affamés ; élégamment tenir, la porte, aux collègues — Les précédents sont une aide aux choix de ce qu’on veut sur le plateau sur ses papilles — .Sodexho, une fois de plus, respirer ; Badger une première fois pour décoincer la pile, un plateau tenter d’extirper, « un plateau coincé ! », rapidement appeler, « Nicole ! », dysfonctionnement de la cellule photoel… ; repérer les gens dans la file, les gens qu’on aime, bien : Antoine , Sandra , Brice ou James ; bien caler son plateau sur le rail pour éviter que ne glisse que se reproduise une coulure de crème, anglaise ; au loin, repérer le calot du cuisinier , — ils sont deux tels Laurel/Hardy, Laurel plus généreux — ; s’inquiéter du crédit qu’il reste sur le badge, sur la formule se, décider : entrée—plat ou plat—dessert ? ; les yeux et les sourcils froncer, mieux voir, douter, réfléchir vite : ça pousse derrière, heure d’affluence, de pointe ; une soucoupe de tomates pâlottes et sa vinaigrette sur le plateau, poser pousser le plateau, une part de Bleu désirer regretter tendre le bras demander au collègue derrière, « le Bleu ! » ; sourire au cuisinier à la louche ; entre Bof et Bof, choisir, l’alternative du jour le menu éviter les calories, compter, de réfléchir à l’équilibre alim., à ce qu’on mettra au dîner pour l’équilibre, rétablir ; attendre la question « thé ou café ? », badger, entendre que le compte est approvisionné, à jour , le Bip ; la dosette d’expresso et son double emballage, saisir ; vite la bruyante volière verrière à écoliers, survoler vite ; dans « l’espace profs » , espace protégé, se réfugier ; les 3 rangées de tables du regard, balayer, partager pause déjeuner convivial autour de la table où Il y a toujours, heureusement, deux bouteilles de bon vin, de Touraine.



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1ère mise en ligne 12 juin 2018 et dernière modification le 21 juin 2018.
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