contribution auteur | Stéphanie Rieu

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Entre travail social, jardin et écriture, j’aspire à l’équilibre, le cherche en permanence.

Ses contributions à l’atelier ville.

Propositions 1 _ 2 _ 3 _ 4 _ 5 _ 6 _ 7 _ 8 _ 9 _ 10

proposition n° 9

source de l’apocryphe
Ce jour de blancheur un peu nauséabonde où la neige est venue ralentir mes trajets. Perdue dans la pampa avec ma voiture à deux doigts du fossé et tout en haut du col. Aucune visibilité dans ces trombes de neige. Plus moyen d’avancer, encore moins de reculer et des pompiers occupés partout ailleurs que là où il aurait été utile qu’ils soient. « Attendez le passage du chasse-neige ! », avaient-ils hurlé, sourds à mes supplications téléphoniques. Encore une preuve de la désaffection des services publics envers le milieu rural. Encore un moyen de me montrer que je n’étais peut-être que de passage ici. Pas une native : une pièce rapportée seulement. Rapportée par qui, d’ailleurs ? Ne m’étais-je pas transportée là-haut toute seule ? Avais-je suivi un mouvement qui m’échappait maintenant ? Quand avais-je décidé de poser mes valises sur ce sol inhospitalier qui se rappelait sans cesse à moi dans ce qu’il avait de plus désagréable ? Qui se refusait à me reconnaître comme une des siens même dans les épisodes tragiques, même en état d’alerte rouge ! J’avais beau creuser et fouiller, rien ne me revenait en tête, plus le moindre souvenir du moment, de la bascule qui m’avait conduite ici, pieds et poings liés à ce territoire hostile. J’ai décidé de me dégourdir un peu les jambes et la tête et je suis donc descendue précautionneusement de mon véhicule. Heureusement que j’avais eu la présence d’esprit de chausser mes bottes fourrées car je me suis enfoncée dans la neige jusqu’à mi-cuisses. Au bout de trois pas, je devais plisser les yeux pour ne serait-ce qu’entrevoir les phares allumés de ma voiture. C’est là que je me suis souvenue de ce vieux caillou planté à l’embranchement un peu plus loin, en guise de pierre tombale et que j’ai regagné au plus vite l’habitacle sécurisé, soupirant presque d’aise à l’écoute du ronron douillet du moteur, me figurant que j’étais sous une couette de plumes légères, attendant la fin de la tourmente en sirotant un thé fumé bien chaud.

source de l’apocryphe
Plus tard à la nuit tombée, toujours dans la fournaise, l’homme réapparait sur le bord de la route. La fatigue marque ses yeux. La poussière incrustée dans les plis de son front s’est débattue longtemps contre les rigoles de sueur venues la déloger. L’eau sirupeuse et salée a fini par triompher. C’est une maigre victoire qui ne vaut en rien celle qu’il ramène entre ses doigts. Dans son poing serré, il tient le lacet retrouvé, jauni, un peu effiloché, exténué lui aussi d’avoir suivi le vent brûlant sans trêve ni repos. Il ne se relâche pas pour autant, pas tout de suite, disent ses enjambées prudentes, il a encore à s’assurer que les deux objets se reconnaissent. Le hasard n’aura pas toujours le dernier mot. L’homme chemine déterminé, scrute le sol, repère la canette au bruit que font ses pas qui sondent doucement les écueils du parcours. Il retient son souffle. Il s’étire lentement en se frottant les reins puis grimace. Il s’agenouille, tâtonne du plat de l’autre main. Son corps tout entier se tend quand il ne sent rien d’autre sous sa paume que le métal cabossé. Sa respiration se fait lourde et ses épaules s’affaissent. Sous son crâne en éruption, une autre route s’assemble. Délicatement, il sort de la poche arrière de son jean son mouchoir fatigué et maculé de traces et le dépose au sol, calé par un caillou. C’est une offrande au destin qui persiste à courir. C’est pour continuer à chercher. C’est un moyen de remplir les vides, d’inscrire des points quelque part, en suspension. Sa sensation de malaise s’en atténue d’autant. Il attache à la canette l’extrémité du lacet, laisse le tout pendre par-dessus son épaule et regagne sa voiture. Il repart. Il y est presque mais c’est ailleurs.

source de l’apocryphe
C’est ainsi qu’elle s’imagine la disparition du violon quand elle ne peut pas faire autrement… la disparition minutieuse et invisible des objets et des gens, grignotés lentement par l’air du temps. Par l’air de ce violon qui ne lance plus ses notes et on a oublié ce qu’était devenu le jeune homme qui le faisait chanter… grignoté lui aussi ; pas encore tout à fait, pas sur le papier glacé des photos que l’on garde sous clef… que l’on garde en témoignage d’un passé… de ci de là, une architecture, un costume, un souffle d’air que l’on devine et qui fait se pencher les bouleaux et les trembles du parc… mais que dire de l’intérieur et des vies grignotées par le temps … que dire des émotions… de l’amour poignant peut-être, du violoniste pour la lumière du parc… de cet étang de larmes épanchées qui a fini par s’assécher… de ces bombes ravageuses dont on ne voit plus que les ombres et le paysage au travers des murs… et les machines, et les hommes… ces ouvriers du quartier partis en poussière, pas le temps d’être grignotés eux, sauf peut-être par leurs tourments à l’intérieur… que dire et que garder de ces souvenirs inconnus … quelles traces après la sciure ? Juste l’image du château en train de se noyer… celle du kiosque avec ses tiges rouillées qui s’élancent et ce vieux plancher encore assez solide pour deviner un bal… un bal sans joie, sans violoniste… un bal en pleurs et en tristesse. Sous les feuillages, les gazouillis… plus loin encore, les mâchoires du temps qui désagrègent et qui digèrent l’indicible.

proposition n° 8

Une brève histoire de Camilla la Folle

Il semblerait que la jeune Camilla ait découvert la foi sous une haie piquante grâce à l’irruption divine d’un cadavre de sphinx. Bravant les interdits, elle enterra l’animal au nez et à la barbe de son père (un imminent entomologiste athée dont l’érudition lui avait valu d’épingler à son veston plusieurs distinctions honorables délivrées par de hautes autorités locales, dont le maire du village- un homme passionné de nature lui aussi et qui avait crée pour l’occasion un prix spécial dont le père de Camilla avait été l’unique bénéficiaire, ce qui avait engendré dans la commune une jalousie sans bornes et relégué la famille à une solitude très certainement néfaste au bon développement de son unique rejeton- et qui souvent, se comportait avec elle de manière assez peu compréhensible pour une enfant de cet âge, par exemple en lui cognant très fort le coude contre le radiateur en fonte pour lui faire faire l’expérience de ce qu’un corps humain traversé par un courant de douze volts pouvait ressentir et ce dans un but uniquement pédagogique et préventif au cas où elle aurait eu l’idée saugrenue d’enfoncer une fourchette dans une prise de courant, on ne sait jamais et là, ce n’était pas du douze volts, je te prie de me croire) dont la plus grande passion était d’accrocher dans des cadres des papillons en ligne au grand dam de sa femme qui trouvait que ce passe-temps générait plus de poussière que nécessaire dans un foyer honnête. Il faut dire que la mère de Camilla (qui avait jadis mené une brève mais très remarquée carrière dans une usine de confection de biscottes avant de se consacrer pleinement à l’éducation de sa fille) maniait le plumeau comme pas deux mais sans plus de ferveur que nécessaire. Prise de remords et d’une curiosité scientifique vraisemblablement héritée des gènes paternels, la petite fille (on date les faits aux environs de sa sixième année), s’en alla déterrer l’insecte quelques semaines plus tard. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que conformément aux écritures, il avait sûrement ressuscité dès le troisième jour. Car, plus rien ne subsistait de la sépulture creusée à la hâte quelque temps plus tôt. Dans les années qui suivirent, Camilla ne quitta plus l’église : ses parents, compréhensifs, lui portaient ses repas dans la sacristie et se contentaient généralement d’un baiser sur les deux joues après chaque messe car elle avait réussi à se faire admettre dans le cercle très fermé des enfants de chœur et ce, malgré la ferme opposition d’une partie des grenouilles de la très jolie rivière qui traversait le village. Camilla possédait une fort jolie voix ce qui ne gâchait rien. Elle devint une figure locale incontournable. Il n’était pas rare de voir des files de gens attendant devant le presbytère pour lui demander un conseil ou lui apporter des meringues de toutes les couleurs. Elle aimait beaucoup les vertes mais par politesse n’en dédaignait aucune. Elle ne voulait faire de peine à personne en ce bas monde et l’on chuchotait déjà dans certaines hautes sphères qu’elle serait sans aucun doute canonisée. Lorsque Camilla eut seize ans, il se produisit un événement dont il ne reste aucune trace. Suite à celui-ci, Camilla décida d’intégrer le lycée, passa brillamment son bac, quitta le pays et tomba rapidement dans un oubli abyssal.

Extrait de vie de Jean Christophe né sous X

Nom : Jean

Prénom : Christophe

Né le 1er août 1894 dans l’Aveyron de Marie Bonifié et père indisponible, dans des circonstances indéterminées mais suffisamment tragiques pour le conduire à un destin qu’on pourrait qualifier de malheureux. Parcours plus ou moins caillouteux mais relativement banal sur ces terres sèches et calcaires du Causse où il n’est pas rare de parcourir à pied et par tous les temps le chemin qui mène à l’école. Mort prématurément à l’âge de trente-trois ans d’hémorragies multiples alors qu’il essaye de s’opposer à une invasion de sauterelles venue décimer les plantations du lin semé collectivement par le groupe de paysans dont il fait partie. Repose enfin en paix dans sa cahute en pierres et pourrait nous en conter, des histoires.

Maria Sangre

C’est novembre et il fait gris. Maria naît sans un bruit pour ne pas déranger. Elle ne s’appelle pas vraiment Maria, c’est un prénom qu’on a rajouté au sien, un prénom qui cloue tout autant qu’il transcende. Toute petite, Maria sait déjà ce que l’on attend d’elle. Elle se nourrit du bruit des autres mais elle n’en fait aucun. Maria vit à côté, avec parcimonie sans trop en demander. Il y a bien assez de misère tout autour sans qu’elle y ajoute la sienne. Elle se sent souvent abandonnée dans un monde trop vaste, pense que c’est normal. Sa mère a témoigné plus tard, des trémolos dans la voix, à quel point l’enfant était sage, pas comme les autres, ces furies intenables qui lui servaient de fratrie. Elle avait bien du mal à dissimuler le sourire fier qui pointait derrière les mots en disant cela, la mère.

C’est juillet, le temps est à l’orage. Le bateau les attend à quai. Tous. Sauf le père qui rentrera plus tard et les presse de sa voix sèche qui ne rassure pas, qui pare au plus pressé. Maria ne pleure pas. Sa mère pleure pour elle, sa mère pleure déjà depuis presque trois jours, les autres enfants la regardent et attendent. Quand le bateau s’éloigne, Maria se sent légère, légère du fracas des bombes, légère de son enfance qui est restée sur le port. De l’autre côté de la mer, une grand-mère les attend, l’air pincé. Comme si tout cela n’était que pur caprice. Elle les emmène loin, dans un paysage de verdure humide que sa mère ne supporte pas. Elle étouffe et siffle, ses bronches récalcitrantes se rebellent, alors Maria redouble de sagesse pour tenter d’amadouer l’ancêtre au cœur de pierre qui les traite en parias. Pour qu’elle leur pardonne leur mauvaise mine. Bien sur, ça ne marche pas.

C’est Noël et il fait grand soleil. Maria va se marier dès le printemps prochain. Sa douceur a payé. Il est beau, mat et fier. Pas d’aussi bonne famille que l’aurait souhaité le père mais peu importe, finalement. Elle est tirée d’affaire. Elle aura à présent un mari pour veiller. Lui peut se reposer, les autres sont des mâles et ce n’est pas pareil.
C’est juin, le parfum des cerisiers en fleurs passe par la fenêtre, des oiseaux pépient leur joie sans retenue. Dans la chambre jasmin, une petite est née. Ce n’était pas facile et Maria s’est battue. Sans un cri, dira-t-elle plus tard, dira-t-elle toujours, comme si c’était la chose à faire en toutes circonstances, retenir ses cris et taire ses tristesses. Son père a pris l’enfant. Un court instant, elle est suspendue à ses lèvres, à son regard qui ne manquera pas de la féliciter pour ce combat mené avec tant de courage et pour ce petit bout d’être parfait qu’elle a réussi à inventer. Il tend le nourrisson à la belle-famille avec détachement ; c’est une fille, elle est pour eux, il a déjà deux petits-fils. Maria se fissure en dedans. Sans un cri.

C’est encore et toujours novembre dans le pavillon familial. Maria tourne en rond dans la maison, occupée à de petits riens silencieux. Des riens d’épouse et de maman, des riens qui n’ont de sens que sous les yeux des autres qui ne remarquent rien. Trois loupiots, un caniche, un mari occupé, des vacances en famille et du temps à rallonge quand il n’y a personne. Du temps vertigineux qu’elle meuble à pas de loup. Qu’il faut défaire ensuite pour le recommencer chaque jour qui revient. Elle glisse sur le parquet, s’étend sur le canapé beige, celui qu’elle n’aime pas et qu’elle n’a pas choisi, se rencogne en elle-même. Le silence a fabriqué une muraille dure à l’intérieur qui la retient au sol, l’empêche de respirer. Dans son ventre, une poche a commencé à se contracter de contrariété. Cela ne fait toujours aucun bruit. Sa mine grisaille comme le feutre des pantoufles. Sous le masque impassible, on ne remarque rien.

Novembre encore, presque un noir de décembre. Maria soudain livide, a voulu se lever et son sang a coulé en paquet le long d’elle. Des caillots, des grumeaux lourds qui giclent, éclatent et éclaboussent. Comme ça, sans prévenir. Tout le sang de son ventre sur le parquet ciré. Tout ce sang noir et fort qui salit autour d’elle. La honte la submerge. Elle ne peut pas crier, sa force entière est dans ce ventre qui coule, dans ce cri retenu et qui jaillit enfin par le trou de son ventre, ce ventre comme une bouche qui ne peut plus tenir le serment du silence. Un barrage qui cède, la violence des eaux. Au ralenti, Maria s’écroule dans son sang. Les témoins de la scène souligneront plus tard le courage de cette femme, tombée sans une plainte.

proposition n° 7

L’espoir. Toute la journée l’espoir et l’attente de ce moment si calme, de cette dérive hors du temps, épargnée du présent, quand tout sera paisible autour, quand plus personne n’aura besoin de. Les volets seront fermés, les loupiotes allumées baigneront la chambre d’une tendre lueur. Le silence enveloppera le cocon des sens émoustillés. Du chocolat fondra lentement sous la langue, une infusion de plantes odorantes fumera paresseusement tout près des doigts qui bondiront, le cerveau s’endormira et partira flotter loin de ce qui se trame sous son nez, acceptera dans une sensation d’hypnose un peu floue de vider sa besace. Résister à l’appel d’y courir avant qu’il ne soit temps. Détourner son attention du lieu de l’écriture quand on voudrait s’y vautrer tout son soûl, craindre que l’heure vienne où il ne soit plus l’heure, rager, trépigner, pester en boucle de ce quotidien qui prend toute la place et confondre parfois le paysage intime avec le fil du jour, s’étonner alors de rester coincée là quand la vie est ailleurs. Espérer que les fatigues ordinaires ne prendront pas le dessus, qu’il ne faudra livrer aucun combat de trop pour pouvoir s’attabler, à genoux sur ce tabouret-siège. Nulle bataille avec les autres, nulle bataille avec soi-même. Du temps qui va de soi, qui ne sautille pas d’un pied sur l’autre, du temps ample où l’on s’étire sans risque, où l’on baisse la garde, où l’on prend son baluche pour partir en voyage dans l’intériorité vaste, où l’on défait sans cesse, sans jamais se lasser, explorateur du minutieux. D’abord les fétiches à disposer en rond et tout autour des bras dans un cercle de feu protecteur et complice : carnets du jour et de la nuit, formules magiques surgies à l’improviste, épinglées dans un angle pas trop lointain, accessibles au regard, tout un tas de fatras, un décor de fiction plein d’indices indicibles qui ne parlent qu’à soi. Pied de nez au réel. Se construire une armure, un rituel secret. Et malgré les précautions, la peur et le tâtonnement. Flatter du bout de l’âme cette eau que l’on convoite et hésiter encore maintenant qu’on y est presque. Se regarder d’en haut de son œil goguenard qui ne fait pas confiance, qui attend la défaite. Lire un peu, quelque chose, trois fois rien, pour contourner le creux du ventre qui menace, le doute qui se pointe, endormir sa vigilance, laisser le libre champ aux images qui ont gonflé l’esprit en cherchant une issue tout le reste du temps passé à autre chose. Et puis oser enfin se lâcher brusquement, glisser, voler, se réveiller des heures après, engourdie et repue mais toujours intranquille. Accepter le repos qui regonfle les voiles.

proposition n° 6

Ces chiures de mouches là sur la toile cirée, entre les cerfs et les trompettes, forment un relief à peine perceptible. Trois petits monticules en virgule qui n’ont l’air de rien, sorte d’archipel inconnu, flottant au milieu de l’océan beige fané. Peut-être y’en a-t-il d’autres, des crottes, sur des fonds plus sombres, qu’on ne distingue pas, peut-être même que proportionnellement à la surface de la nappe, si on opérait une traque minutieuse, qu’on prenait note sur un calepin du nombre de tâches noires répertoriées sur un carré disons, d’un centimètre de côté, on se rendrait compte que mis bout à bout, les excréments de mouches alignés soigneusement constitueraient à eux seul une partie plus grande que la partie restante de la toile cirée qui n’aurait pas été maculée. Peut-être même, si quelqu’un de vraiment sérieux et responsable se donnait la peine de prendre de son temps pour en tirer bravement les conclusions qui s’imposent, nous sauterait aux yeux le fait qu’il est impossible que quiconque ayant posé un couvert, mettons une fourchette, sur n’importe lequel des emplacements dévolus à la prise de repas autour de cette imposante et majestueuse table, n’aurait pu manquer à un moment donné de faire entrer en contact le métal de l’objet avec les selles de mouches. Il faudrait être particulièrement chanceux et si on veut bien se garder de partir dans des extrapolations qui n’auraient rien de scientifique, la probabilité est quasiment inexistante pour que la déjection se trouve pile entre les dents de l’ustensile. Mais admettons. Que dire alors du dépôt distrait d’une cuillère à soupe au moment de dresser la table ? Bien sûr, il est plutôt rare que l’on mange de la soupe à la saison des mouches mais une cuillère déposée là tout exprès pour faciliter le service, une cuillère de couvert à salade par exemple, peut fort malencontreusement se trouver en contact avec les salissures de l’insecte. Même si l’éponge est passée par-dessus maintes fois, il est fort malaisé de les déloger. Par nature, elles s’agrippent. Ajoutez à ça le manque de concentration bien naturel que l’on accorde aux gestes répétitifs et ennuyeux du quotidien, la digestion qui s’amorce au moment de ramasser les miettes et vlan !, un risque sanitaire majeur nous guette, nous dont la seule faute, bénigne et pardonnable, serait d’avoir fait preuve d’inattention, pas de négligence, non, seulement d’inattention, au moment de passer un coup sur la table. Et la modernité accroit les dangers, croyez-le bien ! La manie qu’ont certains de posséder de ces petits aspirateurs qui leur évitent de consacrer plus de temps que nécessaire au nettoyage des reliefs de leurs dîners fait que les crottes de mouches sont susceptibles de passer plusieurs jours sans avoir même été caressées par le moelleux humide de l’éponge. La chaleur aidant, elles se dessèchent et collent encore plus au support, jusqu’à ce qu’il devienne impossible de les distinguer du motif champêtre de la toile cirée molletonnée ; jusqu’à ce qu’on en vienne à considérer qu’elles ont toujours été là. Ce qu’il y a de plus pernicieux dans toute cette histoire, c’est l’absolue invisibilité rampante du risque tapi au plus profond de nos rituels anodins et courants. Car comment lutter alors ? Comment enrayer le flot qui nous guette des infections intestinales et intoxications diverses générées par ces microscopiques particules ? Il est plus aisé d’enlever avec discrétion une mouche qui se débat dans la vinaigrette dont la maîtresse de maison a généreusement arrosé la salade de tomates, et posé le plat au milieu de la table en attendant que les convives, en retard, arrivent enfin. Il est souvent arrivé qu’on soit obligé d’ôter de son verre de vin, un insecte ivre qui tourne en rond. Il n’y a pas de piège en cela : on sait à qui on a affaire, on lutte à armes égales. Mais les chiures de mouche… Ce grain de sable dans l’engrenage de ce que l’on croyait épargné par les dangers du dehors, dans ce que l’on s’était appliqué à construire de sécurité, dans la quiétude de nos foyers, dont on avait choisi méticuleusement la forme et les contours, cette forteresse imprenable dans laquelle se réfugier quand tout menace alentours. Ces chiures de mouches lèvent le voile sur cette absurde et cruelle évidence : on n’est jamais trop prudent.

proposition n° 5

Un bourdonnement continu, une mouche infatigable, elle peut presque dessiner dans l’air les yeux fermés la partition de la voix qui passe et rebondit, vire sans heurt, s’essouffle puis recommence à progresser, quelques hoquets de vieux moteur… Ça y est ! … On y est presque ! Et puis non, la machine repart, poussive et ahanante, métronome à bout de souffle sans une prise d’air pour la route, une chambre à air qui se dégonfle… soporifique à perpétuité, le poids du temps toujours pareil lui vrille les oreilles, elles se tendent à craquer à chaque passage sans jamais rien attraper de nouveau, un effort futile, risible… jamais sortir de là … subir l’écho… devenir l’écho même ! …être le mur de plâtre blanc tout pelé sous l’assaut du murmure… plus jamais rien qui se passe… la croûte craquelée de la surface d’où rien jamais ne jaillira… à jamais le rien insupportable de ce son qui enferme… mais tu vas enfin te taire ! J’ai le vertige, c’en est trop, trop du factice, j’en ai soupé, sifflement dans ses oreilles, quelque chose qui se tend, une acuité particulière, une chose qui se précise, qu’elle sent venir dans l’inertie, une toile autour d’elle qui délimite un carré dans la pièce, là où la suite va se jouer, précisément là, ça vient, elle le sent … Tu crois qu’elle va vraiment le faire ? ... Regarde, son regard a changé, mais descend donc de ton cheval, pour une fois qu’il se passe quelque chose ! … Tais-toi, tais-toi, ou je ne réponds plus de rien, ça enfle, en se balançant sur sa chaise, par petites touches imperceptibles, juste déplacer de l’air, discrètement se rapprocher du seuil, du non retour, lever tout doucement le bras … Pose donc ton pied par terre ! Tu as bien le temps de courir, ils n’iront pas bien loin affolés comme ils sont, on les rattrapera vite, va ! … Arrête, je te dis ça va exploser, la table retournée, les fenêtres battantes, la bourrasque qui entre et claque les volets, silence glacé qui l’enveloppe soudain, une accalmie dans la tempête, l’œil du cyclone sous son crâne, un son qui chuinte de plus bas… Eh ! Mademoiselle, oui, c’est à toi qu’on cause… Elle nous entend pas… Mais si, elle cherche, plus bas, plus bas, baisse le nez… lâche le vieux… pas loin de ton pouce droit… Je rêve où elle a gratté la surface avec son ongle ? ... Vas-y sonne un coup, qu’elle écarquille un peu l’esgourde, fais lui tâter du cor ! Hardi, hardi !... Pas besoin, elle nous a repérés … Pas trop tôt !... Et qu’est ce que vous me voulez les comiques ? si vous croyez que j’ai plus envie de vous entendre vous que l’autre, vous pouvez de suite déchanter, égratignant férocement la toile qui cède mollement et avec elle la bombe noire du cavalier le plus proche, sidéré par l’affront, ne disant plus rien, roulant des yeux vers ses comparses, cherchant un soutien qui tarde à venir… Parce que vous avez-mieux à me proposer peut-être ? Ça a pas l’air d’être l’éclate par chez vous non plus ! … Pardon, pardon, on voulait juste un peu d’action ! Riant sous cape… ça vous suffit plus de martyriser ces pauvres bêtes, elles ont pas l’air bien vaillantes, alors j’écoute, je suis toute ouïe... On se demandait juste si… Si quoi ? Accouche donc ! … Si vous alliez vraiment le faire ?, dans un murmure qui se perd dans le murmure ambiant, rêveuse… Quoi donc ? N’est-ce pas déjà fait ?

proposition n° 4

Le presbytère en brique rouge dans le cœur du village. Un vieux village typique d’un coin du Lauragais. Haut perché sur sa colline, embrasé tous les soirs par un soleil couchant à faire couler des larmes. Des larmes rouge sang couleur de briques rouges typiques de l’endroit. Austère et froid le presbytère. Personne ne lui rend hommage, il est coincé au milieu d’une rue. Le plus souvent, on le dépasse sans le voir. Il a la vieille odeur d’un bénitier qui fuit, l’odeur de la pierre et de l’eau enlacées, l’odeur glacé d’une surface qui miroite et reflète des plafonds sans fins aux éternels échos, la fuite des perspectives, le ricochet des arches. On y entre par une porte étroite et surmonté d’un tympan de bois. Un tympan de menuiser profane qui n‘a pas pu ni voulu sculpter la moindre scène mystique. Un tympan brut, épais et fonctionnel. Un ornement utile qui marque d’un brun sombre la frontière entre l’agitation de la rue et le calme du dedans, celui des chaussons qui glissent, des frous-frous de robes de prêtres, des murmures compassés, des tonalités choisies pour ne rien déranger. Après la porte, un long couloir au carrelage blanc piqueté de fausses traces de gouttes d’eau. Sur la droite, une porte mène à la cuisine. Sur la gauche, sa jumelle ouvre sur une salle qui pourrait être chaleureuse. Une grande cheminée au manteau de pierre trône là. De la pierre grise. Une longue table monastère cachée par une toile cirée occupe la moitié de l’espace. Une toile cirée éclaboussée de scènes de chasse à courre, de meutes hurlantes et immobiles, de pauvres renards tremblants et figés, de cavaliers en bombe et habit rouge embouchant des cors victorieux qui ne sonnent pas. Quelques chiures de mouches aussi, à la belle saison. Partout sur les murs, d’autres scènes de chasse ou de grandes batailles. Des chasses à l’homme dont on peut deviner l’issue si l’on se tourne du côté des deux fauteuils crapauds défoncés qui font face à un grand Christ collé au mur par-dessus sa croix.

C’est là, autour de la grande table que se tiennent les réunions. Une fois par mois, les jeunes de la paroisse se réunissent sous l’autorité d’un moins jeune qu’eux. Ils abordent des sujets qui les préoccupent. On est libre de venir ici ou non, on a déjà fini le parcours balisé des communions, confirmations et confesses. C’est un autre espace qui se définit là. Une espèce d’adhésion libre un peu en dehors de l’époque. Une transmission par les pairs sous l’œil vigilant du type là-haut, cloué à son mur. On ne sait plus très bien qui a initié ces temps. Le jeune animateur est étudiant, réservé, immense, avec une glotte proéminente qui cherche sa place en permanence. Il rougit facilement et on sent que le rasoir lui agresse la peau. Issu d’une bonne famille, seul garçon et petit dernier après deux sœurs un peu fantasques, il se destine à l’enseignement. Il pratique des activités de haute- montagne avec le sérieux et la minutie que cela demande si on veut éviter les accidents. Les réunions se déroulent en soirée, généralement le samedi, on apporte son sandwich et les parents viennent chercher leur progéniture vers vingt et une heure trente. Certains rentrent en mobylette, ceux qui ont l’âge et l’autorisation. On pourrait s’interroger sur les motivations des participants. Ils ne se fréquentent pas en dehors de ces moments. Certains sont peut-être isolés et se cherchent un lien social ; celle-là est sûrement amoureuse en secret du grand dadais qui préside ; d’autres embrassent les chemins d’une recherche spirituelle empoussiérée et hors du temps, se cherchent et s’étudient, bien à l’abri dans des sentiers théoriques avant d’oser poser leurs deux pieds dans la vie. Il y en a certainement qui font comme leurs parents avant eux. Sans questions. Dans une tradition familiale reposante et linéaire. Ceux-là ne sont déjà plus des adolescents, ne l’ont peut-être jamais été ou le seront beaucoup plus tard, une fois mariés et en charge de famille quand ils enverront valser des tonnes de responsabilités pour aller respirer un peu d’air en fracassant tout sur leur passage. Pendant ces rencontres, on construit ensemble et on se partage la même image fade et rassurante du monde. Une image qu’on lisse sur un coin de la table avant de l’immortaliser dans un recoin de sa tête pour la ressortir si besoin est. Un mode d’emploi du commun, de l’anodin, du quotidien, un modèle facile à penser, facile à porter, facile à transmettre, à mâcher et à avaler. Une psalmodie qui enveloppe et convainc. Un costume infroissable, indémodable. Un bouclier, un champ de force protecteur. « Reportez-vous au manuel, page 33 du chapitre II : Comment vivre en ne cassant rien ? », pourrait leur dire l’homme perché malgré lui, s’il possédait un tantinet d’humour et de liberté de ton.

C’est peut-être là que tout prend racine. Là que le geste est né pour la première fois avec tant de puissance qu’elle a douté un instant de l’avoir seulement rêvé. Le curé est là, un brave homme au demeurant, il parle à voix presque basse et très tranquillement. Elle se lève soudain et le frappe sèchement. Froidement, plusieurs fois. Comme ça, pour rien. Pour le plaisir de la cassure. Pour arrêter le bruit du rien. Pour que ça frotte enfin quelque part. Pour que quelque chose existe qui lui appartienne en propre. Les coups vont crescendo. Elle le frappe au visage avec tant de violence qu’il se retrouve à terre dans le silence interloqué des autres. Elle se rassoit. Elle s’ébroue presque. Elle a trop chaud. Il continue de murmurer. Il ne s’est rien passé. En surface, c‘est toujours lisse, rond, doux et écœurant comme le sucre d’un mensonge.

Ça part de l’image du geste : le lieu est très précis. Sont revenus les détails de cet endroit où je n’ai plus mis les pieds depuis des décennies, ce lieu pas particulièrement investi, ni habité ni décortiqué : une page d’une vie avant la vie, qui ressemblerait à l’ennui des dimanches après-midi quand on sent le temps s’écouler irrémédiablement et se perdre à jamais, inutile. Un espace qu’on a quitté sans regret pour s’engouffrer dans du vivant. Pas palpitant comme endroit ni comme moment, en fait, mais comme c’est celui qui s’est présenté, je l’ai suivi… Impression d’un moment trop petit qui croule sous les possibles à déplier, les pistes à explorer pour en arriver au fait et que ça serait bien trop long et pas assez passionnant. Alors, j’en rajoute, déroule, explique, appuie, pour compenser le fait de n’avoir pas de matière très objective, de faits, de dates : du concret quoi ! Je sens bien que ça coince, là. Finalement, je relis tout, effectue des coupes sèches et ça roule beaucoup mieux. Ce qu’il y a dessous, j’en ai une petite idée à force. Tout l’enjeu est de parvenir à ne pas s’ennuyer en racontant toujours la même histoire.

proposition n° 3

Selon lui, pendant que Sisyphe regarde dégringoler son rocher dans la pente avant de redescendre à son tour, il éprouve de la joie, conscient du caractère absurde de sa besogne.

Selon elle, Sisyphe fuit à tour de bras ce que le monde a de pulsionnel, s’engorgeant dans son trajet jusqu’à tracer des sillons droits qui ne permettent plus l’errance. Pire encore, il reste sourd au vacarme de ses pieds tapant d’impatience à chaque passage dans l’espoir d’enfin détourner son attention vers son poitrail offert et dénudé.

Selon les autres, il n’y a pas à préjuger des motivations de Sisyphe ni de son état intérieur au moment de recommencer son ouvrage. Ça le regarde. Chacun sa pierre. On attendra qu’il livre ses propres conclusions un jour si tel est son désir. Dans l’intervalle, le monde continuera de tourner rond.

Selon moi, le seul moment où Sisyphe pourrait se sentir heureux serait celui juste avant la bascule, une fois au sommet, dans la satisfaction du devoir accompli, dans ce court instant de folie et d’espoir perpétuellement déçu qu’il pourra se détourner, passer à autre chose et s’occuper de ses affaires au lieu de sans cesse faire tenir en équilibre tout un monde qu’il n’a sûrement pas inventé tout seul, le moment où il jetterait l’éponge sur l’absurdité ambiante pour s’en aller marcher sur la crête de cette montagne dont il n’a entrevu qu’une seule des inclinaisons, le moment où il suivra— même pour de rêve— la sienne propre, de pente.

Reste cette inexplicable constance et le sérieux avec lequel il entreprend sans se lasser de refaire toujours la même erreur.

proposition n° 2

Son cheval de pierre le regarde, lui qui a perdu sa bascule. Henri est assis en tailleur à quelques centimètres du sol, devant la grande baie vitrée qui s’ouvre sur le crépuscule. Son crâne pèse et pousse pour l’entraîner vers les carreaux. Son corps finasse encore, l’air de rien, comme affairé à battre des bras pour aller quelque part ailleurs. Il pousse sur ses fesses pour accrocher une parcelle de matière, retrouver un sol ferme et sans embûche. Les sommets lointains et enneigés lui donnent une faim de sucre, une faim qui croquerait dedans, secouerait les destins des funicularisés qui montent et descendent, montent et descendent, montent et descendent pendant qu’il stagne là à siroter son jus mijoté de main de maître et à attendre que quelque chose enfin se passe. Rébellion soudaine de ses entrailles qui n’apprécient pas ses grands airs d’émancipation et le font retomber sur terre, sur la moquette marron et râpée, condamné pour l’éternité à contempler la permanence du ficus, le décor un rien suranné de cette pension suisse. Les murs sont verts d’eau sans qu’il ne sache comment. Il déploie un paravent chinois pour ne plus avoir à les contempler. Déplie le divan juste derrière. Il pourra le toucher du doigt sans vraiment mettre la main dessus si ça ne lui chante pas tout à fait. Des rires en grelot au fond du couloir qui ne viendront pas le happer dans leur ronde, ils s’éloignent déjà. Laure au physique de couteau, à l’âme aiguisée comme des ciseaux de couture qui n’entrera pas pour lui fouiller la cervelle de sa distance froide, de son attente impatiente qu’il devienne quelqu’un, un ficus essentiel réincarné en femme. Laure qui conduit les jeunes âmes sur les chemins de la création. Il n’est plus si jeune et tellement fissuré des intestins jusqu’à la moelle, de l’argile trop modelée qui suinte, comme prise dans le dédale d’un autre, une vie de vagabond, de réparations à la main avant de vivre la sienne, une vie pour annuler les non-choix des anciens, pour expier, pour se contraindre et se flageller dans des chambres miteuses, dans une absence de beauté, dans l’obligation de secourir. Sa tête toute entière l’enveloppe de sa chaleur sourde. Il disparaît dans la laine du tapis, rampe sur son mal de ventre, l’enfonce profondément, le plante là et qu’il y reste pendant qu’il s’envole sur le dos du roi des Belges juste le temps de le poignarder comme on empoigne la fortune. Au loin tout en bas, dans les lumières éparses des chaumières en forme de boîtes à bonbons, des cris de poésie s’exhalent des conduits de cheminée, montent en volutes jusqu’à lui qui déchire l’air sur le dos du roi. Il ne parvient qu’à en saisir des bribes, des bribes de mots qui volent, cherchent à appartenir à quelqu’un, il les renvoie sans les entendre, plus tard, ce n’est pas encore le moment, les frappe de son épée sertie de rubis qui dégoulinent en pluie de sang. L’air lui fend les oreilles en deux. Un Minotaure égaré ouvre tout grand la bouche et le recueille sur ses dents.

proposition n° 1

Un geste silencieux, un geste invisible, violent dans le contexte plat, dans la surface gaie, une violence enfin née, la fin d’une oppression, l’expression d’un mouvement muselé parce qu’incongru , parce que décalé, parce qu’inapproprié, une saccade, un épanchement, ce bras qui se lance en avant, ou un corps qui se dresse dans un sursaut soudain, qui jette un verre ou peu importe quoi et ce quoi qui se brise sur le mur tout blanc, immaculé et la chose peut-être un liquide dans la chose brisée qui fait des gouttes et explose sur le blanc du mur, le salit et le fait apparaître, le geste qui se répète jusqu’à plus soif mais au-dehors tout est calme, ce geste invisible qui ne se verra pas, qui n’aurait aucun sens, juste la volonté de brouiller la surface, ce geste comme un cri, comme une réaction secrète, infime qui tournoie et se cogne aux parois du cerveau, un réflexe, une rupture dans la cadence.

Dans le noir, un corps est allongé, silencieux, dans une rondeur douillette. De la lumière filtre à travers deux pierres disjointes, un soleil éclatant. Le corps regarde le monde de loin, bien à l’abri des éclats, les rayons clairs le frôlent sans oser le brûler. C’est une sensation d’utérus retrouvé longtemps après. Comme une juste récompense de la fatigue des chemins.

Le brouillard moelleux qui enveloppe, vous attendrit, au moment de passer à table dans les lumières décroissantes.



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1ère mise en ligne 23 décembre 2018 et dernière modification le 19 février 2019.
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