le roman d’Isabelle de Montfort

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J’ai travaillé plusieurs années en librairie de voyage, et occupé plusieurs postes dans divers domaines : en collège (assistante d’éducation), en Musée (poste d’agent d’accueil et surveillance).

Je fais partie d’une compagnie de théâtre (j’en suis la Présidente) (Cie L’Observatoire, compagnie vençoise. Nous avons joué et élaboré plusieurs spectacles écrits et Co écrits avec les membres de la Cie /La Grande Retraite, Cinéma, Ailleurs.)

Nous sommes en train de travailler sur un projet de spectacle ‘Rencontres’, nous avons choisi de nous retrouver autour d’un atelier d’écriture 1 fois par mois.

Par ailleurs, j’ai entamé plusieurs projets d’écriture, qui n’ont pas encore abouti...

18. Une histoire vraie


Une histoire vraie

C’est l’âge que je situe dans ce lointain et qu’un revirement nous avait soufflé de renverser quelque chose, une trajectoire changeante.
Mais en ce temps-là, il n’y avait pas de ligne droite – pourtant l’esprit de géométrie y était.

Mais non, d’abord à la prime enfance : pays des rois, des fées et des dieux. Enchantement du monde parce qu’un instituteur nous racontait qu’une poudre magique était déposée sur nos livres d’écoliers et qui, si on tournait la page, une fée viendrait le lui chuchoter à l’oreille. D’ailleurs mesdames les Fées éclairaient la clairière. Elles n’avaient pas de noms, elles vivaient c’est tout.
Ni Perrault, ni personne n’y avait pensé, et d’ailleurs, le parc bruissait du chant des oiseaux que Saint François avait « oublié » et d’ailleurs aucune ligne droite : même les lignes de la nuit se transformaient en courbes, en arabesques dans la nuit profonde. Je descendais les escaliers menant à l’Eden – de là me vient que je vois dans le noir...et arrivée en bas à la lueur de lampe de poche, regarder des heures les volatiles à l’insu de tout le monde : transgression. Et jamais aucune ligne droite : les dunes ; et le chapeau rond des gnawas. Le chant du muezzin –et la seule ligne droite : la tour H.
Rien de droit dans les verroteries, les broderies, les cornes de gazelles, l’écriture.

En arrivant en France, le langage m’est devenu étrange et j’ai eu besoin de le graver deux fois : une fois à l’endroit, une fois à l’envers, comme les points de Pénélope.

Il n’y avait personne...il y avait des personnages de peintures, des êtres de peinture…et une très vieille dame qui collectionnait les jouets : Matou. On est allée voir Matou. C’était tout bleu chez elle, on a fait la tournée des popotes avec Maman et on est allée voir Jacqueline. Jacqueline était flanqué au fond de la cuisine. Je n’oublierai jamais son regard à Jacqueline.

Un jour, on est revenu en vitesse parce qu’ils avaient bombardé notre immeuble depuis de gros avions.

Mon Eden s’était voilé. Les fées, la clairière : évanouies ; pourtant je n’avais pas tourné la page. Mon Eden sentait la poudre et les couloirs poisseux d’une quelconque administration. Nous étions sauvés.

En arrivant en France, j’ai pris un papier calque et j’avais pour ambition de marquer toutes les lettres une par une - les 26, en la décalquant, en la redessinant de l’autre côté, et en la re-décalquant. Je ne suis pas arrivée au bout de mon projet, j’ai capitulé avant. Ainsi, je me donnais la possibilité de ne pas tourner la page avant qu’on m’en ait donné l’autorisation, ainsi je respectais la consigne, ainsi Monsieur Perrin et ben je ne l’ai jamais oublié ! Quelques temps après, ou avant, distorsion de la mémoire ; un cavalier est venu me voir : si si. Un superbe cavalier sur son pur-sang arabe incarnant la liberté. Il a arrêté son cheval et il est repartit. On n’a pas chanté le pittoresque d’une cité maure. Le parfum rance d’un monde perdu. Mais le Livre s’écrit quand même.

De ce côté-ci, on parlait de méthode d’apprentissage globale ou pas..., côté jardin ou côté cour, je ne me rappelle jamais.

Histoire « vraie » bien sûr on reconnait la part d’enfance, la part de rêve, la part de tout autre chose et je ne sais pas ce c’est.

17. Ce que je ne veux pas


Je ne veux pas d’un livre qui ne soit pas un « monde »

Qui n’exprime ni le temps ni l’espace, ni la nature

Un qui exprime le monde tel qu’il était à sa création, une forêt vierge, un fleuve, un soleil,

Des choses comme ce que dirait le chaman, le sourcier, le primitif

Je voudrais que ce livre soit la danse autour d’un totem

Je voudrais que le livre nous serve à lever le camp.

Codicille

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :

Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,

Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,

Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.

Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,

Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.
................

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues

Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,

Fileur éternel des immobilités bleues,

Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles

Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :

– Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,

Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?
................
A.R.

16. Notes du traducteur


proposition de départ

1/ Ce lieu correspond à une ville ancienne, enfouie dans le sable du désert de Chapapan, dont l’existence a été certifiée par les recherches de Pr P.L...dans sa monumentale étude en 1910.

2/ Cette phrase ici citée en grec : « Empreintes songes », et « Disparition » reviennent 15 fois dans cet ouvrage, mais aussi dans plusieurs autres livres comme « Une aventure ou « Feu de broussaille ».
Mystérieusement cette phrase est reprise en 15 langues.

3/ Le manuscrit que lit GUNTER est trouvé par hasard sous une pierre dans un château en ruine, il raconte le passé de Günter qui le lit à son compagnon. Le compagnon y retrouve des évènements de sa propre vie

4/Je ne suis pas le seul traducteur à m’être fait surprendre par l’usage systématique de ce vocable intraduisible ni à son aspect complexe dont le sens échappe. Il ressemble à un code. On dirait que l’auteur a voulu jeter une bouteille à la mer.

5/ cette carte, sur une double page, est la seule carte existante lors de la première édition. Il n’y aura plus jamais de relevé, comme si ce territoire avait encore fois totalement disparu

6/ Grâce à ce passage, nous avons enfin quelques indications sur la vie de l’auteur, on remarque les descriptions de la salle à manger qui correspondent exactement à celle de son domicile. Ces rares indications laissent penser que l’auteur a volontairement caché les lieux où il a vécu – sauf celui-ci
7/ le personnage, Günter se trouve sur cette jetée en bois appelé panne en terme de marine. Arrivé au bout il se sent léger : image qu’il retrouve dans le manuscrit qu’il a trouvé par hasard
8/ forêt profonde, arbres, mélèze,
9/ côte d’un lac,
10/ Crêtes de montagnes
11/ Déchirure du terrain,
12/ géologie
13/ côté désuet du verbe
14/ la question du mystère du manuscrit trouvé par les deux compagnons dans un château en ruine ressurgit encore : ce manuscrit décrivant dans une langue ancienne, le passé du premier lecteur, et remarquablement similaire par endroit à celle de son compagnon, reste cependant intraduisible. Et c’est là le drame du traducteur, le mien.

16/ les notes du traducteur tendent à s’effacer ainsi que des empreintes sur le sable.
17/ le mystère du Livre s’épaissit
18/ la phrase contient toutes les promesses
19/le traducteur est exilé de l’œuvre du créateur. Il y vient de façon fortuite.

20/ le traducteur est l’hôte, voyageur sans délai, et passant des mots.

 

15. Quelque chose cloche


proposition de départ

Je le vois, il et derrière la fenêtre, je sens sa présence. Je vais vers la fenêtre, j’aperçois une ombre furtive qui traverse la pelouse.

Il marche dans le jardin, il marche, il jardine ? Il me regardé il n’aperçoit qu’un peu de mon visage reflété dans le miroir. Il s’évapore.

Je m’arrête devant le buffet, je vais vers la bibliothèque, je cherche un livre, je regarde les tubes de couleurs, les pinceaux, les pots d’essence de térébenthine.
Vais-je l’appeler ? J’y renonce, je le croiserai bien. . Je m’installe à mon bureau pour classer quelques dossiers, mais je ne peux pas me concentrer. Je cherche toujours un prétexte pour éviter ce dossier là...

Je sors, je pars en ville. En sortant, je le vois qui traverse la rue avec une petite mallette à la main. Il ne me voit pas, il est recroquevillé sur lui-même et marche comme il avait du vent. Pourtant, le ciel est bas, mais aucune brise ne vient déranger ses cheveux. Cela me fait une dôle d’impression. Quelque chose n’est pas raccord dans le film. Il se sent observé., il marche.

Encore une fois, le sentiment que quelque chose cloche.

Je vais faire sans entrain quelques courses et enfin je décide d’aller boire un café. Je jette un coup d’œil sur la terrasse pour choisir ma place, et que vois-je ? LUI !!! ma jambe droite part toute seul dans la direction opposée, mais je me maitrise, je n’ai pas le choix, je dois m’assoir à côté, la seule table de libre.
Il est là devant un verre de menthe à l’eau et faisant semblant de lire le journal du jour.

Ces yeux ne s’arrêtent sur aucune ligne. De temps à autre en levant imperceptiblement la tête il regarde le trottoir. Les gens qui passent lui semble transparent, il ne voit rien ou fait semblant de ne pas voir. Il l’appelle le serveur et commande une autre menthe à l’eau. On dirait qu’il est là pour un moment. Je ne peux m’empêcher de jeter un œil sur la page qu’il a entre les mains : un fait divers, un enlèvement ou un meurtre. Machinalement, il pose son journal, le reprend, entre temps, il a toujours quelque chose à faire : fouiller dans sa poche, se retourner, mettre son portable en veille. Lire dans ses pensées, c’est facile, je me dis que c’est facile.il a l’air de prendre tout ça : le monde et ces ordinateurs, le monde et sa vitesse avec un calme détaché. Comme s’il était avant ...avant quoi ? Rentré chez moi, je me remets à mon bureau. Je sors mes dossiers, - je suis notaire.

Mais, quelque chose m’empêche, je repense au bar tout à l’heure. J’essaye de refaire en sens inverse le trajet de la journée, qu’en reste-t-il ? Je me souviens des conversations autour de moi, mais qui était assis à côté de moi. Je chasse cette question. Dehors le vent s’est mis à souffler les volets battent, je me lève pour les fermer, une ombre passe.

Je vais vers le téléphone et compose le numéro d’un ami. Il me dit avoir passé une drôle de journée, qu’il était sorti prendre l’air, qu’il ne pouvait travailler...que quelque chose l’embêtait.

 

14. Le naufragé


proposition de départ

Je suis mort à 33 ans, mais je repose là, j’ai péri dans un naufrage, juste avant d’arriver sur les côtes d’Aquitaine. le navire « La bonne Magdeleine » fit naufrage en 1831 au retour de Saint-Louis du Sénégal . Ma femme et mon fils ont sombré avec moi.

J’avais vraiment envie de sortir de là et faire un tour. D’ailleurs j’ai toujours eu envie de partir. J’avais une demande pour m’en aller en qualité de Magistrat. J’embarquais sur le Venus un 12 novembre 1828 et échappait au scorbut un an durant. J’arrivais enfin à Marie-Galante.

Voilà maintenant, quand j’y pense ce qui me fit sauter hors de mes gonds. C’est le traitement dont je fus l’objet. Là-bas, je constatais avec amertume que malgré les ordonnances qui l’interdisait, les traites d’esclaves continuaient. Je fus l’objet de menace, on fit des inscriptions sur les portes de mon domicile, on menaça ma femme et mon fils quand j’essayais de faire appliquer la loi.
Un an durant je vécu dans la terreur des représailles, dès que j’osais m’opposer à leur pratique. On essaya en vain de me soudoyer.

Ce sont ces mêmes esclaves qui me rendirent fous, dés les premiers jours de ma mort par leurs récriminations continuelles et leurs complaintes déchirantes. Eux qui me poussent à m’échapper pour venir taper à votre porte à n’importe quelle heure.

Pourquoi vous ? Parce que je perçois du fond de ma tombe votre sens aigu de la justice !

Je cherche en effet à m’indigner à deux, pourquoi ne pas souper vers minuit ?
Je vous conterais mes aventures.

Mais avant, dressez la table, allumerez-vous les candélabres ? Attendez-moi à minuit, vous dis-je.

Donnez congé autour de vous.

Je désire le tête-à-tête. Gardez le secret

Très bien, je puis commencer.

Si je fus nommé d’abord à Marie-Galante puis à Saint-Louis du Sénégal, c’est sur ma demande. Ma famille, déjà ruinée par les confiscations de 1789, ne me laissa pas assez de fortune pour poursuivre d’interminables stages non rémunérés en Métropole. Par ailleurs, je restais indéfectiblement lié à la Couronne de France. Je conçu le projet de demander ma nomination en tant que Magistrat dans les colonies. Statut qui convenait à ma situation.
Grâce à certains appuis, je pus voir ma requête aboutir.

Une fois sur place à Marie-Galante, je pris la mesure de la situation, et je demandais à être rapatrié. Ma demande aboutit, j’embarquais sur la « Bonite » en janvier 1830.

Je demandais alors ma mutation à Saint Louis du Sénégal. Sa Majesté, par une ordonnance du 13 juin, chiffre maudit, m’exauça et me confia le poste de Procureur général. J’embarque alors sur le « Bayadère »en aout 1823 à Brest.
Arrivé à Saint-Louis, je me mesurais au Gouverneur des colonies. Ce gouverneur, devant mon implacable loyauté à rendre la justice se mit à crier à l’insubordination. Je m’aperçus, il n’y a pas si longtemps qu’il se trouvait couché au même endroit que moi. Je rie d’avance au piège que je lui tends et savoure ma vengeance, car comme vous dites aujourd’hui, la vengeance est un plat qui se mange froid. En effet en venant vous chercher à cette heure, j’attends quelque chose de vous.

Touché par une maladie mystérieuse, en effet je fus dans l’impossibilité d’assister au premier procès en qualité de procureur général. Je constatais que d’ailleurs ce procès était un simulacre du début jusqu’à la fin, les preuves étant soit totalement fantaisistes, soit les aveux avaient été arraché par les moyens les plus odieux. Le Gouverneur X....m ‘accabla et se fut finalement moi le coupable.

J’embarquais de nouveau avec femme et enfant pour une année de mer. Le navire n’atteignit jamais la côte : nous avons sombré juste avant d’atteindre notre destination. J’avais 33 ans.

Voilà, ami de minuit, mon étrange destiné. J’en serais resté là si, par certaines conditions météorologiques : : grands vents hivernaux ; neige, pluie et froid, je n’entendis venus des coins de ce carré de terre d’étranges cris : Je reconnais par exemple lorsque la lune est rousse, les odieux glapissements du Gouverneur, qui ne semble pas tenir de la culpabilité mais au contraire, viennent chez moi pour me narguer, me torturer à mon tour, comme il avait torturé le malheureux témoin de la scène de crime qui avait eu lieu. Je le soupçonne d’être le coupable.

Ajouté à cela, les nuits de pleine lune, les rituels des Antilles s’avèrent exacts, quand quelques sorciers viennent au-dessus des tombes rendre les amulettes à leurs morts dans ces rites vaudous. Ajouté à cela, les ordres pour les manœuvres à bord, les « Parés à Virer ? », les commandements des capitaines, les cris des marins à l’approche des baleines en pleine traversée....

Ma mort est intenable. M’aiderez-vous à rétablir la vérité, afin que peut-être je pus gouter un peu de ce repos éternel tant attendu. Je voudrais aussi des nouvelles de mon meilleur ami, le seul à rester muet, qui adopta ma tendre fillette, restée orpheline ? Ah au fait mon nom ? Auger, Romain Louis Auger.

 

13. Le fait que


Le fait que quand il rentre chez lui, tout est dévasté

Le fait que 5 minutes plus tard, il roule vers une destination inconnue

Le fait qu’il ne sait pas où il va

Le fait que plusieurs heures de route plus tard il s’arrête dans cette auberge
Le fait que c’est la nuit, le fait qu’un homme est attablé aussi. Le fait qu’un objet traine sur la table et que son chapeau cache son visage, que ses mains sont jointes devant son verre, qu’il a la tête légèrement inclinée

Le fait qu’à l’étape suivante, le même homme est attablé avec devant lui le même objet, le fait que cette fois la patronne vient prendre la commande, le fait qu’il commande une boisson, le fait qu’il s’installe dans une chambre, le fait que le lendemain il reçoit une lettre, le fait que dans cette auberge, il rencontre d’autres personnages, un sculpteur, un météorologue, le fait que cette lettre lui parle de ce mystérieux objet, un objet arraché à une peuplade primitive.

Le fait que le sculpteur habitant l’auberge lui dévoile les plans de son œuvre future

Le fait que le météorologue a observé des évènements atmosphériques étonnants

Le fait que le sculpteur est obsédé par cette tribu

Le fait qu’il dessine les plans de cet objet sans relâche depuis des mois.

Le fait que le météorologue sculpte des courbes issues de fonctions mathématiques, sans relâche depuis des mois.

Le fait qu’il se trouve dans cette auberge par une nuit de pleine lune

Le fait que la lettre reçue est pleine de sous-entendus

Le fait que l’auteur de cette lettre lui donne rendez-vous à l’auberge, le fait qu’il lui indique qu’il aurait déjà vécu « cela »

Mais lui, il a tout abandonné, sans se retourner, il part en pleine nuit et roule des heures au travers des montagnes, pour trouver quoi ?

Pour trouver des choses « qui remontent » c’est-à-dire des trucs, des machins, le fait qu’il les croyait oublié, le fait qu’elles trainaient là, ces choses en jachères, en attente d’être vues et soupesées, le fait des sonorités de ces choses, le fait que là, dans ces montagnes, les sonorités grondent, qu’elles orientent, le fait du chant au fond la gorge qui fait la voix, le fait qui fait l’être et qu’il ne sait plus...ni les tenants ni les aboutissants de cette histoire.
Le fait qu’il voudrait peut-être recevoir des lettres d’amour...le fait qu’il passe à côté sans se poser de question, le fait que ce n’est pas son roman, ici, les lettres d’amour.

Le fait qu’il tombe quand même amoureux de la patronne de l’auberge

Le fait qu’à la fin, il lui doit la vie.

Le fait qu’on doit essayer de le joindre, le fait qu’on tombe sur son répondeur, le fait que personne ne comprend pourquoi il part, comme ça en pleine nuit, qu’on lui a volé des objets des objets primitifs, que là-bas, on attend rien de lui mais qu’ici...le fait qu’on cherche à l’entrainer dans un drôle de truc dont il ne veut pas.

Le fait qu’il va s’installer à l’auberge vivre à l’auberge, endosser le rôle du patron, gérer l’affaire quoi, et qu’un jour en allumant la télé par distraction, il tombera sur un conférencier lui parlant de cette tribu, le fait qu’il éteindra le poste de télévision.

 

12. Corps Immobiles


proposition de départ

Qu’est-ce que c’est ? Membres soudés, bras avec bassin crash intérieurs hurlants

Le professeur Zi frappé d’immobilisme écoute les sons alentours le bruit de l’étangs aux milles canards attendant sa collation apportée à heure fixe par son majordome

Son corps un bloc de granit son corps immobile comme les alentours frappés eux aussi d’immobilisme

Son corps ne dégage ni chaleur ni froid dans cette vallée où tous frappés d’immobilisme attendent

Immobiles les miroirs ne renvoyant plus rien que des images fixes

Immobiles les peintures de style Renaissance les fresques le vent ne souffle plus au coin des travées aucune brise ne vient agiter la flamme de l’âtre yeux fixé sur l’horizon

Immobiles le jardin de roses trémières rapporté des Indes par la Compagnie Jésuite

Immobile le vaste bassin orné de poissons chinois et thaïlandais rapporté par son vieil ami

Immobiles les statues grecques et à l’intérieur du manoir, les meubles style Renaissance, les faïences, ciboires, tapisseries…

Un ami professeur aussi vient lui apporter des nouvelles immobiles de la vallée
Lui seul résiste au maléfice

Le professeur Zi regard tourné

Ses pensées volatiles
Blanc couleur
Corps posé
Corps géologie
Corps géographie
Corps emplit l’espace mouvement aller vers des points cardinaux au hasard
Corps pierre et coule corps statufié à côté d’une cascade
Corps illusoires et allusifs debout couché et levé
Corps métronome et pulsations corps temps corps seconde et scansion
Corps être le monde
Corps être l’arbre
Corps délavé corps delta et jeté dans la grande eau salée.

CODICILLE : j’avais écrit un petit texte qui étrangement racontait l’histoire de ces gens frappés d’immobilisme, j’ai utilisé un peu de ce texte .

11. L’ âge des mains


proposition de départ
L’âge des mains

La main de l’enfance, les mains dans la peinture (....), les mains au cinéma, les mains des morts, les mains de ses parents. Les mains de l’enfance, quel est le premier souvenir de ta main ? Est-ce le premier geste dont tu souviens ? La main qui a pris cet animal, une tortue, et qui l’a remise en terre pour la sauver, à l’abri, au frais sous les arbres, dans ce pays de sirocco, la main qui ensevelit pour qu’elle vive…confiant ton secret dérisoire au vent, et aux quelques fleurettes éparses ...Bien-sûr, les mains qu’on doit poser sur la table sans les coudes. Autres mains : celles du peintre : Renoir voit le monde par le toucher, et il dit de garder les ongles assez longs pour préserver le toucher, pour ne pas qu’il s’émousse, Renoir dont les mains bandées malades le feront hurler de douleur à la fin de sa vie... La main de l’hominidé dans « 2001 l’Odyssée de l’Espace » quand il se saisi d’un os et qu’il le transforme en arme pour tuer la proie. La main, le chasseur la proie, l’animal, la main, l’homme. Les mains de la Joconde …bien croisées n’empêchant pas le sourire malicieux ou énigmatique qui a fait sa gloire – j’ouvre au hasard ce livre d’histoire de l’art- un classique – acheté 2 euros dans une brocante, et j’y trouve de suite les mains de l’Infante Marguerite sur un tableau d Velázquez, « L’harmonie » : la main droite tient un voile, la main gauche un bouquet ; sonorité chaude le rouge de Velázquez et son Infante. La main indulgente d’un des deux ambassadeurs du tableau de Holbein qui pend nonchalamment accoudé au meuble qui supporte les vanités. Mains qui détiennent les attributs du monde... Mains portant le globe, geste de l’initié...Mains posées sur une machine à écrire d’un membre de la famille, ultime cliché ; voilà le punctum de Barthes, geste suspendu en attente de quelque chose ; les mains sur une fresque de Piero de la Francesca, mains prises au hasard, mains si je m’y penche, là les mains, la gestuelle entre les personnages expliquent un peu la scène, mains du christ : la Dernière Cène. Les mains sur le tableau de Poussin « Le massacre des innocents » qui ressemblent tant aux mains que Picasso a peintes ... Les mains dans un tableau de Franz Hal – toujours le hasard « Les directrices de l’Hôpital », on ne voit que les mains…ce doit être le sujet …Mains des Bouddhas, des Maternités, des Vierges. La mort ? nos morts ? les mains peintes par Rembrandt dans le tableau « L’autopsie » : quatre mains, celle de l’autopsié, celles du médecin. Mains du Pape, mains des Prélats, mains qui expriment la révolte, la classe sociale, le rang, l‘autorité, la Grâce, la Foi....

Les mains de celui qui appelle le serveur

Il appelle le serveur, la salle est vide, à l’intérieur. Il est en terrasse. Il n’y a personne non plus, il porte un smoking blanc, Il ressemble à Marcello Mastroianni, C’est un écrivain, Il est en manque d’inspiration. La scène est brumeuse, il porte une cigarette à sa bouche, qu’il n’allume pas. Il suspend dans le temps c’est quelqu’un qui rêve de lui. Qui l’appelle dans son sommeil. Le téléphone sonne. On regarde sa main dans chacun de ses gestes quand, il appelle le serveur, d’un signe de la main quand il va prendre une cigarette qu’il n’allume pas

Il appelle le serveur, il annule son repas, il part précédemment. Il règle son apéritif, empoigne son pardessus sa 4CV grise démarre, Il laisse derrière lui, sans se retourner ses convives, en retard. Il s’arrête sur la départementale pour téléphoner. L’interlocuteur est absent Il raccroche. Il roule environ 1 heure. Il s’arrête de nouveau. Il est traqué. Il a peur. Sa montre s’est arrêté à 12h13. Au moment où il a quitté le restaurant. Sa main empoigne le pardessus, sa main sur le téléphone quand il compose le numéro, sa main sur le volant, quand il regarde sa montre...

Concert

On arrive dans la salle, les musiciens sont installés : un piano, plusieurs trompettes, un sax, un violoncelle, on regarde les mains du pianiste, on bouge le pied, on bat la mesure en signe d’assentiment, mieux d’accord, Un flot de gaité te submerge. Ça y est... Musica. un bar plein de fumée... un comptoir, des clients plein de drink Whisky... et double panaché, cocktail et Pina Colada. On regarde les mains des musiciens, les mains des clients, la main qui ne frappe pas la mesure, pleine de retenue, la main qui se laisse aller, la main qui voudrait parler le langage de Louis (Amstrong) celle qui cherche la mesure de Billy Holiday, la main de sa femme toute décorée, qui parle toute seule. Le sax dont les doigts de celui qui le joue danse... mesures du batteur, des mains qui attendent, qui goutent cette mélodie, et cette main qui écoute ; mains-oreilles, mains pour prendre les paroles et pour le bonheur là où il est, sur la scène, là où joue l’orchestre de jazz.

CODICILLE : il n’y a pas de personnages, sauf un peu avec le serveur et son client où dans la boite de jazz.

9. Ne pas mentionner


proposition de départ
Le paysage vu par Un jeune homme qui a commis un meurtre
Ne pas mentionner le meurtre

J’arrive dans la matinée. J’ai conduit longtemps. J’ai entasse dans le coffre à gants une bonne vingtaine de cartes, bien que mon GPS soit tout à fait opérationnel. Il y a une sortie d’autoroute sur la droite, je bifurque au hasard attiré par le nom du lieu /D I O T. Je n’ai pas le temps de lire la suite, je roule encore, je roule vite, plus vite que la limitation, je frôle les gardes fous, je vois dans le rétroviseur un camion qui me suit j’accélère encore, parfait il y est loin maintenant, je ralentis, je prends un bonbon dans la portière droite, j’ai ce tic, je suçote toujours des bonbons, Halte à une station je fais le plein, j’achète un sandwich que je déballe dans la caisse et en dessert mon éternel bonbons, ma drogue, ma consolation. Je repars, je suis remonté, je roule, une heure plus tard, je vois une masse grise tout juste séparé du ciel par une légère brume. Je roule encore sur la corniche. L’endroit est désert. Je me rapproche, la mer commence à moutonner mes mains sont posées à plat, je ne tremble pas. Je m’étonne de m’attarder sur l’état de la mer, un bateau apparait dans l’angle de mon œil. Je continue de rouler calmement. Le portable sonne, j’ai un léger frissonne m’aperçois que la température a baissé, je m’arrête. Je prends un pull dans le coffre, toujours calmement. Je fais bien attention à ne pas le mettre à l’envers, je suis toujours très soigneux,. J’ouvre le thermos, sous le pull j’ai quand même un col roulé, je sers le café dans le gobelet en plastique je tiens ma tasse à deux mains. Je m’adosse à la voiture, il n’y a toujours personne. En levant le nez de matasse j’aperçois devant, flanqué sur les rochers j’aperçois devant, ne bâtisse blanche, haut perchée à l’abri de la mer démontée. J prends la carte je la déplie sur le capot et j’essaye de la repérer le prochain village. J’oublie le bâtiment. Je ne trouve rien, la carte est à une échelle. Je reviens vers le bâtiment, je vois les fenêtres ouvertes, pas toutes seules celles qui donnent sur la mer. Le soir est en train de tomber . Une lumière s’allume. Cela fait bien une heure que je suis là., que j’attends. Je me mets à regarder si quelqu’un passe devant la fenêtre, puis à chercher s’il y a une voiture garée devant la bâtisse, à observer les clôtures, s’il y en a. Je ferme la voiture à clef et je marche. Je quitte la route et passe par les bas cotés. La végétation est sèche, quelques buissons épineux, et beaucoup de caillasse. Je me blesse à un buisson épineux, je tombe. Je saigne beaucoup. Je me réveille je suis couché je porte la main à mon visage, il est en sang, je me redresse, les côtes paraissent plus déchiquetées que la veille. L’air est plus vif, c’est le matin, ; le bâtiment resplendit sous le soleil levant. Les arrêtes sont saillantes, la mer est plus déchainée que jamais, je perçois le bruit du vent et soudain, un bruit mat venant de la bâtisse ; une voiture démarre, elle sort de la bâtisse

Le paysage vu par un oiseau, n
e pas mentionner l’oiseau

Ce qui domine ici c’est plutôt la couleur grise et un peu bleutée... c’est la mer dans ces tonalités, c’est une sorte d’étui d navigation à perte de vue. Des formes géométriques : ici un demi arc de cercle, là un arc de cercle plus vaste, ici, plusieurs cubes, carrés rectangles s’emboitent les uns dans les autres. Ici, tout semble s’emboiter dans une harmonie parfaite. Une forme répond à une autre, une forme, en désigne une autre. L’abstraction du paysage par l’épure des formes. Par simplification. Puis en se rapprochant, l’énergie de l’eau remonte vers le ciel en écume. Se fondre là-dedans, se rendre invisible et en enfin rejoindre ... les nuages.

Le paysage vu par un père dont le fils est mort à la guerre
Ne mentionner ni le fils ni la mort

Je suis au pied du grand escalier qui mène vers la grande entrée. Le vent balaye les arbres, je vois une masse grise. La porte d’entrée est largement ouverte, les rochers autour se referme dans ce cirque de pierre, ces mâchoires m’enferment ; je suis prisonnier ici malgré l’étendue qui m’appelle. J’avance un peu en prenant une respiration profonde. Je n’attends rien. Le vent forcit, un peu je regarde la mer se soulever. Bruits et grondement de la mer attaquant la falaise. Je retiens mon chapeau d’une main, le temps se courbe, la mer rejoint le temps.

CODICILLE : J’ai essayé de répondre à la consigne, cela donne des paragraphes courts. Je n’ose essayer d’en faire plus.

8. Ponant

proposition de départ
intérieurs

1/Une salle, c’est un salon peu éclairé, des rideaux épais barre la lumière, une table ronde en bois massif, chêne, les reflets bleus un peu partout, la fenêtre laisse passer une lumière assez blanche bien que tamisée légèrement par des voilages blancs transparents. Soir au couchant. Cet endroit est désert. Un miroir de grande taille au mur du parquet. La lumière exprime quelque chose, temps passé, attente. Sur la table un disque vinyle de Count Basie, « Atomic Basic », un journal du 23 novembre 1963 annonçant l’assassinat de John Kennedy, une bouteille de vin –- grand cru, un seau à glace, une trousse de maquillage, un pot de crème, des petits foulards, un rouge à lèvre, un miroir de poche.

2/un bar dans une gare, des chaises en fer, des voyageurs passant sans arrêt, un sandwich sur le coin de la table — bouteilles de Leffe, un journal du jour, une trousse de maquillage, un miroir de poche, le billet de train sur la table.

3/ le hall d’un aéroport : des guichets déserts, à 7h du matin, les sièges du hall, le bar ouvert depuis 4h du matin attendant des stewards pressés. Les annonces des arrivées, les annonces des départs, la file de chariot « Sixt » bien rangés attendant les bagages des voyageurs indécis. Les Comptoirs des compagnies aériennes rutilantes reflétant les publicités pour Coca-cola, les boutiques de luxe, les mannequins en 3D, les publicités passantes, les regards des mannequins se reflétant les dans les autres. Derrière les vitres l’ombre des voiture de luxe, des taxis,

4/ une cuisine, une table, un repas en train d’être préparé : oignons, ail, planche en bois, épices,, les rideaux sont tirés, les ingrédients :pot à farine, beurre, épinards blettes en désordre ordonné du cuisinier, un calendrier des postes, un réveil, un sablier, un saladier plein de légumes, le tablier abandonné sur une chaise, le livre de recettes grand ouvert sur la table, des journaux sur une chaise, des reproductions d’œuvres bon marché, un plateau en plastique reproduisant le « déjeuner sur l’herbe » acheté dans un vide grenier, un miroir mal accroché, des torchons à carreaux hérités d’un grand-mère, ficelle, une mélodie venant de l’extérieur, vent chaud.

extérieurs

1/ un jardin, des herbes folles, une vielle bicoque dont le toit s’effondre, des roses, un soleil et un vent très chaux de type « sirocco », un table de jardin avec des boites en ferraille et en bois entassées, une caisse à outil , des vieux journaux de l’année dernière, des clefs de voiture sur un porte clef « shell », la voiture une vieille DS pimpante cependant et bien entretenue.

2/ une rue dans une grande ville : des motels, des hôtels de luxe

3/ une grand rue dans un village de montagne : encore une fois le désert, le décor et en place

4/ bord de mer : très tôt le matin, pas de vent, le temps s’immobilise. en attente d’une voile quand le ponant se lèvera.

Codicille : il me manque 2 extérieurs, mais il faut avancer. Tant pis, j’y reviendrai.

7. Bien des années plus tard...


proposition de départ

1/ Il posa sa main sur la poignée de cette porte. Bien des années plus tard, il cherche ce qui a bien pu le conduire à ce geste. Cette porte n’est pas n’importe quelle porte. C’est la porte du laboratoire de recherche dans lequel il travaille aujourd’hui. C’est un sas de haute sécurité. De l’autre côté de cette porte des ordinateurs, les plans les maquettes des accélérateurs de particules. Il regarde autour de lui, son regard ne s’attarde sur rien, il et concentré sur le nouveau programme de recherche. Quelques instants, à peine rentré, la poignée de la porte se baisse de nouveau, Entre le directeur du laboratoire. Il continue sa tâche, il sait que le moment sera difficile : il doit avouer à son directeur qu’il a choisi de modifier le protocole de recherche sans l’accord de sa hiérarchie.
2/ Il prit un timbre dans son portefeuille rouge et le colla. Alors que sa montre digitale affiche encore « 7h30 ». Il prend sa sacoche et d’un pas décidé traverse la pièce. Il décroche le téléphone et annonce à son interlocuteur son départ par un vol l 813. Il dépose Son courrier dans une boite aux lettres en bas de chez lui. Pourquoi ne pas envoyer son courrier par mail ? il se méfie des messages mail.il pense qu’où qu’il aille ses courriers seront interceptés. Il travaille pour un laboratoire de biochimie, son sujet tourne autour des pandémies, des maladies virales. Un équivalent des laboratoires classés P4... Seulement voilà, cette fois, ces recherches l’ont conduit à sortir des sentiers battus. Il est sur le point d’établir un rapport explosif.

3/ : Il mit son œil derrière l ‘objectif et déclencha : un paysage vaste sans colline, semi désertique s’affiche sur son écran digital. Il cadre.

CODICILLE : je crois que je suis hors sujet...

5. appelle le serveur


proposition de départ
1

Il appelle le serveur, la salle est vide, à l’intérieur. Il est en terrasse. Il n’y a personne non plus, il porte un smoking blanc, Il ressemble à Marcello Mastroianni, C’est un écrivain, Il est en manque d’inspiration. La scène est brumeuse, il porte une cigarette à sa bouche, qu’il n’allume pas. Il suspend dans le temps c’est quelqu’un qui rêve de lui. Qui l’appelle dans son sommeil. Le téléphone sonne.

2

Il appelle le serveur, il annule son repas, il part précédemment. Il règle son apéritif, empoigne son pardessus sa 4CV grise démarre, Il laisse derrière lui, sans se retourner ses convives, en retard. Il s’arrête sur la départementale pour téléphoner. L’interlocuteur est absent Il raccroche. Il roule environ 1 heure. Il s’arrête de nouveau. Il est traqué. Il a peur. Sa montre s’est arrêté à 12h13. Au moment où il a quitté le restaurant.

3

Il appelle le serveur il lui commande les meilleurs plats Le banquet va avoir lieu. Les fiançailles de son fils ainé. Il commande pour la semaine prochaine, un vendredi, il met au point le protocole : son père et sa mère, le plan de table.

4

Il s’appelle le serveur il l’appelle par son prénom « Salut Mehdi, tu es là depuis combien de temps ? Je n’ai pas vu ta mère dans le quartier depuis longtemps ?Elle est repartie et ton père, Yallah mon frère ! raconte-moi ta vie »

5

Il appelle le serveur, se plaint du mauvais service, mais ça ne va pas ! l’entrée n’est pas celle que j’ai commandée ! pas assez salé et pouhha ! quelle odeur sort des cuisines et puis les clients ! désagréables je ne paye pas la note !

6

Elle appelle le serveur, elle lui demande si il se souvient d’elle : ils ont fait un voyage en avion il y a dix jours, ils sont revenus de vacances ; un bungalow sur une plage, dans une ile éloignée. Mais non il ne souvient de rien. Est-ce que c’est parce que les vacances se sont mal finies ? qu’il a fallu rentrer en urgence ? Qu’une mystérieuse maladie semait la panique partout dans le monde ?

7

Il appelle le serveur, il a de la brume autour, il est 6 heure du matin, arrive à l’ouverture, il n’y a personne dans le bar. Le serveur tarde à venir, il porte une vieille chemise, pour quoi le serveur n’arrive pas ? Les camions de livraisons sont devant la porte, ça sent fort le gas-oil. Mais c’est tout, dehors il n’y a pas de voiture, les camions donnent l’illusion d’une grande activité, puis le camion s’en va. Le serveur est à la cave, en train de ranger l’arrivage de marchandise. IL ne répond toujours pas. L’homme regarde sa montre, va prendre le journal sur la table. Il regarde les gros titres sur chaque page. On dirait qu’il cherche une information en particulier. Il tapote une cigarette pas allumée sur son paquet. Il est anxieux. Le téléphone sonne dans le bar. Le serveur ne remonte toujours pas. Voilà 15 minutes qu’il attend. Une autre personne est arrivée. Elle ne le regarde pas. Enfin le serveur arrive. Son pantalon est froissé, il n’a pas passé la nuit chez lui. Il vient de faire un long trajet, mais il n’a pas de sac de voyage. Un billet de train dépasse de sa poche.

8

Il appelle le serveur. Il est habillé en noir, il fait des gestes amples. Il est costaud. Il parle doucement. Douceur et force... il a une cicatrice sous le menton. Cette cicatrice révèle quelque chose, casse l’idée qu’on se fait de lui a priori. Cette cicatrice c’est une sorte de coup de canif fait au temps. Au moment où le serveur arrive, une partie de son passé vient défiler. Il demande l’addition. Le temps se concentre Le serveur repart. Dans la banalité de cette scène, il y a le rythme fait de silences : le silence entre chaque geste. Et le silence avant son départ quand il plie le ticket et qu’il le met dans la poche.

9

Il appelle le serveur, ses clefs sont sur la table. Le server vient de prendre son service. Il n’a jamais vu cette personne ici. Pourtant son bar est au centre du village, dans la rue unique, l’artère principale. C’est l’hiver, il y a peu de passage L’homme demande où il pourrait loger.

Codicille : Je cherche des situations différentes, mais le masque pourrait tenir un monologue intérieur. je pourrais mélanger 2 propositions (d’un autre atelier)... Je suis au pied de la montagne, je n’entrevois pas encore le sommet...

4. Seul, ton dur, ton doux


proposition de départ
acéré

Lacérée la lettre, le texte hystérie des formes devenues folles, pendant un carnaval avec des masques grimaçants pendus sur les murs. Hurlement des sirènes au loin. Lacéré, déchiré jusqu’aux craquelures sur les murs, les plinthes, le sol. Fissures telluriques issus de l’emportement des plaques tectoniques. Chaque objet devient une falaise, il tombe dans le noir du cauchemar, et le son strident d’un guitare hard rock l’assaille. Aucun apaisement en vue : le combat !!!

un moment ailleurs

Dans la chambre, le bois renvoie des échos tendres ; des tapis sur lesquels les pieds crissent, des tapis de haute laine, des œuvres dans les mêmes sonorités de printemps ou d’automne. Air chaud qu’un ventilateur apaise. Musique d’un saxo dont on entend les rondes harmonies. Arbres dehors entrevus par la fenêtre, pins, soleil, devant. Douce lune survenant d’ailleurs. Souffle de la respiration. Des textes chinois, cuve, cave, intérieurs, Chinois jouant aux go. Vie en surface, vie des volumes et des ombres. Reflets soyeux des miroirs, ajustement des montagnes, des crêtes douces baignées de lumière Atlantique.

3. quitter la ville


Je quitte la ville précipitamment, je pars la nuit. D’autres comme moi quitte la ville, on est des centaines à quitter la ville. Certains ont but précis , beaucoup partent au hasard sans point de chute. Des projets de départs, il y en eu. Pourquoi partir ? Tout SE REMET TOUJOURS EN QUESTION Partir ? un petit mot de 6 lettres, un verbe indiquant le mouvement qui les poursuit. Plusieurs espoirs de départ, chacun dans un espace différent du globe. 10 personnes, chacun animé du même désir, chacun sur un écran différent. Dans l’hémisphère, nord, un couple rentre chez eux, ensemble. Dans leur meublé dans cette mégapole. Le silence s’installe. Chacun est complètement absorbé par des textes, images, photos de voyages. Chacun dans un coin du salon, il compulse les programmes et les dépliants d’agence de voyage. Ils n’échangent pas un regard. Puis sans un mot, elle se lève et prépare le repas. Dans une autre ville, d’autres personnes accoudées au comptoir d’un bar, envisagent aussi de quitter la ville. Ils ont six. Quitter la ville, parce qu’il y a un rdv quelque part. Une secte, un groupe, Il y a une grande fête « Silver square », une fête qui se passe tous les dix ans. On fête le Grand Renouveau. On cherche surtout à éviter les grands axes. Enfin le gang de Z quitte la ville au même moment dans un camion, volé, destination, inconnue sauf du chef. Quitter la ville, pour ailleurs, toujours plus loin. Quand les murs invisibles nous enserrent, quand quelque chose nous étouffe Quitter la ville pour la ville pour respirer. Quitter la ville pour vivre.

Dans une forme « nouvelle », l’idée est de présenter des tableaux de personnages, qui au même moment, ont une même impulsion. Idée un peu cinématographique de différents « plans » . Pour la forme « roman » ; j’enverrai séparément...

2. une bien sombre histoire


Un jour anniversaire chaque année, la famille X se réunit chaque année dans une ville différente. Chaque année, un membre de la famille, cousins éloignés d’une branche vient à mourir et le clan se réduit peu à peu. Pendant des années, le banquet est organisé avec soin, on choisit une auberge, généralement à l’écart. Et les festivités ont lieu. Il y a entre 60 et 100 personnes. Certains viennent de loin : cousins d’Amérique, d’Amérique du sud, oncles. Branches cadette d’Afrique. Les voilà enfin attablés, plan de table Mais comment gérer l’étiquette « familiale » (, et des nouvelles alliances ?) Au demeurant tout va bien. Femmes en chapeau à voilette, hommes en costume, petite cravate comme Lucien nouveau conjoint d’Odette qui vient passer son baptême du feu. L’accord tacite, on parle des morts. Pas plus de 10 minutes. Car est en jeu, L’Héritage, le partage et qui fait référence au deuil précédent et au partage loupé, comme il se doit. On évite le sujet et il est question de tante Huguette qui aurait passé son agrégation de philosophie à 56 ans ! Et cela fait bon train. On en est au chevreuil, Arrivée en trombe de l’oncle en retard comme d’habitude à cause de son « travail ». Enfin il est question du mariage d’Elisa et voici le prétexte tout trouvé. Elisa a choisi Jean ! Celui-là...et on en a profité pour parler ! Voilà Elisa mariée à 20 ans, comme tante Z d’ailleurs qui aurait, enfin le commerce, la mercerie « Au bon ruban » on parle de l’Etat ; du ministre , de l’Etat, de nouveau du ministre de l’époque mais enfin le contentieux, y est et on cherche à combler les non-dits. Parce que tante Z semble agitée. Moi, je suis là par hasard, une fin d’après-midi, je tombe en panne. Je rentre là pour demander à téléphoner, (à cette époque nous n’avions pas de téléphone portable) je rentre j’entends des sons feutrés. Dans le ; quelqu’un apparait. Me prie de rester. J ‘entends tout d’abord la voix de tante Z curieusement je croyais que l’affaire de la mercerie, venait de se produire j’appris plus tard qu’elle datait de plus de 30 ans. Après cette évocation, les fourchettes tombent, quelqu’un cherche à changer de sujet et s’aventure sur le terrain du passé, il commence à redire toute la joie qu’il a d’être là. Tout le bonheur qu’il a de les retrouver et quelqu’un demande qui a eu l’idée d’organiser le repas toujours, dans une ville différente. Ca complique tout. Le jeune P, celui qui vient de terminer sa prépa d’entrée à science Po lui répond que c’est pour alterner les longs trajets. Tout le monde se regarde, le silence retombe. La jeune Lucie sort de table, elle dit qu’elle doit passer un appel. « Comme sa sœur » Hurlement. « Tu sais bien que sa sœur n’est jamais revenue ! » et elle fond en larme. Le cousin Albert regarde ses chaussures. Le mari de sa sœur dont on a retrouvé le cadavre dans sa voiture une balle fichée dans la tempe..

CODICILLE : plus il y a de protagonistes ; plus il y a entremêlements de non-dits, de petites histoires qu’on suppose. L’idée est d’aller crescendo ; de la petite affaire à la grande. Dès le départ ; ils changent de lieux, c’est déjà une fuite. Mais comment le narrateur apprend-il tout cela ?

1. Une ville au bord de mer.


Des toits plats, vus d’en haut. Un entrelacs de ruelles 2000 habitants, peut-être et ce personnage M circule dans les rues. Un peu plus loin une usine désaffectée dont l’unique cheminée se délabre ; quelques hangars, des toiles, des tuyaux renversés, une banlieue quelconque, un ancien supermarché dont maintenant les caddies rouillés s’entassent. Plus loin seulement la vieille ville, blanche, immobile face à la mer. M vient de passer cette zone et continue à rouler. Il n’entend que le bruit du moteur de sa voiture, il est seul, il prend garde ne pas rouler sur d’autres tas de taules.il s’attendait pas à devoir passer le no mans land, il s’attend à voir des anciens représentants des forces de l’ordre encore en uniforme, il le craint mais rien, il regarde de tous côtés par superstition, mais il n’y a personne. Il se demande si la ville sera aussi déserte que les alentours. Il ne cherche pas à écouter un programme radio il a peur de donner l’alerte, il a laissé les vitres ouvertes, à cause de la chaleur. Il a décidé d’entreprendre ce voyage il a une semaine. M profite d’un instant de répit, En passant le poste frontière, il ignore l’état de la ville. Rien, aucune information ne franchit les ondes, et ce territoire est coupé du monde. Il vient ici pour chercher quelqu’un, il ne sait pas où se trouve cette personne. Il cherche à retrouver la maison familiale dans la ville haute. C’est aussi le pays de son enfance. Avant d’entreprendre ce voyage, bien sur il avait consulté les cartes. Il commençait à avoir des soupçons bien avant que les médias ne diffusent l’information : ce territoire était en congé du monde et une sorte de mur opaque l’encercle complètement une sorte de fumée dense et impénétrable. Il roule depuis maintenant 2 heures, depuis qu’il a passé le poste frontière, il avance au pas, il est sidéré, le silence l’atteint comme une balle en plein cœur. Chaque mouvement dans l’habitacle de son véhicule lui est douloureux. Il ne comprend pas. Curieusement il ne voit absolument personne la vie s’est comme retirée, il cherche quelques points de repères., d’abord puis fouille sa mémoire, à la recherche du souvenir enfoui. La voiture avance à 10 km/h. Il entame la côte vers la ville haute il pense à envoyer un message à sa femme. Une photo un SMS, un message il commence à dicter il s’aperçoit qu’il s’apprête à envoyer une carte postale sonore, bien loin des élégants programmes de voyage. Il cherche. Indescriptible ! Fantastique ! Hallucinant !

Les enfants jouent sur la plage. Il a 13 ans ; ses parents se sont absentés, les copains, les jeux, il continue de rouler au pas.

CODILLE : J’ai l’impression d’avoir seulement frôler le sujet, ce personnage je voudrais le développer. Il est dans une disruption. Ces alentours de ville, il existe déjà ; qu’est-ce qu’ils me disent, pourquoi reviennent-ils ? Il faudrait que ce personnage m’emmène encore plus loin, que le narrateur, en sache plus. Car c’est lui qui m’entraine et je ne sais pas tout où il va... !

 



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1ère mise en ligne 1er août 2020 et dernière modification le 30 octobre 2020.
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