la page du dimanche : Léon Bloy

chaque dimanche, une page singulière de littérature (et le nom de l’auteur la semaine suivante)


cité par Armel Guerne dans la préface à sa Danse des morts, 1940-1945, éditions Le Capucin / relectures, 2005


On ne change pas la nature des choses et l’homme sera toujours l’esclave passionné de la Douleur. Il en fera toujours sa beauté, sa force et sa gloire. Il se recommandera d’elle, toutjours, quand lui faudra produire un atome de sa liberté, comme les prisonniers se recommandent de leurs chaînes pour enfoncer les portes de leur prison.
La Douleur est un diamant de Golconde, surabondant jusqu’à la plus extravagante profusion.
[...] C’est une chose tellement précieuse qu’il est impossible de s’en passer et tellement vulgaire qu’il faut avoir du génie pour s’apercevoir de ce qu’elle vaut. Lorsqu’un grand homme apparaît, demandez d’abord où est sa douleur.

Mais quand la parfaite ignominie vient s’ajouter à la suprême douleur, quand le mépris universel, sous sa forme la plus affreuse, vient déshonorer le supplice ; le sublime humain se transfigure et s’élance dans un empyrée nouveau.
La poésie de sang et de larmes se manifeste alors, sans rhétorique ni voiles, découronnée de son terrible bandeau.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 25 septembre 2005
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