roman-photo | qui se retourne et s’arrête ?

résidence Paris en Toutes Lettres, immersion d’une semaine à la Défense


À cet instant, la silhouette sur la passerelle là-bas était arrêtée et regardait au dehors. Peut-être me regardait-elle moi, qui la regardait. Une silhouette d’homme, mais bien trop loin pour le visage. C’était l’heure où de toutes les cases à lumière, dans la hauteur des façades, s’organise la micro-diffusion qui les fait converger vers les bouches géantes du sous-sol, qui les renvoient vers la ville. Il n’y a pas à s’arrêter sur ces passerelles. Il n’y a pas à fixer l’extérieur et considérer quelqu’un qui vous regarde, ou rien. Il n’y a pas, à cette heure où le travail finit et qu’on rentre, à s’interroger sur soi-même ou le monde. En arrivant, le matin, peut-être. Dans les moments creux de l’insomnie, chez soi, peut-être. Dans l’ennui au bureau, dont on expédierait bien plus vite toutes les tâches et réunions si cela ne tenait qu’à soi, peut-être. Je suis resté un moment, j’ai bien regardé : personne d’autre jamais ne s’est arrêté, sur la passerelle – même un instant.

 

 

 


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1ère mise en ligne et dernière modification le 3 mai 2011
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