Orsay le midi, mystère des pochons

à l’heure de midi, dans la ville basse, on ne se déplace que muni d’un pochon


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Dans la ville basse, le midi, à proximité du City-Park, les visiteurs appelaient ça le mystère du pochon.

On n’avait le droit de se promener ou de traverser la ville qu’à la condition d’avoir à la main son pochon.

D’abord évidemment on se posait des questions : souvenirs de ces fêtes d’école et tombolas où le prix que vous aviez gagné c’était un poisson rouge qu’on rapportait dans son pochon.

Ou bien parce qu’ici, dans la ville basse, encaissée dans sa vallée avec les rails du RER, la grande route desservante, les maisons entassées, le soleil absent, mieux valait dès le matin se munir de son viatique et le garder dans son pochon.

Dans un bâtiment moderne comme le City-Park, et le nombre de gens qui y travaillaient, les tâches importantes qui leur étaient confiées et le volant économique que cela représentait, vous n’auriez quand même pas imaginé qu’il n’y avait rien à manger à proximité, qu’ils se rendaient tous dans l’étroite échoppe halal avec ses grecs et panini (choix à cela limité) et parce qu’il n’était pas convenable à gens de leur importance de s’asseoir sur les tabourets de la boutique, sous son téléviseur criard, qu’ils les rapportaient pour manger directement dans les bureaux du City-Park, la serviette en papier posée près du clavier, et sorti ce qu’ils avaient dans leur pochon.
Je n’osais pas trop photographier, puisque j’en sortais du City-Park. Mais c’est bien étrange, ces gens tous dans la même direction, tous portant leur pochon.


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1ère mise en ligne et dernière modification le 27 avril 2012
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