publie.net : les 20 000 au 20 juin ?

on double la mise chaque année : la progression publie.net s’affirme, même sur route fragile


Depuis le début de l’aventure publie.net, nous essayons de fonctionner le plus possible à ciel ouvert.

Ainsi, le 26 décembre 2010, nous avions atteint les 10 000 téléchargements de textes depuis le 1er janvier, passage symbolique que nous avions fêté en distribuant gratuitement, pendant 10 jours, un texte de Martin Winckler.

De même, le 28 décembre 2011, nous avions atteint les 20 000 téléchargements pour toute l’année. Voir analyse détaillée. C’était donc l’exact doublement de nos chiffres 2010.

Ce matin, nous passons les 19 300 téléchargements, depuis le 1er janvier 2012 (les 10 000 avaient été passé fin mars). Cette semaine, en tout cas d’ici 5 à 7 jours, nous franchirons le cap des 20 000 téléchargements, soit le chiffre de toute l’année précédente. D’autre part, pour 2010 comme pour 2011, le 2ème semestre avait représenté près des 2/3 des téléchargements...

De quoi pavoiser ? Oui, fierté, parce que ça ne peut pas se faire sans un complet travail d’équipe, et en assumant toutes les tâches parasitaires – faut le moral pour maintenir une EURL dans la bureaucratie française et tous ses aspects obsolètes. Mais justement, un peu d’argent qui rentre, ça permet d’externaliser les tâches que je ne suis pas à même d’assumer (les epubs bien sûr, mais aussi le nouveau contrat avec déclinaison papier, reddition de compte etc).

D’autre part, ce qui a caractérisé ces 6 derniers mois, c’est un considérable rehaussement des critères de publication des différentes plateformes. On se cogne parfois la tête contre les murs aux incessants changements de spécifs d’iTunes, mais au moins les produits proposés aux lecteurs chaque fois sont de plus belle façon et ergonomie. Ça reste un truc littéralement épuisant : avant-hier, découvrir que la Kobo, pourtant appareil bien sympathique, n’était pas d’accord avec le fait qu’Arnaud Maïsetti écrive un livre en 2 paragraphes de 70 pages chacun, et ça c’est toutes les semaines.

Des recompositions profondes de cette diffusion. En 2011, l’équipement en voie rapide de milliers et milliers de gens nous avait sauvé la mise en créant un fort appel vers nos mises en ligne de classiques, d’après une bibliothèque numérique que j’avais commencé de me constituer puis peaufiner dès 1996, et me laissant souvent goût amer, par rapport aux auteurs invités, de résultats de téléchargements parfois dérisoires pour le contemporain – et pourtant, vous avez vu le Bozier de la semaine dernière ?... Double combat : confiance dans la lecture numérique, mais confiance aussi dans la création contemporaine, et parfois l’impression, dans le monde web, d’être bien plus démuni que dans le monde papier où les réseaux de défense et circulation du contemporain existent depuis longtemps. Et où les circuits de réception critiques restent bien dédaigneux (ou craintifs ?), préférant les éternelles discussions sur la menace numérique à la lecture de ce qui s’y invente.

Il semble que depuis janvier on commence à basculer cela aussi. Nous continuerons les mises en ligne de classiques, j’en ai un beau stock pour mon été, de Clarté de Barbusse à des réhabilitations comme Robida. Et c’est une formidable école d’édition : versions critiques, retraductions, mise en forme et ergonomie (voir récemment La mer de Michelet), c’est pour nous un coeur de métier à égalité des autres dimensions.

Mais, maintenant que la confiance vient, et à mesure que s’accroît le taux d’équipement, et d’appareils, Kindle Touch, Kobo, Bookeen Odyssey, susceptibles de procurer un vrai plaisir de lecture. Indépendamment du compagnonnage que nous sommes de plus en plus nombreux à tisser avec la machine d’excellence qu’est l’iPad (et ça ne m’empêche de râler contre Apple qui propose sur cet appareil un moteur de césure pourri, tant le public français pèse peu à son échelle), même sur les grandes plateformes que sont Amazon et iTunes – sans aucune possibilité d’intervention de notre part –, on voit bien que nos textes contemporains commencent à accrocher. Les récents résultats pour Le jeu continue après ta mort de Jean-Daniel Magnin ou Pour un humanisme numérique de Milad Doueihi nous y encouragent : mais vous, vous les avez lus ?

On navigue à vue. Nos prix sont désormais fixes à 2,99 le plus souvent, et 0,99 pour les classiques, et c’est dérisoire par rapport aux daubes grand public qui se vendent le double ou le triple, mais tout le monde est content. D’autre part, constat que nos formules d’abonnement n’accrochent pas, on comptait pourtant beaucoup sur un large développement de ce côté-là. Mais, par rapport à un public désormais un vrai soutien, le geste qu’on fait des inédits à prix de lancement 0,99 du vendredi au lundi nous semble d’abord façon de répondre à cette fidélisation. Vital, complètement vital, d’encourager auteurs et textes qui explorent, cherchent inventent.

On structure aussi l’éditorial. Désormais, la fabrique et la mise en ligne d’un nouveau texte c’est un coût et du temps. Plus qu’important que le compagnonnage avec les auteurs s’intensifie, que nous puissions proposer pour chacun un atelier vivant et ouvert. Plus qu’important la présence web des auteurs eux-mêmes : beaucoup sont sur twitter, beaucoup ont sites et blogs, cette relation qui s’ébauche est décisive. Le lancement de la collection polar, fin 2010, avait été un virage : publie.noir solidifie en permanence, et en septembre lancement d’une version bundle papier + epub qui devrait aussi se repérer dans le paysage. Projets de collection, pas extensible beaucoup, mais projet de collection théâtre, reprise solidifiée d’ArcheoSF, solidification de la revue D’Ici Là (besoin de moyens). Et pas possible de répondre à tous les e-mails, encore moins aux envois de manuscrit, de toute façon 80% de ceux-là ne prennent pas la peine de dire quels textes ils aiment chez nous, pour moi c’est rédhibitoire.

Bien sûr, outre la mise en place de l’équipe correction/relecture, rien de cela n’aurait été possible sans l’apport des 2 créateurs-codeurs d’exception qui sont le socle du travail : Gwen et Roxane, l’un en Thaïlande, l’autre à Bruxelles, ça donne de l’air à ma Touraine. Les remercier, même si parfois courent plus vite que moi ! Mais c’est peut-être le plus haut changement qui nous soit advenu : le lien direct auteur/éditeur/codeur dès le départ, le rôle de l’éditeur étant tenu par un ou une quelconque du collectif, selon affinité (merci notamment Christine Jeanney, et bien sûr les piliers Arnaud, Daniel, Philippe/Pierre Ménard). Equilibre qui reste évidemment très fragile, pas possible de prendre stagiaire, malgré belles propositions qui arrivent – on est en auto-financement complet, et sur un texte à 0,99 il nous revient 0,58 cts, tout est en vos mains...

Pacte fraternel renouvelé aussi avec l’équipe de l’Immatériel-fr et sa fabuleuse interface, en constant développement. Rien n’aurait été fait sans cet accord organique de nos structures. C’est grâce à eux que nous sommes présents sur l’ensemble des distributeurs numériques, à commencer par Amazon et iTunes (1/3 de notre diffusion chacun, très impressionnant), Fnac/Kobo (15%), et compte tenu de nos ventes directes à environ 14% du chiffre, mais centré sur le plus essentiel, la création d’aujourd’hui, reste un petit 6% pour l’ensemble des autres distributeurs, mention particulière pour ePagine et son travail de médiation, de loin le 1er de ces indépendants – et c’est de cela que nous voudrions nous appuyer pour que le projet papier + epub en librairie.

Je ne reviens pas sur ce projet papier. Les questions contractuelles vont moins vite que les questions techniques, pas de date à donner pour l’instant, mais toujours la conviction qu’on y arrive avant l’été, touchons le bois de nos Mac. Dans nos têtes désormais c’est acquis, et dans le workflow : on bosse nos maquettes pour les 2 formats, papier et epub, et on décline selon les 2 templates. Dès que c’est en place, ce sera mise en place symétrique – et, désormais ça aussi pas de retour en arrière possible : accès epub inclut par un petit code à la fin du livre, et libre aux bibliothèques d’en faire l’usage qu’elles souhaiteront, quand bien même ce sera sur 230 liseuses...

Soyons fous, on ne risque que d’être lus, disait hier soir Daniel Bourrion. Ben, on va essayer.

Et que ça aide, chaque fois qu’on passe un chiffre rond ! Illustration de haut de page : Albert Robida pour le Quart-Livre de Rabelais, photo prise hier à la Devinière, besoin de petits porte-bonheurs !


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1ère mise en ligne et dernière modification le 10 juin 2012
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