
exercice sur le modèle des anciennes "danses de mort", sous forme de messages twitter, ici rassemblés
— où est ma mort, je ne la vois plus devant moi ?
— je suis derrière, juste derrière répondit-elle
— où est ma mort, demanda-t-il à nouveau ?
— dedans, répondit-elle.
— tu es une fiction, cria-t-il à sa mort.
— c’est toujours ce que tu as connu de meilleur, répondit-elle
— c’est toujours la mort des autres, s’attristait-il
— les autres forment ton monde, puis un jour tu es autre à toi-même, répondait-elle
— c’est la fête dehors, cria sa mort
— on reste au chaud nous dedans, il répondit
— souvent je combats avec mes singes, dit la mort
— je les mange, lui répondis-je
— mes animaux sont mes envoyés, dit la mort
— alors pourquoi jamais ils ne t’obéissent, répondis-je
je tenais un bouquet de fleurs blanches en pleine rue devant la nuit :
— offre le moi, dit ma mort
— ceci est mon théâtre et toi tu joues la pièce, dit ma mort
— j’écris le texte et pour le reste cours moi après, je répondis
— la ville est un jeu, je regarde à toutes les fenêtres, dit ma mort
— mon texte est dans les rues, et moi une pièce vide, je répondis
— chacune de tes douleurs est ma griffe, dit ma mort
— chaque ombre de la nuit dans la ville est ma fuite, répondis-je
— toute mort est un peu de la tienne, dit ma mort
— toute folie au dedans t’échappe en se riant, répondis-je
— mes monuments rendent stériles le sol de la ville, dit ma mort
— nos mots y rampent en tunnels vers les bouches que tu crois tues, dis-je
— à chaque brouillard je m’approche de toi, dit ma mort
— tu n’en prends que le brouillard, je répondis
— enferme ta mort, mets un couvercle et tiens toi debout dessus, je recommandai à un ami
— pourquoi se soulève-t-il ainsi, me demanda-t-il
ta mort est assise là sur une pierre, au bord de ton chemin :
— je te salue bien, je reviendrai demain, lui diras-tu
la mort vole en ballon au-dessus de la ville : souffle tes mots plus hauts que les murs, tu l’éloignes
ta mort te lit lentement et posément la liste des noms de tous tes morts :
— ajoute le tien, tu lui réponds tout aussi posément
ta mort te regarde, et toi tu la regardes :
— je te ressemble, dit-elle
— alors t’es pas belle, tu réponds
ta mort joue comme les gosses : elle marche dans ton ombre, alors passe exprès dans la flaque, retourne toi et rit
ta mort te montre le poing : tu lui donnes ton angoisse à ronger, ça la laisse sur sa faim
— y en a d’autre, tant que tu veux, lui cries-tu
l’angoisse te ronge dedans :
— viens, tout est mangé, dis-tu à ta mort
— je veux le reste, s’écrie-t-elle
— le reste a mauvais goût, te moques-tu
— pas la peine d’avoir peur, dit ta mort, tu te rajoutes une peine inutile et ça me donne des aigreurs
— c’est comme une fatigue, me dit ma mort, douce et tranquille, tu continues de lire tes livres et c’est moi qui les lis à ta place
— je ne poursuis que ceux que j’estime, me dit ma mort, pour les autres, qu’ils meurent par hasard ou accident, que m’en chaut
— tu es comme ces enfants qui mettent leurs mains devant leurs yeux et disent : je ne suis pas là, me dit ma mort, tapant à mon épaule
— ils m’ont toujours fait rire, ceux qui prétendaient attendre d’avoir fini leur phrase avant, me dit ma mort, tu veux des noms ?
— où est le monde, dit ma mort ?
— tu me l’as pris, je répondis
— marche devant, dit ma mort
— reste derrière et gare aux trous, je répondis
— as-tu pris des affaires de rechange, dit ma mort
— j’étais déjà dans tellement de vies de rechange, je répondis
— c’est une télévision, dit ma mort, tous ceux que j’emmène passent dire un dernier petit mot
— et qui regarde, je dis
— moi, elle répond
1ère mise en ligne et dernière modification le 15 janvier 2012
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