lire de l’epub sur son Kindle Fire

ou comment adapter la tablette à tout faire d’Amazon pour d’autres livres que ceux du Kindle Store



plus de précisions sur le Kindle Fire HD, ou commande

 

Une des principales et plus populaires applications de lecture epub sur smartphone et sur tablettes Androïd, Aldiko, fonctionne parfaitement sur la tablette Amazon – le Kindle Fire qui commence à se vendre massivement en France aussi. Même si Amazon ne propose pas Aldiko dans son propre store d’applis payantes ou gratuites, on peut la télécharger et l’installer d’un simple clic, et transférer sa bibliothèque pour lire au format epub comme sur toutes les autres tablettes. Voulue ou pas, c’est un basculement radical de la politique de verrouillage d’Amazon, et pour les utilisateurs un vrai soulagement.

 

rappel de quelques axiomes


 il n’y pas de guerre entre tablettes et liseuses à encre électronique, il y a seulement l’apparition d’un nouveau format de tablette (7 pouces) et une chute des prix qui rend ces appareils accessibles, et qu’elles sont de merveilleuses machines à lire
 en finir avec la soi-disant fatigabilité de l’écran : si on lit sans lampe de chevet, comme on en prend très vite l’habitude, juste veiller à baisser la luminosité – n’importe quel possesseur de 7’’ confirmera qu’on s’avale son Balzac ou son Zola aussi tranquillement que sur liseuse
 le processeur embarqué est plus puissant : pour moi, le problème des liseuses c’est leur menu et leur ergonomie, qui reste proto-historique
 la différence, ce n’est pas la polyvalence en elle-même – il y a un fait révolutionnaire, déjà amorcé par les smartphones : avoir à la main tout le web, c’est-à-dire indissolublement nos sites, la presse, notre communication privée et nos réseaux – oui, la lecture doit se réinventer dans ce contexte pluriel, pareil d’ailleurs pour la place de la littérature dans l’industrie culturelle à échelle de la ville, mais c’est là aussi où nous réinventons écriture et récit : nous écrivons avec le web, et nos textes incluent notre expérience web, liens, images, mais bien sûr annotations, partage
 lire et écrire ont de tout temps été des fonctions liées, la technicité propre aux supports, même élémentaires, les séparait : laissons-les se rejoindre dans l’aventure d’aujourd’hui, je gère mes temps connectés ou pas, concentré ou pas, la validité de mes sources, l’élaboration et l’orientation ou la propulsion de mes contenus – à chaque étape ou nouvel appareil le web, comme la vie civile, propose des fuites possibles, mais nous savons très concrètement, en tout cas par exemple avec élèves ou étudiants, que c’est sur ce terrain que nous avons à nous battre, et que ça dépend précisément aussi de la qualité des contenus que nous avons à proposer
 et, pour ma part, que c’est pour ça Tiers Livre, que c’est pour ça publie.net et aussi publie.papier.

 

les matériels en présence


 on ne se fait pas la guerre civile entre usagers de telle et telle marque, seules d’ailleurs les firmes seraient gagnantes, à chacun de choisir selon affinité (et notamment, de quel ordi et téléphone il se sert, ces verticalités de gammes sont importantes : si vous êtes Mac, restez Mac et si vous êtes Androïd restez Androïd, de toute façon tout ça mène au même usage
 rappelons qu’Apple, en lançant l’iPad en avril 2010, garde une longueur d’avance [1] que vient concrétiser l’iPad mini (et probablement nouvel écran au printemps), une logique d’appareil plus cher (350€), mais que vous utiliserez aussi bien pour le privé que pour le professionnel – dans ce contexte vient d’arriver une panoplie de tablettes au format réduit, et à moins de 200$ (soit 200€ en France, l’arnaque comme d’hab) : la Nexus 7 de Google, la Kobo Arc, aux US la Nook 7’’, et d’autres arrivent
 Amazon a centré sa gamme sur 2 machines : une liseuse héritière du Kindle traditionnel, mais avec éclairage incorporé, le Kindle Paperwhite (actuellement en rupture de stock), et une tablette de grande rusticité, mais avec leur même tradition d’ergonomie, la Kindle Fire (je change de genre selon les paragraphes, j’ai pas résolu la question en fait)
 si vous utilisez déjà l’app Kindle pour lire, sur vos ordis, téléphones ou iPad, donc avec un compte Amazon actif, vous retrouverez votre compte intégralement sur le Kindle Fire dès la première ouverture de l’appareil
 pour nous, en tant qu’éditeur, nous ne souhaitons pas contraindre les usages de nos lecteurs et nous proposons nos livres numériques aussi bien au format epub qu’au format Mobi (spécifique Amazon, depuis le rachat d’une petite boîte française en 2006), et nous incitons nos distributeurs à en faire autant [2].

 

le Kindle Fire tel que


 acheté mi-novembre à New York, je fais de mon appareil un usage quotidien, il en serait de même si j’avais un iPad mini, mais je dois reconnaître avoir actuellement délaissé et mes liseuses (Kindle Touch et Kobo) et mon iPad grand format (hors tests publie.net)
 l’ergonomie du Kindle Fire est basée sur un recentrage permanent depuis les applis les plus fréquemment utilisées, c’est ce qui lui donne cette facilité d’usage : un carrousel auquel on revient d’une pression de doigt, et l’accès aux fonctions plus rarement utilisées via le menu horizontal du haut (jeux, livres, images, web, docs perso)
 je crois que ce qui me fait rester sur cette machine (pour publie.net, on a besoin de les tester toutes, donc on rachète on vend c’est pas le problème : l’important c’est qu’une sorte de révolution est en cours, elle touche la lecture donc on a besoin de comprendre, et manipuler pour comprendre), c’est sa rusticité – un peu lourdaude, plus lourdingue que la fine iPad mini, mais beaucoup moins de complexes du coup à la voir traîner sur une table de petit-dej, une tablette de train, un fond de cartable, ou évidemment le soir au lit même si elle tombe
 1 fonction majeure et permanente (qui existait déjà sur le Kindle traditionnel) : une adresse mail spécifique à l’appareil vous est attribuée à l’achat, et vous reconnaît en tant qu’expéditeur, c’est en vous envoyant par mail depuis votre ordi docs word, pdf, images ou livres Mobi que vous chargez la liseuse, pas de câble ni de synchro
 voir mon test complet : j’utilise bien sûr l’écran livres en permanence avec un fond de ressources fixes (intégrales d’oeuvres classiques) et mes lectures travail ou loisir (livres dont je débarrasse la machine après lecture, tout en les gardant dans le cloud), j’utilise bien sûr les fonctions réseau, Twitter et Facebook, j’utilise l’email (j’ai un compte gmail de dépannage avec mini-répertoire privé et je consulte ma boîte principale en webmail, ça me permet accessoirement de séparer les heures tablette des heures boulot), j’ai aussi Skype et Spotify (excellente repro sonore), bien sûr plusieurs applis presse et le PressReader plus Flipboard, et les commodités habituelles (Google Maps, app SNCF, réveil ; enregistreur audio etc)
 pour le reste tout passe par le navigateur, nommé Silk par Amazon : un système de double antenne wifi qui donne un avantage au KF sur l’iPad, un navigateur à haute qualité de repro image, handicapé pour YouTube (il faut revenir à leur site, mais je n’ai peut-être pas trouvé la bonne manip), avec un système de signets performant – le navigateur web est la véritable centrale de l’appareil (y compris pour lire du publie.net en streaming, via se connecter
 un clavier vraiment étonnant à l’usage
 les contraintes vous les connaissez : vous avez le droit de tout faire, mais, quoi que vous fassiez, ce sera toujours plus facile de le faire en commandant chez Amazon ou en passant par votre compte chez eux, et la rançon inhérente aux tablettes par rapport aux liseuses : un jour sur quatre ou cinq selon usage, quand on se remet à l’ordi, c’est comme pour l’iPhone ou les Velib on recharge la bête via le petit câble qu’on a laissé en place, et Amazon ne vous a pas fait cadeau du chargeur...

 

et donc qu’on peut aussi lire de l’epub !


 merci à @MuleNoyre, c’est son pseudo sur twitter, et pas de nom non plus sur ce site que je fréquente régulièrement, tout basé sur les ressources sonores : frémissements, propositions d’écoute, hier soir je découvre que son (sa) propre Kindle Fire il y a Aldiko : mais Aldiko, c’est pour lire de l’epub ?
 ni une ni deux, je cherche sur les apps du Kindle Store (où sont aussi les apps gratuites), évidemment je ne trouve rien, et pas plus de Mantano... Recherche Google (sur Silk, on peut régler Google comme moteur de recherche par défaut), j’ai le droit de télécharger Aldiko... sur GooglePlay, mais bien sûr les deux compagnies s’excluent mutuellement...
 donc retour à @MuleNoyre, qui me donne l’adresse où télécharger Aldiko, et voici un billet anglophone très complet, en un clic Aldiko est rapatrié dans les téléchargements du navigateur, un autre clic pour l’ouvrir (la machine me demandera autorisation d’accepter applis non gérées par Amazon, on dit oui) et ça y est...
 retour au principe : le Kindle Fire est basé sur un moteur Androïd, mais remodelé par Amazon, on a donc toute latitude d’y importer des applis Androïd, voir le billet en anglais pour détails, le format Mobi c’est un epub d’ancienne génération (même si avec le KF 8 ça évolue) bridé par un verrou Amazon s’il provient du KindleStore, alors que partout l’epub s’installe comme format standard (avec verrou propriétaire si l’éditeur s’abonne à Adobe Digital Edition (ADE, prononcer beuârk), ou iTunes ou Kobo/Fnac idem, et que vous vous procurez le fichier par la librairie embarquée)
 et voilà, mon billet est fini : je prends un epub de mon ordi, et je l’envoie par mail à l’adresse du Kindle, ou bien je le dépose dans le petit dossier Dropbox de partage entre l’ordi et le Kindle (Dropbox ds les apps gratuites officielles du Kindle, là par contre), et quand j’ouvre Aldiko j’ai une icône Fichiers qui se déplie en liste où on trouvera même ADE, puis Documents pour ouvrir votre malle à trésor des docs reçus par mail, ou votre dossier Dropbox. Ensuite vous choisissez lecture ou importer, ce qui vous permettra de classer les livres dans la bibliothèque de l’appli...
 comme tout un chacun, j’ai encore pas mal de ressources PDF, notamment pour bouquins de travail (tiens, Deleuze Proust et les signes, Barthes La chambre claire mais je ne vous fais pas la liste), bluffé aussi par le rendu PDF sur Aldiko.
 Aldiko est une application de lecture costaud, elle vous économisera les manips sur Calibre ou autre, et peut devenir la tour centrale de lectures, sauf pour les achats directs – reste à savoir si Amazon a prévu qu’on passerait son barrage, ou bien qu’ils n’ont pas les moyens de verrouiller plus... mais ça franchement c’est pas mon problème
 et donc ce matin, me réveillant avec un Kindle Fire devenu machine à lire des epubs, j’ai pensé qu’il était légitime de vous en faire part, je mets une photo ci-dessus pour le bon dimanche et vais me faire un deuxième café.

[1Avec cependant un énorme handicap pour iBooks, l’appli lecture des iPad : 1, qu’elle ne soit pas dispo sur MacBook Air ou MacBook Pro, donc impossible d’utiliser nos livres achetés sur iTunes dans un contexte de travail, 2, alors qu’Amazon privilégie un mode de lecture sans césure, mais avec gestion fine des blancs, le moteur de césure français d’iBooks est une insulte permanente à la langue, et si on le débraye la gestion des blancs est calamiteuse – j’imagine que les responsables de iTunes.fr sont bien conscients désormais que si on préfère lire sur l’iPad ou le MacAir via l’app Kindle il y a peut-être des raisons. Honneur à iBooks cependant, la seule application capable d’accepter les expérimentations texte/image/son que nous développons dans D’Ici Là – à lire donc d’abord sur iPad !..

[2Je rappelle que pour publie.net actuellement, sur une diffusion moyenne de 2500 téléchargements/mois hors abonnements, Amazon et iTunes représentent chacun 30% des ventes, et nous les remercions de leur intérêt et mises en avant régulières de nos titres, 15% pour Fnac/Kobo (essentiellement polars), 15% ventes directes, et 10% pour l’ensemble des autres acteurs, avec en premier le groupement ePagine, là aussi pour excellent travail de médiation libraire en ligne, et les libraires suisses indépendants (OPF). Nous nous réjouissons de l’implication de plus en plus manifeste d’un beau noyau de libraires dans notre aventure papier+epub, mais pour la vente de livres numériques voir ce tout récent portrait d’un libraire célèbre de la place parisienne, les problèmes ne semblent pas si manifestes, et la diffusion numérique, même lorsqu’il s’agit de contenus de création introuvables sur d’autres supports, pas à l’ordre du jour...


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 30 décembre 2012
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