13.09.22 | cerveau lisse pense plus vite

découverte d’un cerveau extraordinaire – source : The Scientist


1 _ COMPRESSION

On avait retrouvé ce cerveau entièrement lisse. Presque un parfait gastéropode. Le rôle des sillons, à la périphérie du cerveau, est essentiel mais méconnu. L’homme qui avait ce cerveau lisse, comment pensait-il, comment se comportait-il ? Sans doute de façon atypique, puisqu’on a jugé utile de conserver son cerveau dans du formol, et qu’il faisait partie de la collection d’un établissement psychiatrique de longue tradition. Mais voilà : le nom, l’histoire, les problèmes, tout avait disparu des archives. Pour les autres patients, on avait. Pour celui-ci, rien. Comment ne pas en déduire que c’est lui-même, avec son cerveau lisse, qui avait organisé cette disparition ?

 

2 _ RENVERSE

De la centaine de cerveaux conservés dans les réserves de l’université de cet État, celui-ci était le plus exceptionnel. Mais pourquoi, alors qu’il s’agissait d’un décès remontant à l’année 1970, et d’un établissement psychiatrique relevant de l’université, son dossier médical avait disparu ? Cela corroborait les on-dit. Si l’homme avait été interné, ce n’est pas parce que son cerveau lisse le troublait ou lui créait ces formes si terribles d’angoisse ou ces problèmes moteur et cérébraux typique des autres affections. Non : cet homme, c’est tout, pensait vite. Il disait que la pensée rebondissait dans les parois intérieures de son cerveau, et quand on lui expliquait comment nous, êtres ordinaires, nous percevions, pensions, dormions, lui disait qu’il faisait tout cela à la fois. Mais voilà : il parlait du monde. Il le décrivait, dès 1970, avec ses villes, ses guerres, ses catastrophes et ses ombres, ses prouesses aussi (on se moquait de lui, quand il parlait de ce qui deviendrait Internet) qu’il n’était pas possible de laisser libre un tel discours, et sa force de conviction. Nous ne savions pas qu’il deviendrait comme cela, le monde. Aujourd’hui on aimerait bien enquêter plus sur l’homme au cerveau lisse, mais ce n’est pas la question la moins troublante : s’il avait anticipé tout cela, et détruit lui-même ces archives et documents le concernant, établissant son identité et ses troubles, l’avait-il fait de son vivant, ou depuis ce cerveau lisse, conservé dans le formol, bien après sa mort ?

 

3 _ SOURCE

• NEW SCIENTIST


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 22 septembre 2013
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