abonnés, lancement de l’espace WIP

une autre relation site et lecteurs, entre lecture site et lecture livre tout est à inventer


mardi 7 janvier
Lancement de l’espace WIP pour les abonnés de Tiers Livre :
 pour cette première semaine de test, on y trouvera une suite de travaux en cours au format PDF, le work in progress du Creative Writing No-Guide de Malt Olbren et un recueil de 7 histoires complètes de H.P. Lovecraft (Le livre, Le chien, Le caveau, Le temple, Un air glacial, L’étranger), et une ou deux surprises ;
 les textes seront progressivement disponibles au format epub et Mobi dans une ergonomie très simple ;
 on proposera aussi la revisite régulière de sections ou séries du site, sous forme de mini magazines avec photographies ;
 les abonnés du site Tiers Livre recevront chaque quinzaine ou chaque mois, par e-mail, le lien d’accès à l’espace WIP ;
 la même démarche sera appliquée à nerval.fr avec un livret de mise en page soignée d’un des textes du catalogue, chaque semaine ;
 les textes et documents rendus accessibles aux abonnés seront strictement hors commerce, et consultables ou téléchargeables sans verrou ni limitation :
 rendez-vous donc ce dimanche 12 janvier – le sommaire du WIP hebdomadaire sera présenté ici et tenu à jour.

 

Je suis souvent intervenu sur ces questions, l’intuition qu’on vit une transition où ce sont évidemment les modèles même de la lecture qui se réinventent, et à chaque pas nous projetons les modèles appris, nous avons eux aussi à les transbahuter d’un saut à l’autre.

Et d’autant moins prédictible que les supports évoluent à même vitesse, et conditionnent les possibilités autant que les formes de nos usages.

Le livre numérique, en 2008, avec l’apparition des premières liseuses, me paraissait la possibilité d’embarquer un petit morceau de site web, avec son système de navigation interne, sur ces nouveaux appareils. Depuis que la tablette fait partie de notre panoplie à tout faire, c’est le web qui monopolise de plus en plus indistinctement, le plus ciblé et le pus spécialisé voisinant les flux faibles comme ils s’expriment aussi dans la ville, notre temps de lecture – là où il est le plus près de sa vieille fondation, ce mouvement antagoniste d’appropriation et d’écart au monde dans le même temps mental, et désormais, lire et écrire mêlés, dans le même cadre.

Et bien sûr ça bougera encore. On a amorcé les temps de la disparition écran, et c’est certainement une rupture d’artefact, à venir dans très peu d’années (ma première liseuse en juillet 2008, mon premier iPad en avril 2010, le rythme de ces micro-histoires est mesurable), probablement pour le livre une bascule de plus grande ampleur que l’actuelle.

C’est ce mouvement que j’ai voulu me donner une chance d’accompagner, en mai dernier, en sollicitant pour ce site, sa fabrication, son entretien, son évolution, l’appui de ses lecteurs. Vous avez été déjà 140 à y répondre, j’en suis ému et touché.

C’était au départ une idée plus vaste, dans l’esprit de coopérative que j’avais voulu tenter fin 2007 pour le projet publie.net, la possibilité pour chacun de soutenir tel ou tel site qui lui importe, mais mutualiser ces soutiens (chaque site gardant 90% de la somme perçue via ses propres pages) par un outil commun, pour s’insérer ensemble dans ce qui évolue désormais très vite et de façon très technique dans les ergonomies (voir le beau numéro 0 de La Nuit, revue à laquelle bien sûr on souhaite bonne route), et mutualiser aussi la visibilité et la propulsion. Je n’y ai pas renoncé, tant il y a d’énormes étapes à franchir pour l’appropriation numérique, la maîtrise chacun de ses données et leur pérennité, mais pour cela il faut faire avancer le labo et nous ne disposons que de nos propres ressources.

Fait partie de ce labo de tenter de nouveaux usages de lecture qui ne soient pas – comme c’est trop le cas dans le modèle du livre numérique – simplement transposées des formes héritées.

L’enjeu, c’est la lecture directe sur web, avec tout cet écosystème d’outils qui accompagne (transfert direct sur liseuse avec fonctions comme Send to kindle, lecture hors connexion, recomposition à la volée des pages web dans une ergonomie livre numérique via les fonctions « lecteur » du Kindle Fire ou de l’iPad, adaptabilité immédiate sur smartphone etc). J’ai l’impression qu’on avance dans cette direction, et qu’à six mois en arrière je n’aurais su proposer nerval.fr ou mon Lovecraft Monument.

Cela influe évidemment sur la nature même des objets qu’on écrit dans l’intérieur de cet écosystème : si mon travail sur Proust l’an dernier pouvait marcher du même pas vers le livre imprimé, tout en gardant une spécificité blog via liens, iconographie, débat et évolution permanente, un travail comme science remix est nativement et définitivement web.

En même temps, c’est la conception même du livre numérique qui, elle aussi, évolue. Phase où il devient recherche en lui-même, où la complexité technologique n’existe pas sans le culot graphique et le goût artisanal de l’objet lu, voir le travail de Chapal&Panoz, qui a tant modelé le visage actuel de publie.net. Mais, projeté dans l’univers des librairies numériques, même associé à sa version imprimée (l’outil révolutionnaire que propose Hachette, complété par notre proposition il y a un an de l’accès à la version numérique intégrée dans l’ouvrage : est-ce qu’on méritait un tel boycott ?), on se retrouve prisonnier d’un écosystème hérité du papier – quelques dizaines de téléchargement par titre, on redouble la niche contemporaine par la niche technologique, alors que le seul intérêt du texte c’est qu’il soit lu.

C’est dans cette équation que depuis plusieurs mois j’essaye d’avancer. Je crois que je suis prêt pour une nouvelle étape. Comme dans chacune de ces précédentes étapes, toujours l’impression qu’il faudrait plus de techno pour ce qu’on propose, mais la techno c’est comme le droit, elle suit ce qui s’invente une fois que c’est inventé.

Alors ce sera une forme très simple, tout comme nous avons choisi la plus haute simplicité pour le QR code inclus dans les livres publie.papier. Ce site va comporter un petit dossier discret, qui s’appellera tout simplement Work In Progress, et ne sera accessible qu’aux abonnés.

On n’y trouvera pas de catalogue de livres, ni rien d’ailleurs qui fasse concurrence à publie.net. Mais chaque semaine il y aura un mini bouquet de réalisations simples, téléchargeables en quelques fractions de minute, via un PDF lissé sur InDesign, ou au format epub pour les liseuses et Mobi pour les Kindle. Ces ressources seront strictement hors commerce, ne seront pas installées sur les librairies numériques. Chaque semaine elles changeront, aux lecteurs de voir s’ils la stockent ou pas : l’économie du fichier numérique est une économie de l’abondance – ce qu’on n’a pas peut facilement être remplacé par un équivalent. Pas d’ISBN, pas de verrous, juste un petit numéro d’opus, comme un fanzine ronéoté – seuls les abonnés sauront ce qu’il y a été déposé dans la semaine, et bonne incitation, tous les 3 ou 4 mois, à faire le ménage de leur disque dur quant à ce qu’ils y auront stocké. Mais, entre-temps, avoir proposé des formes différentes et construites, affinées, de lecture.

Je souhaite que celles et ceux qui soutiennent mon site, par cet abonnement particulier, puissent disposer d’un confort supplémentaire pour accéder tout simplement au chantier, à l’atelier. La récente forge InDesign plus impression des mémoires de 5ème année dans mon école de Cergy, la visite de l’atelier de Philippe Cognée, et d’autres choses... on est attentif, et puis un moment vient où il semble qu’on peut tenter. Reprise de la page d’accueil Tiers Livre, réorganisation des ressources atelier d’écriture. L’envie aussi qu’on propose, qu’on sorte des routines en boucle – les libraires tristes de ce qu’on leur met sur leurs tables par paquets de sorties conformes, le numérique englué dans le vendre à tout prix, les sites moches parce que pas soignés ou bouffés de signes parasites, comme si l’ergonomie écran n’était pas un défi proportionnel aux limites du cadre.

Je voudrais que change ce rapport d’auteur à lecteur, ce même rapport que j’attends – comme lecteur, en tant que lecteur – du travail des autres. Le projet publie.net, c’était centraliser la fabrique, concevoir des objets éditoriaux perfectionnés, disposant de stabilité temporelle. La lecture web, l’ergonomie des sites ne nous permet pas d’y atteindre encore.

Donc ce sera toujours et uniquement l’atelier qui sera ouvert : reprise numérique de Tous les mots sont adultes disponible sur le site, traduction en chantier du Creative Writing No-Guide de Malt Olbren : des versions en cours, provisoires, seront disponibles en epub, pdf, Mobi sans s’embarrasser de rien d’autre. Une aventure commencée il y a plusieurs mois de retraduire les textes brefs de Lovecraft, la compile sera accessible, et puis pourra disparaître quand je la reprendrai, revenir en suite agrandie.

Je voudrais la même chose pour nerval.fr, avec les auteurs qui l’accepteront : de la même façon, pour celles et ceux qui ont eu la gentillesse et la confiance de donner un coup de pouce au site (je parle bien sûr du site spécifiquement, je n’ai plus les clés de publie.net, notamment pour abonnements bibliothèques, et ce n’est pas le propos), pourquoi pas chaque semaine un mini carnet d’un seul texte, de même téléchargeable via mise en place InDesign très simple, epub et Mobi, et la semaine suivante c’en sera un autre.

En tout cas c’est ce que je voudrais me donner pour programme, pour une question qui de mon côté reste tout aussi profonde : à un certain degré de complexité du travail sur le site, je reviens à la conception sur traitement de texte. Et pour l’autonomie définitive du texte, l’engager dans ce point où il s’éloigne, besoin de l’étape mise en page InDesign. Mais toujours dans ce premier défi de la disponibilité intégrale et immédiate. Un cahier photos, une rubrique comme Fictions dans un paysage, la diffusion en librairie numérique a peu de sens, en tout cas si on regarde l’investissement en temps et technique. Mais sous forme d’un cahier graphique, avec rendu calibré pour l’iPad, et on change la donne pour soi-même, l’auteur.

Tout ça mobile, tout ça changeant. Tout ça toujours dans une inconnue qui fait partie du web, cette alchimie de l’individuel et du collectif. Jamais eu autant l’impression d’aller à tâtons que ces derniers mois, impression même d’une régression, en tout cas dans le monde professionnel, durcissement. Peut-être à mesure, ou proportionnellement à, la vitalité même de ce qui se passe et s’invente sur le web ? En tout cas essayer, tenter, chercher, et merci à celles et ceux qui seront au rendez-vous.

Normalement ce week-end donc lancement de cet espace WIP – et simple lien d’accès qui sera transmis par e-mail (et la liberté aussi bien sûr de ne pas).

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1ère mise en ligne et dernière modification le 11 janvier 2014
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