H.P. Lovecraft | Ténèbre sur Innsmouth, §22

un récit essentiel de H.P. Lovecraft, en présentation bilingue


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« Used to be talk of a queer foreign kind of jewellery that the sailors and refinery men sometimes sold on the sly, or that was seen once or twice on some of the Marsh womenfolks. People allowed maybe old Captain Obed traded for it in some heathen port, especially since he was always ordering stacks of glass beads and trinkets such as seafaring men used to get for native trade. Others thought and still think he’d found an old pirate cache out on Devil Reef. But here’s a funny thing. The old Captain’s ben dead these sixty years, and there ain’t ben a good-sized ship out of the place since the Civil War ; but just the same the Marshes still keep on buying a few of those native trade things — mostly glass and rubber gewgaws, they tell me. Maybe the Innsmouth folks like ’em to look at themselves — Gawd knows they’ve gotten to be about as bad as South Sea cannibals and Guinea savages.


« On a beaucoup parlé d’une étrange sorte de joaillerie étrangère, que les marins ou les ouvriers de l’affinage vendaient sous le manteau, ou bien que parfois on voyait portées par les femmes du voisinage de Marsh. Les gens qui y avaient droit les avaient peut-être obtenu du vieux capitaine Obed, lequel commerçait avec certains ports barbares, à preuve qu’il se fournissait toujours en piles de verroteries et bibelots tels que ceux qu’emportent les marins pour offrir aux indigènes. D’autres pensaient et pensent encore qu’il avait dégotté une ancienne cache de pirate sur Devil Reef, le récif du diable. Mais il y a une chose curieuse. Le vieux capitaine est mort maintenant depuis soixante ans, et on n’a jamais vu un vaisseau de bonne taille aborder ici depuis la guerre de Sécession ; et les proches de Marsh, pourtant, continuent de se procurer ces bijoux pour indigènes – des babioles de verre ou de caoutchouc, dit-on. Peut-être que les gens d’Innsmouth aiment à en porter – Dieu sait s’ils ne sont pas devenus aussi rustres que les cannibales des mers du Sud ou les sauvages de Guinée.

responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 13 décembre 2017
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