progression #5 | Antonin Artaud, extrême secousse

cycles ateliers d’écriture, été 2021



 retour au sommaire général des cycles été 2021 (« faire un livre » & « progression », plus module formation de formateurs ;

 la page de présentation et d’inscription (inscriptions closes, complet) ;

 rappel : on mène cet été, du 20 juin à fin septembre, deux cycles parallèles, l’un (« Faire un livre ») pour les personnes ayant déjà suivi un cycle Tiers Livre, l’autre « Progression », sans pré-requis mais accompagné d’un module complémentaire « formation de formateurs » — l’inscription est commune aux 2 cycles, avec petit supplément pour le module formation ;

 vous trouverez ici le blog de l’ensemble des contributions est en place, retrouvez les auteurs, les contributions classées par cycles ou exercices, et bien sûr une vidéo mode d’emploi ;

 les textes et documents d’appui : voir lien repris dans chaque lettre d’information — ils sont strictement réservés à l’usage individuel ;

 les rendez-vous Zoom n’ont rien d’obligatoire, mais sont des moments privilégiés d’échanges et rencontres collectives, liens transmis via la lettre d’info ;

 les auteurs procèdent eux-mêmes à la mise en ligne de leurs contributions, pour toute demande d’aide technique ou précision, merci nous envoyer un mail à l’adresse aide.ateliers (webmasters FB & Marion Mucciante).

#5, Antonin Artaud, extrême secousse


Ce sur quoi insiste cette vidéo :

 au fait, vous avez bien mis en ligne votre proposition #L4 ?

 on est dans un labo de recherche, mais une passe essentielle de cette recherche : ce qui se passe en amont de la prise d’écriture, dans l’appel même au langage ;

 dans le Pèse-Nerfs (1926), très bref texte mais à l’origine publié en tant que livre, autonome et non pas comme dans les différentes compilations actuelles, qu’elles en respectent le principe graphique (collection Poésie/NRF) ou la massacrent (édition Quarto), Antonin Artaud nous présente une suite de diptyques, avec en page impaire (« belle page ») une notation brève prise au plus précis du corps et du mental dans le moment même de la dépossession due à ces crises qui chez lui durent depuis l’enfance, et l’annihileront, en vis-à-vis (page paire, celle de gauche) d’un développement plus long, mais lié à cette même sensation mentale (comme l’illustrent, ailleurs dans l’oeuvre, la récurrence de titres comme « description d’un état physique », ou « description d’un état mental »...

 l’aspect brut de ces textes et notations peut tromper : dans le tome 1 bis, des Oeuvres complètes (qui n’ont jamais été complétées, malgré les XXVI tomes), Paule Thévenin nous propose ébauche, variantes, lettres antérieures ou postérieures qui prouvent combien chaque texte du Pèse-Nerfs est un affûtage, un aiguisement...

 j’utilise cet exercice depuis longtemps, mais il m’impressionne toujours autant, et c’est pour cela (merci) que besoin ici, aujourd’hui, dans ce cycle, de tenter de le poser dans son ambition et son dépli originel : utiliser (dans le blog, on peut utiliser les changements de police, les italiques, les décalages de marge...) la même opposition en diptyque que propose Antonin Artaud, l’opposition d’une notation brève et d’un dépli — on retrouve aussi cette forme dans L’infini turbulent d’Henri Michaux, avec en marge les notations prises en temps réel, distorsions, accélérations, images, pendant l’action des drogues essayées...

 si c’est arbitrairement la condition psychique d’Artaud qui lui fait écrire ce sommet qu’est le Pèse-Nerfs, c’est aussi l’aube de sa période de plus grande invention, textes sur le cinéma, textes de ou sur le théâtre, et sa pratique d’acteur elle-même, avec les plus grands metteurs en scène européens (Frtiz Lang, Murnau, Abel Gance et bien sûr le Jeanne d’Arc de Drier, qu’on peut visionner aisément) — ce ne sont pas des témoignages concernant les crises qui l’emportent (et c’est justement cela qu’il explicitera dans son ultime livre, Van Gogh le suicidé de la société), mais la résistance à ce qui vous emporte, la pleine et extrême expression poétique de cette relation du mental au langage dans ce moment même de la dépossession...

 vous trouverez dans les documents d’appui des extraits du Pèse-Nerfs, de Description d’un état physique, mais aussi, dans la version en ligne de Tous les mots sont adultes, comment je présentais et utilisais cet exercice dès 2000 ou 2005 — il y en a différents exemples aussi sur le site, par exemple ici ou ici : simplement parce que je considère cette appropriation (comment le mental s’écrit dans le récit, que cela fait partie de notre boîte à outils langagière alors que pour Baudelaire (« Sois sage, ô ma Douleur... ») c’était le signe même du nouveau comme une étape nécessaire, et que je n’ai jamais trouvé mieux que d’en revenir à sa naissance même, indépendamment du fait de se trouver à la naissance même et du cinéma, et de la performance scénique (Le théâtre et son double) ;

- j’insiste et insiste, dans la vidéo comme ici-même, et encore plus dans le cadre formation de formateurs, sur cet interdit autobiographique qui va autoriser, voire simplement générer l’écriture : aucun détail, aucune image, nulle allusion qui puisse permettre de remonter du texte, donc ce journal du mental et du corps, aux circonstances autobiographiques qui nous en permettent l’écriture, et que nous allons résolument convoquer, retraverser, mais avec la haute protection de cet interdit même...

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 18 juillet 2021
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