autobiographies #12 | Madeleine sans les tweets

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autobiographies #12 | Madeleine sans les tweets


Cette vidéo propose :

 on s’appuie sur un projet littéraire (magnifique réalisation du Livre de poche) singulière à l’extrême : à partir d’un hasard biographique — l’auteur, Clara Beaudoux, entre en possession, l’année 2015, d’une cave d’immeuble fermée par un cadenas, recelant les archives humbles et disparates d’une vieille dame disparue — une expérience d’abord menée sur le web via Twitter, et qui va inventorier un à un tous les éléments de cette cave ;

 donc non pas une liste ou une accumulation, mais un changement de résolution : on investit de nouveau un des lieux ébauchés dans les précédents exercices, et cette fois on se saisit du moindre détail, comme dans ces « inventaires après décès » qui sont souvent notre seule base pour saisir l’environnement matériel d’une personnalité du XVIIe ou XVIIIe siècle...

 bien régler la distance : le souvenir d’une maison d’enfance ou de vacances, le souvenir d’un logement à telle période précise, et c’est l’inventaire qui va recréer la mémoire, pas le contraire... on ouvre les tiroirs et les placards, les armoires, on examine chaque étagère, les abat-jours et les lampes...

 c’est aussi un distance affective : j’en parle pour ce qui me concerne, avoir procédé à vidage ou tri de proches disparus, c’est une expérience commune, à fois fondatrice et destructrice, et ne pas s’y risquer à la légère — mais je me souviens très bien de comment Julien Gracq m’avait laissé seul plusieurs longues minutes dans sa pièce à vivre, et comment les détails s’en sont fixés en moi et suffiraient à l’exercice...

 Clara Beaudoux associe texte et image dans l’environnement contextuel (que respecte le livre) de la plateforme Twitter : c’est ce qui donne à ses notations ce caractère à la fois précis et dépouillé même de toute volonté descriptive, puisque l’image s’en charge — dans cet exercice, puisque sans images, on devra bien reconstruire la présence de chaque objet, du cordon ou gland de rideau à la minuscule photo dans son cadre ou à la pile de vieux journaux pour rétablir ce qu’ils portent d’imaginaire, en tout cas leur part d’imaginaire collectif... mais ne jamais cesser de penser à cet implacable flux de publication qu’était le compte Twitter #madeleineproject, ne jamais s’arrêter sur un objet (on a eu la même démarche pour les lieux) mais passer sans pouvoir cesser de celui-ci au suivant...

 enfin, cette petite référence subjective, affective mais centrale au texte introductif de L’infraordinaire de Georges Perecc, Interroger l’habituel : « Questionnez vos petites cuillers » — on est les premiers à rouvrir cet écart majestueux et tout récent à la routine littéraire qu’est le Madeleine Project dans le cadre d’un atelier d’écriture : ayons à cœur d’aller explorer ce qu’il recèle (ou débusque chez nous, lecteurs), d’écriture encore jamais revenue au jour...

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 5 décembre 2021
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