explorations dedans | trois rêves

des rêves avec ordinateur


1ère mise en ligne le 10 septembre 2006

Rêves récents concernant la machine. Dans le train, je parle à un ami, d’ailleurs pas très proche : plutôt une connaissance, quelques minutes dans le wagon d’à côté. Lorsque je reviens, on a arraché la partie écran de mon ordinateur portable (il y a quelques semaines, on a découpé au cutter, pendant la nuit, le pare-brise de la voiture de l’infirmière qui habite en face). Tout est dans la machine, tous les textes, mais je n’y ai plus accès, sauf à ne rien voir.

Et rêve cette nuit, qui me remémore le précédent : j’ai une journée chargée, agitée. Je dois assister à une représentation d’une pièce de théâtre que j’ai écrite. J’ai avec moi, comme d’habitude, mon sac à dos noir avec l’ordinateur. Je suis allé dans beaucoup d’endroits, j’ai vu beaucoup de gens. J’apprécie ce sac parce qu’il est léger et souple. Soudain, pourtant, je le trouve bien léger et bien souple : l’ordinateur a été subtilisé. Je n’imagine pas possible d’être parti de chez moi en l’ayant oublié. J’essaye de retrouver où j’étais, avec qui, si j’ai pu mettre la machine en charge, tout ça. Et non, rien : on m’a effectivement volé ma machine, et tout ce qu’elle contenait.

Ce rêve-ci remonte par contre à quelques semaines, mais je l’avais noté aussi. Dans ce rêve, c’était un très grand espace plat et on y faisait brûler les morts. Je ne sais pas d’où venaient les morts : sans doute les morts de la ville, une grande ville, beaucoup de morts. Un vrai problème, brûler les morts. On nous faisait visiter cet endroit parce qu’on arrivait désormais à les faire entièrement disparaître, pas de cendres, rien. On ne voyait en fait que des formes et des couleurs assez abstraites, qui n’évoquaient pas les corps, encore moins des visages, ou des êtres. Il n’y avait pas là de souffrance ni douleur, on aurait plutôt dit des terres, des émaux. Le spectacle était au-dessus : dans cet espace rectangulaire, tout autour de l’immense grille, des groupes de types jeunes hommes s’activaient à dresser des statues, toutes ressemblantes, blanches, toutes simples, chacune fixant une posture comme les plâtres de l’amphi de morphologie à l’école des Beaux-Arts.

Si j’étais là et qu’on m’expliquait tout cela, c’est que ces garçons étaient là dans un but punitif, correctif, comme tout ce dont on entend parler à propos de ces camps de service civique. Il n’y avait pas d’autre rapport à la machine, sauf cette certitude : tout tenait, de cette illusion de réel, qui me donnait soudain à voir ce que je n’aurais jamais imaginé voir, au caractère rectangulaire de cette étendue plane où on faisait brûler les morts, où on élevait les statues.

Et ce cadre rectangulaire était bien sûr celui aussi de l’ordinateur : il y en a plusieurs dans la maisons, chacun le sien, et parfois tous sauf le mien occupés à des images vidéo, des trous dans le réel qui les inscrit sagement, posés sur une table où carrément par terre. Je n’ai pas aimé ce rêve.

 


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1ère mise en ligne et dernière modification le 23 novembre 2006
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