#40jours #17 | Fabienne Swiatly, elles au service

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

 

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#40 jours #17 | Fabienne Swiatly, elles au service


La ville par les personnages, les personnages comme transition de la ville à la narration, l’histoire...

C’était le point de départ de la proposition #09, « portraits arrachés à la ville » : depuis le mouvant anonymat de la foule dans la ville, saisir un trait, une silhouette, y reconstruire fictivement une bribe de vie.

Mais cela nous laissait hors des murs, dans cette indifférence de la foule, et en dehors de toute interaction avec le personnage.

Le livre de Fabienne Swiatly, Elles sont en service avec cette bizarrerie grammaticale (on ne dit pas en service, on ne dit pas au service de) a évidemment une charge affective, politique et sociale immense. Par sa tension même, par le jeu coupant des fragments brefs. Mais aussi pour ce déplacement quasi invisible, ou qu’on peut très bien évacuer : d’abord du corps, ensuite de la parole, et l’interaction ensuite, c’est ce jeu-là de trois instances qui convoque, produit, décortique la quatrième, justement l’instance sociale.

Et peu importe quelles soient alors ses conditions d’apparition : dans quel contexte, dans quel dispositif — même les métiers de la culture et de l’écriture y seront attrapés —, le lien commun d’aliénation et de domination n’est pas lié à telle de ces situations, mais justement comment il produit et travaille le rapport langue-corps, comme colère ou même dans la colère absente, dans la révolte comme dans l’impossible révolte, dans notre acceptation passive ou notre solidarité témoignée.

Mais c’est déjà trop loin du dispositif formel que produit Fabienne Swiatly : 62 fragments, que qualifier de portraits serait affadir parce que leur interaction avec leur contexte est décisive, et que c’est cela qu’écrit le texte. Une relation corps, parole, situation chaque fois rejouée justement parce qu’elle met en cause notre acceptation ou les compromis qu’au quotidien on tisse, tant le présent est lourd et le reste.

Et que ces 62 fragments sont autant d’étendues brèves de langue, pour un texte chaque fois total, indépendant, autonome : 70 mots pour les plus courts, 90 mots pour les plus longs. Je souhaiterais vous proposer de respecter strictement cette consigne formelle, pour appeler à plus de complexité et de contexte si vous êtes en dessous, pour contraindre à plus de densité et de compression si vous auriez souhaité au-dessus. Non, entre 70 et 80 mots, touche statistiques de l’onglet outils de votre traitement de texte.

Par contre, cette idée de la foule, de l’anonymat, elle pourrait bien resurgir par surprise. Si nous sommes 50 à écrire chacun·e 3 de ces textes, on démultiplierait la quantité de ces vies brèves (et non minuscules, mais on rejoint la grande leçon de Pierre Michon dans cet hommage aux humbles), et quel plaisir ça pourrait être d’en faire un livre, et de l’offrir en retour à Fabienne Swiatly.

Je parle dans la vidéo d’une autre tentative que je considère importante, le livre Gagner sa vie (2006), mais, pour faire connaissance avec elle, bien sûr d’abord visiter et remonter son site la trace bleue.

Trois textes ? Oui, de nouveau. À ce prix qu’on désamorce sa propre censure, et que désarmé on laisse accéder l’imprévu. Mais le temps qu’on boucle notre ouvrage, le souhait d’en rajouter deux autres ou plus ? Vous modifiez votre article, vous les ajoutez. Mais personne ne dépasse les 62, d’accord ?

Et donc, parler du travail oui, mais en tant que justement voilà notre interaction avec la ville, et comment la ville ne devient elle-même que par la somme de ces vies. On les garde au féminin ? Oui, parce que sinon ce serait trahir de caractère écorché du livre de Fabienne Swiatly : la violence c’est celle du monde qu’on dénonce, le texte s’écrit depuis ce qui est le plus simple ou le plus humain du geste, là où il a résisté à la violence faite, qu’elle soit d’ailleurs aussi fadasse et cotonneuse que le « plafond de verre » par quoi la société réaffirme les vieilles dominations, et quand bien même ici ce n’est pas notre point de départ.

Dernière chose : j’ai laissé les extraits sous forme de fac-simile du livre aux éditions Bruno Doucey. Si vous estimez qu’il a sa place dans votre bibliothèque, il ne coûte que 13 €, ce n’est pas les grandes orgues de la presse littéraire qui le feront connaître : vous pouvez même l’offrir.

Alors bonnes écritures !

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 26 juin 2022
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