écopoétique et éthique : une chance pour l’invention de récit ?
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vers une écopoétique, #03 | Jean-Christophe Bailly fait son jardin
On vous propose deux extraits du Dépaysement de Jean-Christophe Bailly (Seuil, 2011), soit le chapitre 7 au complet (le livre consiste en 34 « voyages en France »), soit simplement deux paragraphes pris isolément dans ce chapitre. Par exemple, extrait d’extrait, dans le paragraphe d’ouverture, la phrase :
Et, si on tourne deux pages, autre extrait de l’extrait, l’incursion dans les jardins ouvriers de Saint-Étienne :
Et nous, on va chacun explorer ce qui, dans notre expérience personnelle, correspond à ce mot de jardin, si chargé chaque fois d’un noeud précis d’interaction homme/nature, en essayant que ce soit dans la même résolution attentive et poétique que les deux paragraphes proposés du Dépaysement (y compris dans l’écho de ce titre magnifique, appliqué au plus familier, ça vous va ?).
Premières minutes de la vidéo-consigne, après rappel concernant le début de ce cycle et ses deux premières propositions : sur le site de Françoise Renaud, son carnet d’installation 2023 : déménageant de l’Hérault en Creuse, l’appropriation du nouveau lieu (y compris par ce journal textes et photos), se fait les mains dans la terre, s’appropriant le sol, et cela non pas comme utilité mais un lien plus profond, incluant les fleurs, et les saisons.
Jardins : nous en conservons toutes & tous mémoire. Je cite : ce jardin partagé, petite enclave rectangulaire sous les hautes tours du Montréal downtown, les jardins ouvriers de Tours, où j’habite, dans leur lien à l’enclave ferroviaire de Saint-Pierre des Corps ou ce qu’on nomme ici « l’île Noire », mais aussi le rituel pérennisé du grand-père maternel, même après les années de guerre ou l’économie de subsistance de l’instituteur rural. Mais, dans le contexte urbain, les jardins à la verticale, ceux qui s’implantent sur les toits, ou ces quartiers (longé un à Blois récemment) dans lesquels les habitants font pousser des « herbes » au pied des arbres sur les trottoirs. Ou bien, tiens (même depuis la vidéo), le fait que dans mon petit bout de périphérie urbaine, dans le rayon kilomètre hérité des promenades Covid, je connaisse au moins cinq anciens bouts de jardin, l’un aussi minuscule que la pièce où je travaille, tombés en déshérence après décès, et qui pourtant ne sont pas encore revenus à la totale vie sauvage. Ou ces jardins dits éducatifs, ou thérapeutiques, là-bas dans les cités, ou la joie des enfants de maternelle à créer le leur.
Folklore ? Non, au contraire, un concentré de rapport homme-nature à la fois historicisé et socialisé. On n’a rien à dire qu’une traversée souvenir d’une allée de dix mètres entre deux rangs potagers ? Eh bien, si nous le multiplions par quelques dizaines de participants, quelle anthologie de ces rapports si complexes, et pourtant si déterminés par leur lieu même, nous obtiendrons.
Jean-Christophe Bailly ? Longtemps enseignant à l’École nationale supérieure du paysage de Blois, où il a été en charge notamment des « Cahiers » annuels — le dernier s’intitule Paysages futurs —, lui revenait de visiter ses étudiants de master dans leur stage de 2ème année, là où s’élaborait leur mémoire. Ce n’est pas déterminant (un des motifs de l’écriture de Le dépaysement c’était l’existence heureusement éphémère, en France, d’un « ministère de l’identité nationale »). Dans les 34 chapitres que compte Le dépaysement, le septième a pour titre « Légers jardins, à peine », dont je vous recommande la lecture intégrale (sept pages !). Mais, dans ces sept pages, le premier paragraphe, approche en train de la ville de Saint-Étienne, et, un peu plus loin, celui dont l’incipit est « à commencer par », où soudain s’inventorient les parcelles des jardins ouvriers minuscules et serrés de la vieille ville minière, avec leurs bricolages, cabanes, grillages, vieux sièges en plastique mais aussi recoins de convivialité apéro.
Et c’est tout ? Oui. L’enjeu du thème que nous explorons impose d’y entrer lentement, progressivement. D’en inventorier une matière. Cette progression, c’est l’accumulation de nos « jardins » qui va lui donner son amble.
Et ce sera une constante pour ce cycle : territoire neuf, rien qu’on puisse anticiper, avant que, collectivement, nous l’écrivions.
1ère mise en ligne et dernière modification le 15 septembre 2024
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