roman maison #01 | en ce jour et à cette heure, six fois

Ce parcours en 14 séances, basé sur l’expérience fictionnelle d’un lieu collectif (maison, immeuble, rue, hameau, tour...) s’appuie sur La vie mode d’emploi de Georges Perec, Hachette, 1978.

L’enjeu de cette première étape : que chacune et chacun puisse déterminer ce lieu (et l’échelle de ce lieu) auquel le relie, ne serait-ce que par intuition non raisonnée, l’idée qu’il y a pour soi, ici même, potentialité d’écriture.

Ce lieu une fois choisi, on va revenir l’explorer, tout au long des quatorze séances.

Dans cette première étape, il faut donc avant tout éviter de tout dire, juste effleurer, suggérer. Par exemple, il n’y aura aucun nom propre, ni de personnes, ni de toponymes.

Et lieu « collectif », rue, hameau, lotissement, tour, immeuble mais pas maison individuelle (qui pourrait aussi autoriser grand livre, voir Les lionnes de Lucy Ellmann, cette femme seule dans sa cuisine avec vue sur parking, et son « le fait que... »), parce que, pour notre livre à construire, il nous faut un lieu qui soit sujet collectif, avec superposition au même instant, en ce lieu même, de vies indépendantes.

Juste, juste six petites cases, en un jour et une heure précises, où on distingue des silhouettes humaines, saisies dans leurs occupations et activités.

Point d’appui : tout au bout, mais tout au bout de La vie mode d’emploi, chapitre 99, juste avant l’épilogue et les annexes, comme en une sorte d’au revoir, Perec propose six paragraphes, tous datés 23 juin 1965, quelques instants avant 8 heures du soir, avec arrêt sur images, six fois ces petites cases prises à son propre immeuble (voir fiche d’appui).

Et c’est une sorte de mise en boucle ou de retour amont, puisque, dans le chapitre « Immeuble » de son Espèces d’espaces, il cite parmi les sources du projet un dessin de Saül Steinberg, daté de 1952, justement basé sur un immeuble dont la façade a été retirée.

Six paragraphes, comme autant de cases indépendantes et séparées d’habitudes humaines (la vie ordinaire, rien que la vie ordinaire), mais laissées dans leur indétermination (j’insiste : ni noms de personnes, ni noms de lieux), juste pour laisser grandir à l’arrière de nous-mêmes, et surtout sans se retourner, ce lieu-source qui va devenir livre ou bien que, dans l’intérieur même de l’épaisse Vie mode d’emploi de Perec, nous allons laisser en 14 séances se construire comme lieu-livre.