05.45 au Carré Curial

Sortie de boîte, l’aurore aux doigts roses avait déjà caressée le ciel.Le sol était moins paisible, mégots de cigarettes aux bouts rougissants, côtoyaient péniblement les canettes de 8/6 écrasées par l’armée d’étudiants nocturnes. D’ailleurs l’un d’eux était à terre, dû à une surconsommation d’un quelconque élixir au goût fleuri.Ce soldat, dans un dernier élan de bravoure, tapissa le sol d’une peinture verdâtre, donnant à ce décor grisonnant une touche de verdure organique.Les videurs raillaient l’œuvre de ce Picasso du crépuscule .Peut-être que ce qui a donné envie à cet artiste de cracher son œuvre sur le sol se trouve autour de lui, les lieux étaient d’une géométrie étriquée, les angles droits étaient plus droits que le plus droit des angles droits. L’architecture toute de béton nu torturait l’armature métallique qui étouffait dans cet habillage de béton gris. La droiture des formes déforme notre rectitude, pour moi, le chef d’œuvre régurgité de l’artiste était le bienvenue.

10 commentaires à propos de “05.45 au Carré Curial”

  1. Hypothèse N°1 : Chute des températures – verglas soudain – et voilà, la flaque vert néon est devenue une patinoire à pigeons.

  2. Hypothèse n°2 : Peut-être que ce qui a donné envie à cet artiste de cracher son oeuvre sur le sol se trouve dans son esprit. Le mélange des mégots de cigarettes, des canettes de 86 écrasées par l’armée d’étudiants et de l’étudiant lui-même par-terre ne lui semblait pas assez psychédélique, alors il en a rajouté une couche. Avec de la peinture verdâtre, il rappelle le goût fleuri que l’étudiant à terre à surconsommé.
    Donnant, en tout et pour tout, une seconde vie à ce sol moins paisible.

  3. Hypothèse n° 2 : le lendemain, on avait envoyé les peintres. Dans les angles droits, en trompe-l’oeil, ils avaient dessiné des jardins, des forêts. Croyez-le ou pas, l’angoisse s’était faite encore plus grande, plus oppressante. – Il faudrait rayer la nuit, avait dit un type. – Nous noyer dans la nuit encore plus, j’avais répondu.

  4. Hypothèse 4 : Le Picasso moderne, le matin venu, enfin vers midi, tenta de se lever pour mettre son nez dans l’amphi où il aurait dû passer la matinée. Il prit alors une aspirine, la tête lui tournait. Il souffrait du dos s’en trop savoir pourquoi. Quand il se connecta sur son portable, des photos de lui étalé face contre terre remplissaient son mur. Plusieurs de ses amis avaient déjà commenté les publications et le charriaient pour son œuvre .

  5. Hypothèse numéro 6 : Les videurs furent énervés car eux même n’étaient jamais arrivé à un tel résultat. Eux n’avaient pas l’occasion de tenter la création.

  6. Hypothèse 57 :Un Picasso, un artiste malgré lui ces œuvres non apprécié juste taquinées, charrié. Alors ce décor idyllique, ce décor matinal au allure de fin de soirée. Pas encore couché, toujours pas au lit l’artiste de rue fait apparaître cet art. Beaucoup vont passé a coté rigolant, lui jetant des regards de dégoût, se faisant des hypothèse sur l’origine de cet flaque d’art.

  7. L’aurore grelottante en robe rose et verte
    S’avançait lentement sur la Leysse déserte,
    Et le vieux Chambéry, en se frottant les yeux,
    Empoignait ses oublis, étudiants matineux.

  8. Hypothèse 100:
    Dans ce kiosque on pourrait danser avec les amants ! On pourrait pleurer avec les ennemis. On pourrait faire disparaitre les malteurs.