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Au 29ème étage, quand mon œil divague, je dépeins veines et vaisseaux.

a) Se perdent de petits groupes, des ruches. Je devine leur destination et retrace leur chemin facilement. Leur formation hasardeuse se plie de temps en temps aux obstacles qu’ils rencontrent. D’épreuve en épreuve, je peux voir se balancer leur sac à dos. Ils se séparent en de plus petites équipes et j’hésite à suivre l’une ou l’autre. Ils avancent vite, ils connaissent le chemin par cœur. Je dois me décider, j’en perdrai inévitablement une. Je suis haut, mon champ de vision est large mais le temps m’est compté : ils disparaitront bientôt. Je comprends vite qu’ils ne courent pas, ils fuient. A l’endroit où ils se sont séparés, se dresse maintenant un grand feu que je n’avais pas encore remarqué. Je suis déçu, ayant manqué quelque chose. M’assurant qu’ils avancent encore, je passe d’un point de vue à l’autre. Je n’entends rien, aimerais entendre. Une large fumée, entre le gris et le noir, forme un bloc qui m’empêche de bien voir ce qui se passe. Ils sont arrivés là où ils voulaient aller, je n’ai pas de réponse et suis en haut. Peut-être les journaux m’informeront d’un accident, en ville, d’une explosion ou d’un délit. J’en saurai plus. Il me tarde demain et de la tâche, sûrement noire, qu’aura formé l’incendie sur ma feuille.

b) Je crois avoir aperçu une manifestation. D’ici, on aurait dit une animation, un programme. La proximité entre les individus, le flot continu et le mouvement de l’avant et l’arrière du peloton formaient en quelque sorte un amas virtuel.

c) Je suis très surpris, j’observe la promenade de ce couple depuis plus d’une heure et elle me semble plus qu’insensée. Je ne connais pas le sentiment de se perdre volontairement et je crois voir qu’aucun lien n’unit plus ces deux personnages que cette volonté. Leur accoutrement et leurs manières me font me dire qu’ils sont certainement ensemble depuis peu, aveugles aux alentours.