#boost #12(2) | chanson pour une gardienne ou rues sans adresse à l’adresse d’une rue

Rue de la sellerie à l’entrée des artistes
après la cage de verre, emprunter l’escalier

Dans sa cage de verre la gardienne connait chanson
les retours donnent le la
ici, maintenant 
La, si, do, fa      

Elle n’aime ni les contrebasses, ni les cors, ni les basses
mais les ténors et Carmen 

C’est la gardienne, c’est elle, rue de la Scellerie qui tient la loge       C’est une ancienne
Elle a tenu un temps un bar, porte de grands anneaux d’oreille
tire ses cheveux en chignon et boit des jus et des coupes

C’est la gardienne, c’est elle, qui préfère les soirs aux matins

Le soir les visages s’écarquillent, l’humeur prend des couleurs de bulles, d’où le surnom : Bubulle

( rue de la Scellerie quand je passerai il pleuvra comme à chaque fois; dès l’entrée des artistes je ralentirai le pas; je te croiserai, ou elle, ou pas; longtemps que je n’aurai plus traversé la ville –tu ne le sais pas? je ne vis plus ici– puis je marcherai jusqu’aux berges laissant la Cathédrale dans mon dos : si bémol do ; je me coulerai au long des quais; je verrai l’arbre à cheveux flotter, j’entendrai voler les guitares et je penserai à toi –de-ci, de-là– qui sait ) 

Tu fais quoi ici aujourd’hui  : Je passe 

Rue de la sellerie je ne fais que passer

Bubulle est morte ça fait quatre ans

Bubulle morte, on a mis un digicode à l’entrée 

À présent on gardienne par demi-journées 

Après la loge, monter
Aux portants pendent des robes sans corps
La méridienne fait tapisserie

Passer la porte de jardin
Voir le chef campé dans ses docks sécurisées
et tous les premiers de matin s’armer d’outils 

La cage de scène est encore nue
Le cadre bée la salle obscure
Les violines et les incarnats fondent à l’ombre des stucs aplatis

Il y a des pendrillons en tas 
Noirs au touché de velours 
Des châssis posés à l’envers

Ce matin on dé-trappe deux rues pour une tranchée scénographique

et le vent va de cour à jardin, il fait des noeuds dans les cheveux

Rue de la Scellerie dans la fosse dès huit heures l’accordeur en pince pour les cordes

A propos de Nathalie Holt

A commencé en peinture, a vécu de théâtre et d’opéra, des années de scénographie plus tard ne photographie pas que son lit, tient son journal en images, écrit et marche chaque jour a publié un peu pour aller au bout d’un geste ( Ils tombaient ) ( Averses) https://www.amazon.fr/stores/author/B09LD7R2KY . Écrit pour lire.

6 commentaires à propos de “#boost #12(2) | chanson pour une gardienne ou rues sans adresse à l’adresse d’une rue”

  1. Quel beau texte, triste aussi, j’aime beaucoup la première partie avec cette gardienne qu’on aurait aimé connaître, et puis le digicode après, affligeant.

    • Merci Clarence (moi j’aurais bien dansé avec elle au « Musette »)

    • Merci Ugo merci .., un texte de trop sans doute , variation d’atelier pour attraper on ne sait jamais une phrase au vol et jeter le trop