autobiographies #01 | dans le cadre

Dire – Autobiographies intérieures #01 / dans le cadre

Autour de la table 1 – salon, salle à manger
Les 3 tables, en U dans le salon qui semble petit d’un seul coup. Entre la table habituelle et les tréteaux posés pour accueillir pour Noël.  
Odeur de dinde. Saumon fumé dont il ne reste que l’assiette de présentation. 
Ta voix profonde s’entend facilement. Elle résonne. Tu racontes quelque chose. 
« Souviens-toi… » 
Rires. Noël en amitié pour ceux qui ne le fêtent pas.


Annonce autour de la table 2
Vous n’êtes pas contents. Je maintiens. 
Tu poses des questions. 
Tu soupires. Je suis catégorique. 
Il faut que … 
Tu dois… 
Fais… 
J’entends. Je n’écoute pas. Je ne sais pas dire pourquoi tes mots ont si peu de sens à ce moment là. Je comprends. plus tard. 

Fait ce que je dis, pas ce que j’ai fait. 

Autour de la table 3
Table. 3 plats, c’est juste les entrées. 
Les foies hachés. Les poivrons grillés. La salade composée. 
Attendre au moins le plat de résistance.  
Filet mignon. Merci, ça sent très bon. 
Pomme de terre au four. Légumes sautés.
Tu manges. avec nous. Un peu de salade. Petite cuillère de foies hachés. morceau de viande, une pomme de terre ou deux. Tu te fatigues. Tu poses des questions. Ta Voix , toute dans un fil d’air, basse. Je t’entends à peine. Ça y est, tu es fatigué. Tout doucement, tu repars.
T’allonger à nouveau dans le canapé.

Dimanche  
Ton retour des brocantes. 2 nouvelles trouvailles. Sur la table basse du salon. Devant la télévision. 
Fer à repriser. brosser, nettoyer, prendre soin, mettre en lumière son étrange beauté du quotidien. gravure de repasseuse. au mur. Reste-t-il de la place, à cette époque, sur nos murs ? Oui bien sûr. toujours.
Oeufs durs, pain brun, rondelles de saucisson ou de mortadelle, jambon, cornichons, concombre malossol fermenté dans le sel, champignons marinés dans le vinaigre, tomates crues en rondelles, rondelles aussi riquiqui de radis, concombre cru, oignons verts, thé, beurre salé.  
Oeufs à la coque. 2 pour moi, merci. Sabine mange le concombre. Je prends les rondelles de tomate. 
Tu décris tes trouvailles. La table en fornica est faite pour 4. 

TV. Canapé brun
Nous sommes sur les nerfs. Dziadek va mourir. Je ne sais pas quand. bientôt. Il est à l’hôpital.
Anesthésie en regardant la télé. ne pas penser. Je ne l’ai jamais trouvé aimable. Je ne sais ce que je ressens. De la douleur ? De la tension ? Du soulagement. De la culpabilité de ne rien ressentir de terrible.
Devant la télévision. Tu me demandes quelque chose. Trois fois. Quatre fois ? 
Tu cries.
Je dis oui, oui. Après. 
Je ne bouge pas. Hypnotisée.
Avec un ciseau. Tu coupes le fil de la télévision. 

Je reste tétanisée : je suis en colère, mais je ne sais pas quoi faire. J’en reste comme deux ronds de flan. Agressée. Attaquée. Dans mon corps.

TV. Canapé brun. 
Tennis. Navratilova contre Steffi Graf. 
Tu expliques. Qui est l’une, qui est l’autre. 
Je suis assise sur le canapé. Avec Sabine.
Tu es sur ton fauteuil brun, à droite du canapé.
Nous restons avec toi une heure, fascinées.  
Tchik. Tchok. Tchik. Tchok. 
Les joueuses poussent des râles en tapant la balle. Elles sont au bout, dernier match, dernier set, dernière balle. A bout. 
Lorsque ça s’arrête, l’une aura gagné. 
Roland-Garros, grand Chelem ? 
Mise en scène du sport.
Tu regardes tous les matchs. Tous les ans.

TV. Clic-clac blanc cassé. 
Tu restes allongé. 
Voix comme un murmure. Souffle au cœur. 
Couverture sur ton corps. maigre. Restreint. Le foot à la télé. Paris / Lyon. 
Je m’assois sur le fauteuil. A droite. 
Elle est à ta gauche. 
Je te parle. Le foot fait du bruit. Je ne m’entends pas. Je ne t’entends pas. 
Je déteste cette télévision allumée qui parle à notre place. 

Transports
J’ai mal au ventre en écrivant.
Le bus roule à plein. Ciel lumineux comme d’été. Mais c’est l’automne. jamais été capable de me concentrer dans les transports.. Lire était impossible. souffrance d’avant. nausée viscérale de la motion, locomotion. Aujourd’hui, lire sur mon téléphone, hypnose de la lumière bleue.