autobiographies #06 | train d’ennuis

Train de nuit Moscou-Saint-Petersbourg, départ en gare de Moscou avant la tombée de la nuit, départ en groupes, désignation des voisins de voyages pour des compartiments de quatre personnes ; entrée dans le train rouge qui est loin d’être express, entrée dans le compartiment aux étroites couchettes ; il fait encore jour, on s’embarque pour un long voyage et on voit les datchas à travers les fenêtres du train, avec des petits jardins luxuriants en ce début de printemps ; c’est donc le printemps et la nuit tombe, les couchettes sont inconfortables ; mal aux pieds à cause du voyage en Russie, pays aux villes géantes et tentaculaires, grandes artères aussi longues que le train de nuit qui s’en va vers la Volga ; voyage légendaire rythmé par le cadencement d’un vieux train qui ne berce pas la nuit, les couchettes sont étroites et dures, il est difficile d’entasser ses bagages dans le compartiment saturé par la présence de quatre personnes qui ne se connaissent pas ; difficile de dormir avec ce cadencement qui ôte le souffle et qui bouscule ce corps dont les pieds sont endoloris par ce voyage en Russie aux cadences infernales ; impossible de dormir dans ce train de nuit qui étouffe, sensation d’étouffement avec la gorge qui enfle et qui picote, les bras et les épaules qui tressautent et les pieds lourds et endoloris par ce voyage en Russie ; vraiment pas possible de dormir entre deux ronflements, on ne voit rien du paysage, il fait évidemment nuit dans ce long train de nuit qui a tout du légendaire tant son cadencement est infernal ; il y a comme une odeur de gasoil qui traîne dans l’air et qui picote les narines et la gorge ; les épaules et les jambes sont toutes endolories, la nuque se raidit, alourdie par le cadencement infernal de ce train de nuit ; compartiments légers pour corps assombris par un voyage de nuit pesant et troublant ; rien à dire, vide de la pensée tant elle est concentrée sur ces maux du corps, ces troubles de la respiration et cette nuit blanche à ne penser à rien ; arrivée au petit matin dans la gare de Petersbourg : il ne s’est rien passé, tout s’est tassé.

A propos de Elise Dellas

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