autobiographies #07 | entre portes

Une porte qui s’ouvre sur des habitudes et qui se referme sur d’autres habitudes. Porte d’entrée que l’on cadenasse une fois le pas de porte franchi. Porte qui s’ouvre sur des habitudes. Vite, jeter les clés dans le tiroir où gisent d’autres clés. Poser son veston et poser son sac dans le salon avec cette porte ouverte en été et refermée sur elle-même en hiver pour ne pas perdre la chaleur du soleil qui frappe sur les carreaux de la fenêtre. Plein sud. Retirer ses chaussures et marcher sur le carrelage, pieds nus, habitude qui fait du bien jusqu’au petit matin.

On se vautre dans le canapé, sale habitude de l’ordinateur, toujours ouvert celui-là vers un ailleurs, comme une fenêtre sur un monde qui ne lui appartient pas. L’important est de surfer sur des vagues montantes et descendantes, flux constant d’informations plus ou moins biaisées. Pas très créatif tout ça. Et on s’en mange, on s’en ingurgite des informations, impassible et devenue impossible habitude qui n’ira plus très loin. C’est l’heure d’aller se coucher.

Retourner sur le pavé, pieds nus, franchir la porte du couloir, toujours ouverte celle-là, puis se rendre aux toilettes, porte toute bête. Monter les escaliers, la porte de la salle de bains est ouverte sur les dernières ablutions de la journée. Se retourner, franchir trois marches et ouvrir la porte de la chambre à coucher, aussi bleue que le ciel pour s’enfermer sur des rêves enchâssés par les habitudes du net pas très net. Pas de lecture mais des livres sur la table de chevet qui attendent qu’on s’occupe d’eux. Se coucher dans le lit, refermer la couette sur soi, dans un entre-soi douillet chauffé par les draps en flanelle toujours prêts à rendre service, ceux-là. La porte de la chambre est depuis longtemps refermée sur son encadrement de bleu du ciel et de blanc. Lumière blanche de la nuit qui se referme sur quelques soucis. On referme la parenthèse, le temps d’un sommeil plein d’entrain et de boutes en train qui viennent réveiller la crapaude au bois dormant qui ne s’éprend plus que de son lit douillet dans lequel elle s’est enfermée. Mais que s’est-il passé pour être ainsi engorgée ?

A propos de Elise Dellas

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